La Recrue du Mois

Jérôme Lafond répond au questionnaire de la Recrue

Nous tenons tout de suite à rassurer notre Recrue qui nous demande « En tant que recrue, de quoi dois-je me méfier? » Aucun collaborateur n'a de connexion louche, ne trempe sa plume dans le fiel ou ne mettra le feu à sa maison. Au contraire, tous apprécient le plaisir de la découverte et l'impression de fouler des sentiers non (ou peu) balisés quand ils accompagnent un nouvel auteur. Notre plus grand plaisir, au fond: le relire lors d'un deuxième opus!

Nous partageons maintenant avec plaisir ses réponses à nos (indiscrètes) questions.

1    Vous publiez votre premier roman. Racontez-nous une autre première fois inoubliable ?

La première fois que j'ai pris l'avion. C'était pour me rendre au Japon afin de lire mes poèmes à l'Institut franco-japonais de Tokyo. Tout un baptême de l'air.

2    À quel moment avez-vous su que vous souhaitiez écrire ?

Au départ, vers l'âge de dix-huit ans, je voulais devenir réalisateur de films. Mais pour ça, il faut de l'équipement; il faut plein de choses que je n'avais pas. J'ai alors choisi un moyen plus économique de m'exprimer et j'ai commencé à pondre des poèmes que je tapais à la machine à écrire. Pourquoi la poésie? Parce que la poésie m'intimidait moins. Je sentais que j'avais le droit d'écrire de la poésie, que j'avais le droit d'être poète en devenir.

3    Avez-vous un rituel d’écriture ?

Oui, j'écris durant la nuit. Je commence à minuit et je termine vers trois heures du matin. Durant le jour, je révise ce que j'ai écrit durant la nuit et c'est ainsi depuis plusieurs années et ce sera ainsi pour encore longtemps. Mais je ne suis pas seul durant mes séances d'écriture, la musique m'accompagne. Pour Brigitte des Colères, mes acolytes étaient Karen Young, The Smiths et Alain Bashung.

4    Avez-vous écrit d’autres types de textes avant de vous tourner vers le roman ?

Certainement, j'ai publié deux recueils de poésie chez Marchand de feuilles.

5    Sur combien de manuscrits avez-vous travaillés avant que ce projet voit le jour ? Comment s’est déroulé le processus d’édition ?

Une vingtaine, peut-être plus. Pour Brigitte des Colères, le processus a été très rapide. J'ai envoyé le manuscrit un lundi et le lundi suivant, l'éditeur acceptait le manuscrit, non sans quelques changements, évidemment. Avec l'aide de Julie Buchinger, j'ai remanié le manuscrit durant environ un mois.

6    Quelques mots sur les critiques ? Vous les lisez ou les ignorez? Elles vous lisent ou vous ignorent ?

Selon moi, les critiques permettent aux livres de se faire connaître du public. Pour mon premier recueil, Poèmes du Wah-wah, deux critiques ont paru dans les journaux et le public a pu ainsi entendre parler du livre, tandis que pour mon second recueil, Buffalo, rien, aucune critique. Avez-vous entendu parler du second recueil de Jérôme Lafond? Non, ni en bien, ni en mal. Un livre qui ne reçoit aucune critique voit sa vie en librairie écourtée et tombe vite dans l'oubli.

7    Quel a été votre premier coup de cœur littéraire ? Est-ce que son auteur vous accompagne encore aujourd’hui ?

L'enfant chargé de songes d'Anne Hébert. La première fois que je lisais un livre sans pouvoir m'arrêter. La première fois que je sentais les personnages d'une histoire s'enraciner en moi. Durant ma lecture, je suis devenu quelqu'un d'autre, plusieurs personnes. L'enfant chargé de songes m'accompagne encore aujourd'hui car je relis toujours les mêmes livres. J'ai aussi des rituels de lecture.

8    Quelle place la littérature québécoise occupe-t-elle dans votre vie de lecteur ? Et la relève littéraire ?

Les poètes québécois me parlent plus que les romanciers, pour l'instant. Et la relève littéraire? J'entends parler de certains auteurs depuis des d'années et ils font toujours partie de la relève. Ça finit quand, la relève?

9    Décririez-vous votre livre comme une chronique d'une certaine jeunesse grunge, un conte ou un cauchemar?

Certainement pas un cauchemar, peut-être une chronique d'une certaine jeunesse grunge. J'aime l'idée que Brigitte des Colères soit un conte. Oui, c'est ça, un conte poétique se déroulant dans les Basses-Laurentides.

Maxime Collins répond au questionnaire de La Recrue

Malgré un horaire chargé, Maxime Collins a accepté de répondre à notre questionnaire, en toute franchise et avec beaucoup de finesse.

1- Vous publiez votre premier roman. Racontez-nous une autre première fois inoubliable?

Il y a tellement de belles premières fois inoubliables dans ma vie que c’est difficile d’en choisir une seule. La première qui me viendrait en tête serait celle de mon saut en parachute en 2001. Une expérience inoubliable qui est difficile à décrire ; l’excitation, la peur, la boule dans la gorge, le trajet de l’avion, sa montée, le fameux « 3…2…1 » et le saut final. Le silence du ciel est ce qui m’aura marqué le plus. On entend bien quelques oiseaux près de la terre, mais quand le parachute s’ouvre, c’est un silence cérémonieux qui nous envahit, cela m’a fait beaucoup réfléchir à la pollution sonore qui existe dans les grandes villes. Là-haut : le calme, la vue et la détente… tout un contraste quand on sait que l’on descend à plus de 200 km/h!

Un autre moment inoubliable s’est passé en 2005, alors que je venais tout juste de partir afin de m’exiler volontairement pour une année en France. J’avais décidé que dès que je posais les pieds en Europe, je prendrais un train pour partir en vacances en Espagne. J’avais encore les derniers mots de mon ex-copain en tête. Un simple : « Je crois en toi » qui m’avais donné la force de combattre ma peur de l’inconnu. Je suis ensuite arrivé dans une petite ville du nom de « Port Bou », car je devais changer de train. Mais comme j’avais quelques heures devant moi avant de « transiter », j’ai décidé de visiter ce coin de pays. C’était époustouflant, comme si la Méditerranée s’ouvrait entre deux rochers, pour moi, simplement pour moi. Je me suis assis dans le sable, j’ai posé mon sac de voyage, j’ai ouvert une bière et je suis resté au soleil à observer ce nouveau paradis.

Sinon, pour moi, ce sont les rencontres qui sont les plus inoubliables. Je dois beaucoup à mon blogue, qui m’a permis de rencontrer des gens extraordinaires (ma première copine, ma relation à trois qui aura duré deux ans, mon premier copain, des amis qui m’ont permis de partir en voyage en Angleterre et en France, des meilleurs amis que je fréquente encore aujourd’hui, etc.)

Patrick Dion répond au questionnaire de La Recrue

1-Vous publiez votre premier roman. Racontez-nous une autre première fois inoubliable?

Elle s'appelait Cindy. Elle était une petite blonde albinos de 12 ans, sans cils ni sourcils. J'avais entendu dire qu'elle pourrait s'intéresser à moi si j'étais déniaisé. Bien assis sur une chaise bancale aux petites vues du vendredi soir, j'ai pris mon courage à deux mains et lui ai envahi l'orifice buccal de ma langue timide. Ça tournait vite, dans ma tête et dans sa bouche. C'était mon premier frenchkiss. Le vendredi, nous nous sommes avoués notre amour réciproque. Le lundi, tout était terminé. Depuis ce jour, le français est devenu ma langue première.

2-À quel moment avez-vous su que vous souhaitiez écrire?

C'est plutôt récent, une dizaine d'années environ. J'ai longtemps cru que j'avais peu de talent pour écrire. Je n'étais pas l'étudiant modèle qui remettait sa copie de dissertation et ses poèmes au prof de français en s'attendant d'obtenir un score démentiel sur sa prose. J'étais d'ailleurs toujours surpris de recevoir un commentaire dithyrambique de mes enseignants. Plusieurs années plus tard, alors que je déposais mes mots sur mon blogue personnel et que mes lecteurs avouait leur amour pour ma plume, j'ai commencé à y croire. Depuis ce temps et au fil des ans, j'ai développé cet amour pour l'écriture. Je peux maintenant dire que c'est l'ouverture de mon blogue qui a déclenché ce envie d'écrire et surtout, d'être lu.

Le questionnaire de la Recrue - Daniel Rondeau

1-Vous publiez votre premier roman. Racontez-nous une autre première fois inoubliable? 

Je me souviens très bien de cette première fois, sous couverture: intrigue usée, personnages mal définis, introduction trop rapide, développement anarchique et conclusion précipitée. Ça se voulait romantique, mais avec le recul, je n'y vois qu'une comédie pathétique. Bref, même pour cette expérience, il m'aurait fallu un éditeur. 

2- À quel moment avez-vous su que vous souhaitiez écrire?  

Quand j'ai compris que je n'étais pas le plus fort, ni le plus rapide, ni le plus beau, ni le plus charismatique, ni le plus drôle, il m'a fallu miser sur autre chose pour me démarquer et cette chose est l'écriture. Mais encore là, ça tenait du désir vague qui ne se manifestait que rarement. Puis il y a dix ans, lors d'une période creuse de ma vie, je me suis mis à prendre des notes. En les relisant, je m'étonnais moi-même d'en trouver quelques unes «pas pires», même avec du recul. Ensuite, quelques amis et moi avons «fondé» un club d'écriture. Un thème par 2 semaines, avec comité de lecture et soupers pour donner nos comptes rendus critiques (une excuse pour boire un verre, en fait...) Un jour, ces amis m'ont demandé: «C'est pour quand la publication?» Plus tard, un autre ami m'a convaincu que j'écrivais bien, que je devrais m'ouvrir un blogue... Visiblement, je suis une vieille pute qui a besoin qu'on lui dise «C'est bon, je t'aime, continue». 

Martin Michaud répond au questionnaire de La Recrue

Avec un humour bien particulier, Martin Michaud a accepté de répondre au questionnaire de La Recrue. Voici ses réponses parfois éclatées.

1-    Vous publiez votre premier roman. Racontez-nous une autre première fois inoubliable ?

La Recrue du Mois, vitrine de la relève littéraire québécoise… C’est la première fois que je me retrouve en vitrine ! Pour tout le mois d’avril en plus… J’ai reloué Mannequin ce week-end (avec la superbe Kim Cattrall avant qu’elle ne verse dans le Botox) et j’espère être capable de tenir tout le mois sans bouger… Ça risque d’être inoubliable !

2-    À quel moment avez-vous su que vous souhaitiez écrire ?

(Voix de stentor, ton solennel, regard mystérieux) : Hum, hum… Chers concitoyens… D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu en moi cette conviction profonde qu’un jour, j’aurais quelque chose à dire.

3-    Avez-vous un rituel d’écriture ?

Oui, j’ai adopté celui de mon alter ego, l’enquêteur Victor Lessard : moitié café, moitié Pepto-Bismol au réveil. Mmm, un délice ! Ensuite, je fais mes exercices : lecture des nouvelles du sport, de couvert à couvert. Enfin, je m’installe à mon ordinateur pour « romancer ».

4-    Avez-vous écrit d’autres types de textes avant de vous tourner vers le roman ?

Bon... Un peu de sérieux… Étant auteur-compositeur-interprète, je suis arrivé à l’écriture par la chanson (quelques pièces du répertoire de mon band, m-jeanne, peuvent être entendues à www.myspace.com/mjeanne). Des textes de chanson, je suis passé à la poésie. Le roman s’est ensuite imposé naturellement comme un véhicule de choix pour me permettre de raconter les histoires qui me hantaient. J’ai à ce jour dans mes tiroirs deux romans, un recueil de nouvelles et un recueil de poésie. Et je travaille présentement sur la deuxième enquête de Lessard, qui sera publiée en 2011.

Jean-Simon DesRochers répond au Questionnaire de la Recrue

1-    Vous publiez votre premier roman. Racontez-nous une autre première fois inoubliable?

La parution de mon premier livre (de la poésie). Je crois avoir gardé une copie près de moi pendant une semaine.

2-    À quel moment avez-vous su que vous souhaitiez écrire?

Je l'ai probablement su vers sept ou huit ans. Je souhaitais alors devenir journaliste. C'est toutefois à quatorze ans que j'ai décidé d'être écrivain.

3-    Avez-vous un rituel d'écriture?

Aucun. J'écris n'importe où dans n'importe quelle condition. Ordinateur, iPod Touch, carnet, post-it, paume de la main. J'ai déjà pris des notes sur un billet de cinq dollars.

4-    Avez-vous écrit d'autres types de textes avant de vous tourner vers le roman?

Plusieurs. Deux livres de poésie, quelques brefs essais, un manifeste, des nouvelles. D'où cette idée de dire écrivain et non romancier ou poète pour décrire mon rapport à l'écriture

Le questionnaire de La Recrue - Olivia Tapiero

Notre Recrue a gentiment accepté de répondre à nos questions, question de mieux la connaître.

1-    Vous publiez votre premier roman. Racontez-nous une autre première fois inoubliable ?

Il est difficile pour moi de replacer un début ou une fin… Ma mémoire ne suit pas d’ordre chronologique, les moments de ma vie se fondent les uns dans les autres, leurs frontières se brouillent, c’est un chaos plutôt agréable !

2-    À quel moment avez-vous su que vous souhaitiez écrire ?

Très jeune, je pense. J’ai commencé à inventer des histoires dès que j’ai su en lire : l’écriture et la lecture restent encore indissociables pour moi.

3-    Avez-vous un rituel d’écriture ?

Je ne peux supporter aucun bruit humain quand j’écris. Entre deux séances de travail, je vais souvent prendre une marche en écoutant de la musique, histoire de faire le vide. J’ai toujours un carnet sur moi : la plupart de mes premiers jets sont écrits à la main, dans des instants volés, le plus souvent dans le métro ! À part ça, mes rituels dépendent du texte sur lequel je travaille. Pour Les Murs, il fallait absolument que je sois placée à côté d’une fenêtre.

4-    Avez-vous écrits d’autres types de textes avant de vous tourner vers le roman ?

J’avais déjà écrit quelques nouvelles, mais je préfère travailler sur des projets plus longs.

5-    Sur combien de manuscrits avez-vous travaillé avant que ce projet voit le jour ? Comment s’est déroulé le processus d’édition ?

Le questionnaire de La Recrue - Danielle Dumais

Notre Recrue a fort gentiment accepté de se prêter au jeu des questions et réponses. Découvrez-la un peu mieux ici.

1-    Vous publiez votre premier roman. Racontez-nous une autre première fois inoubliable ?

Tout de suite me vient à l’idée le jour où je suis allée à Tokyo. C’était en 1985, lors d’un voyage d’affaires. En posant le pied sur le sol du pays, à ma descente d’avion, le sentiment d’avoir atteint un but était très fort. Un sentiment de puissance et d’euphorie, à la fois, que je n’ai jamais ressenti avec autant d’intensité par la suite. C’est que pour la première fois, j’avais conscience que de réaliser un rêve, c’est possible.

2-    À quel moment avez-vous su que vous souhaitiez écrire ?

J’ai souhaité écrire toute jeune, avant même l’adolescence. C’était en lien direct avec ce qui me procurait le plus de plaisir dans la vie, lire.

3-    Avez-vous un rituel d’écriture ?

Mon seul rituel est le silence. Pas un silence absolu, mais un silence des préoccupations. J’écris quand mon monde est en équilibre et que je peux m’adonner à l’écriture dans un état de réceptivité totale à ce qui m’interpelle. Dans cet état, rien n’est refusé aussi bien dans la forme que dans le fond. À ce stade, la censure n’existe pas. Il n’y a que l’appel de la suite de l’histoire. Puis viennent les corrections, les interrogations, les relectures : ceci sert-il l’histoire ? Cela est-il assez bien démontré ? Que ressent mon personnage ? Pourquoi ? De quelle autre manière pourrais-je explorer cette situation ou cette émotion ? Comment faire cette transition, activer le rythme ou le ralentir ?
Parfois aussi, je déroge à tout ça pour suivre l’impulsion. Par exemple, le matin au réveil, des intuitions très fortes me viennent, des phrases entières, des scènes même pour débloquer l’action et j’écoute.
À travers tout ça, il faut gérer les états d’âme, les hésitations, le dialogue infernal entre le « je peux » et le « je ne peux pas ».

Le questionnaire de la Recrue - Françoise Bouffière

Pour sa nouvelle année, l'équipe de la Recrue du mois a pensé à un bref questionnaire qu'elle espère faire parvenir à chacune des Recrues. Le questionnaire contient huit questions standards, une question personnalisée pour l'auteur et une question inversée, c'est-à-dire que l'auteur pose une question à l'équipe.

La première à se prêter au jeu: Françoise Bouffière dont le premier roman, La Louée, est en vedette ce mois-ci.

Bonne lecture!

Le questionnaire de la Recrue

1-      Vous publiez votre premier roman. Racontez-nous une autre première fois inoubliable?

Les premières fois s’agglutinent dans ma mémoire et y fermentent étrangement. Il s’en dégage un gaz qui rend la vie aussi pétillante qu’une bouteille de champagne. Je n’ose pas ouvrir le bouchon!

Un premier roman… l’étrange moment où l’éditeur tend la main au bout du fil. C’est comme le jour où le médecin m’a confirmé ma première grossesse! L’annonce de la venue de mon fils Emmanuel, mon premier-né, mon enfant désiré qui pourtant m’a surpris et bouleversé. Absence totale d’expérience, obligation de se laisser aller à ce qui vient. Faire confiance, suivre le flot de la vie. C’est peut-être ça le bonheur avec sa pointe d’angoisse qui le rend si physique!

Je pense souvent au fait que la mort sera la dernière chose que je ferai pour la première fois. C’est aussi effrayant qu’excitant.