Jérôme Lafond visite les turbulences de l’adolescence par l’insolente et l’insolite Brigitte, 15 ans. Qu’à l’adolescence, l’intérieur s’oppose constamment avec l’extérieur (parents, profs, système) est bien démontrée, et tout au long de la narration, on mesure l’espace, que dis-je, le cratère entre les deux mondes, la façade de l’ado et ce qu’elle vit de l’intérieur. J’ai trouvé le profond décalage entre les deux habilement exposé, convaincant autant qu’amusant.
Au départ, je me suis posé la question « pourquoi « des colères » ? Je la trouvais franchement beaucoup plus étrange que colérique, imprévisible par son imaginaire unique et disjonctée. Pour tout dire, je l’ai trouvée assez étrange pour l’estampiller « être très inquiétant », malgré le ton qui se voulait franchement humoristique. Découvrir par inadvertance la correspondance de ma fille et réaliser qu’elle écrit à un meurtrier qu’elle appelle son amoureux, je l’aurais incitée à libérer son trop-plein d’agressivité en compagnie d’ un psychologue. Mais ça, c’est la réalité et nous sommes dans le fictif, me direz-vous, ce qui m’amène à classer ce roman dans la catégorie « léger ». Et pourtant, cette légèreté sera un moment donné trahie, et j’en resterai perplexe. Je m’interroge aussi comment une jeune fille si frondeuse, si catégorique et si sûre d’elle peut subitement se perdre entièrement dans le sentiment amoureux. Ce sont vraiment, à mon sens, les éléments de la fin qui grincent le plus.
Ce qui m’a également rendu perplexe est ma difficulté à faire la part entre les scènes réelles et celles qu’elle imagine. Je suppose que vous commencez à comprendre que mon intérêt a tiré sa source à étudier cette intempestive, plus que de m’y attacher. J’ai aimé l’expérience de cinéma expérimental entre les amies, c’est la partie qui m’a le plus captivée.
Le style de Jérome Lafond va de l’avent, alerte et léger, convient bien à des thèmes jeunesse, un enchaînement des plus naturel entre les dialogues et le texte descriptif. Je me suis demandé si ce roman intéresserait les jeunes, si jamais il est sélectionné pour le Prix des Collégiens, je serai bien heureuse de lire leurs opinions.
Commentaires