La Recrue du Mois

Sylvie St-Jacques de La Presse a lu Brigitte des Colères

La journaliste de La Presse a bien aimé sa lecture malgré quelques maladresses qu'elle souligne.

Non seulement réussit-il à créer un personnage d'adolescente crédible, mais il dépeint l'époque de ses propres années formatrices avec un savoureux souci du détail.

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Jérôme Lafond répond au questionnaire de la Recrue

Nous tenons tout de suite à rassurer notre Recrue qui nous demande « En tant que recrue, de quoi dois-je me méfier? » Aucun collaborateur n'a de connexion louche, ne trempe sa plume dans le fiel ou ne mettra le feu à sa maison. Au contraire, tous apprécient le plaisir de la découverte et l'impression de fouler des sentiers non (ou peu) balisés quand ils accompagnent un nouvel auteur. Notre plus grand plaisir, au fond: le relire lors d'un deuxième opus!

Nous partageons maintenant avec plaisir ses réponses à nos (indiscrètes) questions.

1    Vous publiez votre premier roman. Racontez-nous une autre première fois inoubliable ?

La première fois que j'ai pris l'avion. C'était pour me rendre au Japon afin de lire mes poèmes à l'Institut franco-japonais de Tokyo. Tout un baptême de l'air.

2    À quel moment avez-vous su que vous souhaitiez écrire ?

Au départ, vers l'âge de dix-huit ans, je voulais devenir réalisateur de films. Mais pour ça, il faut de l'équipement; il faut plein de choses que je n'avais pas. J'ai alors choisi un moyen plus économique de m'exprimer et j'ai commencé à pondre des poèmes que je tapais à la machine à écrire. Pourquoi la poésie? Parce que la poésie m'intimidait moins. Je sentais que j'avais le droit d'écrire de la poésie, que j'avais le droit d'être poète en devenir.

3    Avez-vous un rituel d’écriture ?

Oui, j'écris durant la nuit. Je commence à minuit et je termine vers trois heures du matin. Durant le jour, je révise ce que j'ai écrit durant la nuit et c'est ainsi depuis plusieurs années et ce sera ainsi pour encore longtemps. Mais je ne suis pas seul durant mes séances d'écriture, la musique m'accompagne. Pour Brigitte des Colères, mes acolytes étaient Karen Young, The Smiths et Alain Bashung.

4    Avez-vous écrit d’autres types de textes avant de vous tourner vers le roman ?

Certainement, j'ai publié deux recueils de poésie chez Marchand de feuilles.

5    Sur combien de manuscrits avez-vous travaillés avant que ce projet voit le jour ? Comment s’est déroulé le processus d’édition ?

Une vingtaine, peut-être plus. Pour Brigitte des Colères, le processus a été très rapide. J'ai envoyé le manuscrit un lundi et le lundi suivant, l'éditeur acceptait le manuscrit, non sans quelques changements, évidemment. Avec l'aide de Julie Buchinger, j'ai remanié le manuscrit durant environ un mois.

6    Quelques mots sur les critiques ? Vous les lisez ou les ignorez? Elles vous lisent ou vous ignorent ?

Selon moi, les critiques permettent aux livres de se faire connaître du public. Pour mon premier recueil, Poèmes du Wah-wah, deux critiques ont paru dans les journaux et le public a pu ainsi entendre parler du livre, tandis que pour mon second recueil, Buffalo, rien, aucune critique. Avez-vous entendu parler du second recueil de Jérôme Lafond? Non, ni en bien, ni en mal. Un livre qui ne reçoit aucune critique voit sa vie en librairie écourtée et tombe vite dans l'oubli.

7    Quel a été votre premier coup de cœur littéraire ? Est-ce que son auteur vous accompagne encore aujourd’hui ?

L'enfant chargé de songes d'Anne Hébert. La première fois que je lisais un livre sans pouvoir m'arrêter. La première fois que je sentais les personnages d'une histoire s'enraciner en moi. Durant ma lecture, je suis devenu quelqu'un d'autre, plusieurs personnes. L'enfant chargé de songes m'accompagne encore aujourd'hui car je relis toujours les mêmes livres. J'ai aussi des rituels de lecture.

8    Quelle place la littérature québécoise occupe-t-elle dans votre vie de lecteur ? Et la relève littéraire ?

Les poètes québécois me parlent plus que les romanciers, pour l'instant. Et la relève littéraire? J'entends parler de certains auteurs depuis des d'années et ils font toujours partie de la relève. Ça finit quand, la relève?

9    Décririez-vous votre livre comme une chronique d'une certaine jeunesse grunge, un conte ou un cauchemar?

Certainement pas un cauchemar, peut-être une chronique d'une certaine jeunesse grunge. J'aime l'idée que Brigitte des Colères soit un conte. Oui, c'est ça, un conte poétique se déroulant dans les Basses-Laurentides.

Richard Tremblay du blogue L'ermite de Rigaud accorde 6,5/10 à Brigitte des colères

Richard Tremblay justifie sa note en signifiant que malgré une écriture alerte il n'a pas adhéré complètement à l'univers du livre.

Il faut prendre Brigitte des Colères comme une déambulation dans l'imaginaire et les préoccupations d'une adolescente mal dans sa peau, ou, pour dire plus moderne, mal dans son être. Roman promenade. Ce qui explique que plusieurs ficelles ne soient pas nouées à la fin : au premier chef, les meurtres... Le roman est constitué d'anecdotes qui rendent le récit vivant au détriment de sa cohérence interne. C'est comme l'itinéraire d'une abeille qui butine de fleur en fleur sans jamais revenir sur ses pas.

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Éric Paquin de Voir accorde trois étoiles et demi au premier roman de Jérôme Lafond

Le journaliste du Voir considère le premier roman de Jérôme Lafond comme "réussi".

En choisissant cette narratrice adolescente dont la misère existentielle cohabite avec une violente pulsion de mort, Jérôme Lafond reprend une formule qui n'a rien de neuf mais qui permet de poser un regard extérieur, dégagé et ironique sur la société des adultes.

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Notre amie Jules a bien aimé le premier roman de Jérôme Lafond

Notre amie Jules, ancienne membre de l'équipe de rédaction de La Recrue du Mois, a bien aimé le premier roman de Jérôme Lafond.

C'est clair que le personnage est un peu exagéré, mais en même temps je l'ai trouvé très poétique et différent. En pleine lecture, je n'ai pu m'empêcher d'imaginer l'auteur avec des petites cornes sur les bancs d'école et de penser qu'il a certainement fait fâcher quelques professeurs. Il ne peut avoir été un ange et avoir écrit cela??? En tout cas, il a l'imagination fertile, c'est une belle découverte.

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La Recrue du mois d'octobre 2010: Jérôme Lafond - Brigitte des colères

 Ce que l'éditeur dit de l'auteur...

Jérôme Lafond est né en 1977. Il a grandi dans les Basses-Laurentides.

Ce que l'éditeur dit du livre...  

Brigitte, reine des Basses-Laurentides, vit dans un sous-sol à Sainte-Scholastique et rêve tous les soirs, couchée dans son lit capitaine. Brigitte n’est pas une fille comme les autres. Un peu pyromane, très entêtée, elle signe ses examens du nom de Ted Bundy. Elle a de grandes ambitions qui la mèneront loin du matériel agricole, de la chambre à lait et de l’internat. Avec sa copine Karine, elle coproduit un film d’horreur pour son cours Cinéma et société, intitulé Morphosis, et elle rêve d’être une vedette. Les avions atterrissent à Mirabel, alors qu’elle est témoin de plusieurs drames familiaux et qu’elle rencontre un prince charmant qui roule en Volkswagen Rabbit rouillée. Brigitte des colères nous parle du sentiment d’immortalité qui germe chez tous les adolescents et qui meurt rapidement lorsqu’on devient adulte. Un premier roman anti-arcadien qui nous fait comprendre que les champs de maïs mirabellois peuvent réveiller l’imaginaire. Brigitte des colères est un roman dionysien sur l’adolescence. 

Le site de l'éditeur

Trouver le ton

par Lucie

On possède souvent les défauts de ses qualités. Agnès Gruda démontre depuis des années la maîtrise qu’elle a atteinte dans son travail de journaliste : saisir l’élément déclencheur, structurer un texte, transmettre le message de façon directe et précise, interpeller, convaincre, toucher le lecteur. Ces qualités se prêtent-elles à l’univers de la nouvelle? Pas toujours, si l’on se fie à son premier recueil, Onze petites trahisons.

À n’en pas douter, Agnès Gruda sait, avec une précision remarquable, toucher au point de bascule (pour citer le titre d’une de ses nouvelles à la prémisse assez originale). Tapie dans l’ombre, elle attend la chute, le moment charnière, après lequel plus rien ne sera jamais pareil. Elle dissèque, articule, laisse parfois pantoise comme dans Un prénom simple (d’une redoutable efficacité) ou place sous une loupe grossissante comme dans Un collier de perles (à la fois triste et tendre) ou Le jeu des statues (qui m’a rappelé l’atmosphère du film d’Ang Lee The Ice Storm). Dans d’autres cas, pourtant, elle laisse le lecteur sur le pont.

En ouverture de recueil,  L’attente (dans laquelle une femme guette, avec un certain égoïsme, la mort de sa mère) m’a laissée vaguement indifférente et Le regard extérieur m’a paru cousue de fils blancs. La promesse, certes charmante pour tout propriétaire d’animal de compagnie, n’avait pas vraiment sa place ici, ni Pour qui elle se prend, derrière laquelle j’ai beaucoup trop senti la journaliste indignée. (Oui, notre système de santé est perclus de failles, mais pourquoi tenter de défendre cette thèse à l’aide de personnages aussi antipathiques?) Des nouvelles de la haine m’a suffisamment happée par contre pour souhaiter que l’auteure ait tiré du sujet un roman. Dans ce texte plus long, foisonnant, Agnès Gruda démontre qu’elle a du souffle mais surtout qu’elle sait jumeler avec succès petite et grande histoires. Peut-être devrait-elle plutôt fouler cette route lors de son deuxième opus…

Trahir ou ne pas trahir, là est la question

 par Mylène Durand

 

Il nous est arrivé à tous de trahir, d'être trahi, ou pire : s'être trahi soi-même. Il y a là, vous dites-vous peut-être, matière à écrire. C'est ce qu'a fait Agnès Gruda - et d'une main de maître - dans ce premier recueil de nouvelles publié chez Boréal. Elle réussit à mettre en scène de façon toute naturelle ces trahisons qui, parfois, sont effectivement petites ; ou alors, plus importantes, lourdes à porter. Comme celle de Sophie, la narratrice de « L'attente » qui, au chevet de sa mère, fera de percutantes révélations.

Il y a ces moments où l'on hésite ; ceux où tout pourrait changer, où l'on sait que tout va changer. Des instants avortés, qu'on a laissés passer : « Un instant qui ne pouvait plus revenir en arrière, juché au bord d'un geste désormais inéluctable. » Des portes se ferment, s'ouvrent ; on y entre ou pas. Ce sont ces instants-là que Gruda capture - oui, elle les capture - avec sensibilité, acuité, justesse. Et l'écriture est à la hauteur : très juste également, fluide. Onze petites trahisons se lit bien, très bien même, et en même temps, on s'arrête après une nouvelle, pour réfléchir un peu. Question de rester, encore un moment, dans l'atmosphère que l'on vient de quitter, prégnante, crédible.

«Un prénom simple» a particulièrement attiré mon attention : une jeune adolescente se rend à un camp de vacances où elle changera beaucoup... c'est cela, le début de l'adolescence me suis-je dit. On y croit. C'est ocomme le reste du recueil : les personnages sont bien ficelés, ils ont de l'épaisseur, de la densité. Ils sont si humains, terriblement humains : parfois décevants, parfois beaux, touchants, raisonnables ou pas du tout...

Onze petites trahisons est donc à ajouter à votre liste de lectures à venir. Il y a de la maturité dans ces nouvelles, et à la fois une candeur indéniable : « Comment faire pour s'ouvrir sans tomber dans l'obscurité ? »

Tout simplement humains...

Par Caroline

Voici un recueil de 11 nouvelles où dans chacune il est question d’une petite trahison. Qu’il soit question d’une femme qui avait promis à son chien de ne pas le remplacer et qui finalement le remplacera, ou une femme qui refuse d’appeler son frère, qui a toujours été le préféré, au lit de mort de leur mère, l’auteur ne juge pas et nous montre tout simplement ces gens dans toute leur humanité. Elle utilise une écriture simple et pleine de sensibilité qui fait que nous ne pouvons en vouloir aux différents protagonistes, qui sont tout simplement humains.

De grandes trahisons!

Par Julie 

J’ai été profondément étonnée par la beauté de ce recueil de textes. Agnès Gruda a mis beaucoup de sentiments dans chacune de ses histoires. Les émotions sont omniprésentes et sont venues me chercher par le détour, sans avoir à me convaincre vraiment. 11 petites trahisons, c’est la vie telle qu’elle se présente, tout simplement. Parfois douce et paisible, elle se transforme en surprises inattendues. Des surprises qui viennent nous surprendre sans qu’on le veuille et qui gravent notre mémoire à jamais.

L’auteur à du vécu. En effet, c’est ce que l’on découvre en lisant son livre. Même si ces histoires sont de la pure fiction, elle y met des détails justes et précis. Pour décrire la guerre et ses déchirements qu’elle cause dans la vie des habitants, il faut l’avoir vu, entendu et même peut-être vécu. Il faut avoir été présents dans une situation de détresse et voir comment les gens s’en sortent, pour pouvoir raconter avec justesse comment une adolescente se remet d’une tentative d’agression. Des petits ajouts que seul un vécu de journaliste permet de décrire à la perfection.

Un recueil de texte qui m’a plu, d’une auteure qui, je l’espère, poursuivra l’écriture…