par Mylène Durand
On aime ou on déteste Brigitte. Dès les premières pages, on le sait. Elle n'a pas la langue dans sa poche, Brigitte, et elle est loin de la Brigitte de cette série des années 1950 ou 1960 de Berthe Bernage... Non, cette Brigitte-là, elle est ironique, satirique, cruelle parfois ; elle est vive, drôle, et hypersensible. Un brin trop lucide pour son âge. Elle dit parfois ce qu'on n'aurait pas osé dire à son âge (pour la plupart d'entre nous).
C'est une vraie ado : elle est pleine de frustrations mais cherche l'excitation, elle manque d'expérience mais est très curieuse, elle est parfois déprimée, parfois exaltée, elle a des « difficultés amoureuses imaginaires »... c'est tellement ça ! D'ailleurs, elle a l'imagination totalement, follement débridée, et aime « tout ce qui est bizarre ».
Le récit débute alors que Brigitte nous présente Sainte-Scholastique, savoureusement décrite comme un lieu lointain et arriéré... étrangement inquiétant, se dit-on. Et Brigitte, plantée dans ce désor qu'elle aime et abhorre, vit des hauts et des bas assez intenses. Elle a un côté sombre, Brigitte, un côté, même, violent, elle pense à la mort, est obsédée par l'idée d'un tueur en série qui rôderait dans Sainte-Scholastique... elle est parfois tordue.
L'humour est au rendez-vous dans Brigitte des Colères, un humour grinçant, parfois décapant. J'ai particulièrement apprécié le début du récit, ainsi que toutes les scènes à l'école. Elle est tordante, Brigitte, quand elle s'y met. Le récit est fluide, bien écrit, et crédible. La langue, vive, sied si bien au personnage principal. Malgré quelques longueurs, quelques passages où le souffle se perd, c'est un premier roman réussi, original, qui nous fait plonger entièrement dans l'adolescence, mais pas n'importe laquelle : celle de Brigitte des Colères.
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