1- Vous publiez votre premier roman. Racontez-nous une autre première fois inoubliable?
La parution de mon premier livre (de la poésie). Je crois avoir gardé une copie près de moi pendant une semaine.
2- À quel moment avez-vous su que vous souhaitiez écrire?
Je l'ai probablement su vers sept ou huit ans. Je souhaitais alors devenir journaliste. C'est toutefois à quatorze ans que j'ai décidé d'être écrivain.
3- Avez-vous un rituel d'écriture?
Aucun. J'écris n'importe où dans n'importe quelle condition. Ordinateur, iPod Touch, carnet, post-it, paume de la main. J'ai déjà pris des notes sur un billet de cinq dollars.
4- Avez-vous écrit d'autres types de textes avant de vous tourner vers le roman?
Plusieurs. Deux livres de poésie, quelques brefs essais, un manifeste, des nouvelles. D'où cette idée de dire écrivain et non romancier ou poète pour décrire mon rapport à l'écriture
5- Sur combien de manuscrits avez-vous travaillé avant que ce projet voie le jour? Comment s'est déroulé le processus d'édition?
Un seul. Mais avec plusieurs réécritures. Le processus d'édition du livre a été grandement perturbé par le décès d'un de mes éditeurs, feu Marcel Hébert. Alors que La Canicule des pauvres devait initialement paraître début 2008, je n'ai pu toucher l'objet qu'en septembre 2009. Mais encore, avec un roman d'une telle taille, il fallait s'attendre à un long processus éditorial.
6- Quelques mots sur les critiques? Vous les lisez ou les ignorez? Elles vous lisent ou vous ignorent?
J'aime suivre certains critiques, voir l'évolution de leur perception de la bonne littérature. Celles qui concernent mes livres n'ont toutefois aucun impact sur mon travail. Au contraire de ce que l'ont peut imaginer, les mauvaises critiques sont parfois les plus simples à oublier. Les bonnes peuvent demander un certain effort de concentration.
Concernant le rapport de la critique à mon oeuvre littéraire naissante, j'estime avoir été choyé. Dès le premier livre, les critiques ont analysé mon travail. Dans le cas de La Canicule des pauvres, il s'agit d'une situation médiatique hors du commun.
7- Quel a été votre premier coup de cœur littéraire? Est-ce que son auteur vous accompagne encore aujourd'hui?
Je pourrais la jouer en profondeur et parler de La nausée de Sartre ou de L'Étranger de Camus, mais je serai honnête. Le premier coup de coeur pour moi, ce fut le premier roman dévoré en une journée. C'était L'hôtel New Hampshire de John Irving (ma mère aimait bien cet auteur). Je crois que l'aspect déjanté de cette famille quasi surréelle m'a happé. Pour moi qui étais un adolescent calme et rangé, fils unique d'une mère monoparentale, je plongeais dans un univers inversé. Cela dit, c'est le seul livre de cet auteur qui m'ait tombé sous les yeux. Pourquoi? Je l'ignore.
8- Quelle place la littérature québécoise occupe-t-elle dans votre vie de lecteur? Et la relève littéraire?
Grande place. Mes influences en poésie sont essentiellement québécoises. Mais au-delà d'un concept géopolitique, je suis amateur d'auteurs nord-américains. Carver et l'Oregon, Banks et la Nouvelle-Angleterre, Michael Delisle et Longueuil. Comme si l'américanité formait une manière de poser le regard.
Quant à l'idée de relève, je la rejette en bloc pour les mêmes raisons énoncées dans une lettre publiée dans Le Devoir, en 2004. Un auteur n'en relève pas un autre, il n'y a pas de garde, ou d'avant-garde (pour cela, il faudrait qu'il y ait des regroupements, des projets communs). Les démarches littéraires sont trop fragmentées pour être rassemblées sous un vocable. Je préfère mille fois qu'on me qualifie de jeune écrivain, d'auteur émergent, d'écrivain en début de carrière que de me catégoriser dans un concept aussi retors et désuet que celui de relève.
D'ailleurs, cette lettre au Devoir est toujours disponible en ligne :
http://www.ledevoir.com/non-classe/50217/lettres-ne-m-appelez-jamais-releve
9- Considérez-vous votre roman comme un roman-chorale? Pourquoi avoir choisi de dépeindre autant de personnages différents?
Roman-chorale, oui et non. Une chorale, même dans la musique dodécaphonique, travaille pour un objectif commun, une construction musicale globale. Les personnages de La Canicule des pauvres sont désoeuvrés, fragmentés. Je préfère parler d'un roman dialogique au sens Bakhtinien du terme. Chaque personnage anime un discours qui lui est propre, tout en étant lui même la source d'un dialogue entre le réel et sa perception de la réalité à l'origine de sa conscience.
L'exposition d'un si grand nombre de personnages était, entre autres, un moyen de faire éclater les récits, d'aller là où il est difficilement soupçonnable d'anticiper un parcours. Personne ne peut deviner les fins de La Canicule des pauvres. Et c'est très bien ainsi.
10- Et vous, avez-vous une question pour l'équipe de la Recrue?
À partir de quelles réflexions (ou constat) avez-vous décidé de mettre sur pied le projet de la Recrue du mois?
Ma mémoire est quelque peu défaillante sur ce point. C’est Carole Beaudoin qui a eu l’idée de ce site et qui a regroupé les premiers membres de la Recrue. Carole accordait déjà tout son ‘temps blogue’ à la littérature québécoise et était préoccupée par le peu de visibilité qu’obtenaient généralement les premiers romans à leur sortie. Nous étions dans le sillage du grand succès de Nikolski (de Nicolas Dickner) et donc de la preuve, s’il en fallait une, qu’un premier roman peut être un excellent ouvrage et connaître un grand succès.
Cela fait plaisir de voir qu'on se souvient de moi.
Carole
Rédigé par : Carole Beaudoin | 08 septembre 2010 à 14:16
That Carole Beaudoin, who had the idea for this site and gathered the first members of the Rookie. Carole already gave all his 'blog time' to Quebec literature and was concerned that getting little visibility usually the first novels to their release. We were in the wake of the great success of Nikolski (by Nicolas Dickner) and therefore the evidence, if any were needed, a first novel can be an excellent book and a great success.Yeah,i want to know more about it.
Rédigé par : ffxiv gil | 14 septembre 2010 à 21:48