Dominique Blondeau a beaucoup aimé Le chapeau de Kafka.
Roman habile et subtil, certes, mais surtout intelligent, porté par une écriture constamment en alternance avec le style fluide de Paul Auster, celui plus analytique de Jorge Luis Borges.
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Dominique Blondeau a beaucoup aimé Le chapeau de Kafka.
Roman habile et subtil, certes, mais surtout intelligent, porté par une écriture constamment en alternance avec le style fluide de Paul Auster, celui plus analytique de Jorge Luis Borges.
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par Lucie
Vincent Morin, jeune trentaine, courtier en valeurs mobilière reconnu par ses pairs mais loup solitaire, se libère de ses obligations new-yorkaises et rentre à la maison un jour plus tôt que prévu. Une surprise des plus douloureuses l'attend à son arrivée: sa femme s'éclate dans la chambre conjugale... avec deux amants de passage. Fou de rage, il les tue tous les trois. Le premier chapitre présente l'odieux, le reste du roman nous entraîne dans la psyché du personnage qui passera de la colère au désespoir, de la violence à l'abattement, des certitudes aux questionnements.
Si plusieurs auteurs ont choisi de décortiquer les motivations d'un psychopate, Richard Ste-Marie choisit une voie toute autre dans ce premier roman particulièrement abouti. Il nous livre les interrogations du coupable et nous invite plutôt à nous glisser dans la tête, dans la peau, de cet homme en apparence si ordinaire qui, suite à un aveuglement passager, voit sa vie basculer entièrement. Loin de poser un jugement de valeur sur le geste, Ste-Marie se consacre plutôt sur la suite des événements: nettoyage des lieux, élaboration d'un scénario rocambolesque qui pourrait justifier la découverte des corps, tentatives de poursuivre une vie « normale ». On assiste à un curieux jeu du chat et de la souris, non pas tant entre le policier et le meurtrier qu'entre un homme et sa conscience, qui se pose soudainement (enfin?) des questions essentielles sur ses choix de vie, tant professionnels qu'amoureux.
L'écriture de Richard Ste-Marie est limpide, directe, mais non dépourvue d'images habiles. Le rythme est mené d'une main de maître, sauf peut-être lors de légères digressions pro-littérature ou face à la société dans laquelle nous vivons dans la dernière section (considérations qui auraient pu sembler inspirées et inspirantes dans d'autres circonstances mais qui alourdissent inutilement le propos ici). Jusqu'à la fin pourtant, l'auteur danse une délicieuse valse-hésitation avec nous. La musique cesse, on referme le livre, avalé d'un trait, et on salue la délicatesse avec laquelle on a été mené.
Rédigé à 09:19 dans Commentaires de lecture - Repêchage | Lien permanent | Commentaires (0)
SUZANNE GIGUÈRE
Le Devoir, édition des Samedi 21 et Dimanche 22 février 2009
Sous un zeste d'humour, Patrice Martin lance une pique contre les dédales bureaucratiques du système capitaliste
Fonctionnaire et aujourd'hui politicien -- il est conseiller municipal à la Ville de Gatineau --, Patrice Martin a souvent croisé Kafka dans son milieu de travail. Celui-ci lui a inspiré l'étonnante histoire de P., un employé de bureau modèle. Modèle? Au début du roman, tout au moins. À la manière des maîtres fantastiques, Italo Calvino, Jose Luis Borges et Paul Auster dans sa trilogie new-yorkaise, le romancier nous conduit dans les méandres cérébraux de son personnage dans un astucieux roman dont les multiples récits s'interpellent et s'emboîtent à la façon des poupées gigognes.
Pour lire la suite, c'est ici. Il faut cependant être abonné au Devoir.
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La Recrue du mois de mars 2009: Patrice Martin - Le Chapeau de Kafka
Les références
Rédigé à 11:33 | Lien permanent | Commentaires (0)
Le premier roman de Julie Gravel-Richard qui était notre Recrue du mois d'octobre 2008 est finaliste au Prix littéraire Ville de Québec-Salon international du livre de Québec. Elle partage cet honneur avec deux autres finalistes: Le jugement de Hans-Jurgen Greif paru à L'instant même et Le chemin des brumes de Jacques Côté, paru chez Alire. Le gagnant ou la gagnante sera annoncé à la fin mars ou au début avril et recevra une bourse de 5000$.
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Par Anick Arsenault
À la fin de sa vie, dans sa maison à Baie-Saint-Paul, Blanche attend son train. Elle tient un registre des habitants de son village qu’elle rebaptise et classe par catégorie en fonction de leurs raisons de vivre : répandre la bonne nouvelle, attirer l’attention sur soi, retomber sur ses pieds…
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Certains romans sont écrits pour leur histoire. D’autres sont écrits par pur délire artistique, par esprit contestataire ou révolutionnaire, ou pour faire rire. Le train pour Samarcande, ce n’est pas ça. C’est une réflexion, plus qu’une histoire. C’est une introspection longue, lente et douce, mais ardue ; c’est la vieillesse et la mort qui collent à toutes les pages, on les entend en bruit de fond. Car l’histoire de Blanche, ici, ne sert que de moteur. Elle donne un prétexte, une intention aux réflexions de l’auteure. Blanche est démente (prenez ce mot au sens médical du terme… pardon pour cette malheureuse déformation professionnelle). Elle parle à son mari, modifie ses habitudes, se transforme peu à peu en quelque chose qu’elle n’était pas. Blanche est complètement cohérente, en elle-même. C’est le monde extérieur qui ne la comprend pas. Et c’est peut-être là une grande partie de l’essence du roman. Il y a des choses qui ne peuvent s’expliquer que par soi-même. Car si Blanche est persuadée d’attendre le train qui la ramènera à son Florent, les autres, alentour, se croient plutôt témoins d’un déraillement volontaire… Danielle Trussart possède une grande sensibilité et un style magnifique qui mettent en relief de façon très nuancée les réflexions qu’elle avance. L’écriture est plutôt une envolée d’images denses et poignantes, choisies et travaillées avec soin. C’est certainement la puissance de ces métaphores qui m’a permis de rester dans le train jusqu’à la fin. Car on ne saurait en vouloir à l’auteure d’avoir voulu représenter une réalité aussi insaisissable, mais c’est l’obstacle auquel je me suis heurté. En voulant donner une voix trop juste à Blanche, Danielle Trussart l’a peut-être rendue plus hermétique. J’ai eu bien pitié pour Blanche, pour sa condition, je l’ai regardée couler lentement, mais j’ai difficilement compris ce qu’elle était réellement. Alors je me suis attardé aux réflexions qui transigeaient par elle. Et c’est là que j’ai compris, ou plutôt senti, la force du roman : il nous embarque doucement sur des rails, nous mène à bon port dans une station inconnue qui semble étrangère à notre réalité, mais qui reste manifeste par son existence même. Ce roman nous dit : « Voici une réalité qui vous échappe. N’essayez pas de la saisir, ce n’est pas le moment. Ne faites que l’effleurer du bout des doigts. Un jour, vous comprendrez. »
Rédigé à 11:14 dans Commentaires de lecture - Les Recrues | Lien permanent | Commentaires (2)
par Lucie
Danielle Trussart propose avec ce premier roman une réflexion sur la vieillesse, la solitude, l’oubli. Blanche, la narratrice, se laisse des notes sur les murs et renomme ses voisins mais, avec l’ombre de la faucheuse qui plane dès les premières lignes, on ne peut que se demander dans combien d’années – de mois? – elle disparaîtra du souvenir de ceux qu’elle a fréquentés, de près ou de loin.
L’amorce du roman n’a pas été aisée pour moi, ne m’étant attachée au personnage principal que fort tardivement. Oui, elle va mourir, fait le tri, tant au figuré (dans ses souvenirs) qu'au propre (elle remplit ses boîtes pour simplifier la vie de ses héritiers). Si certains retours en arrière m’ont semblé assez bien rendus (la mort du fils, du mari), d'autres lieux communs m’ont exaspérée (l’évolution du rôle de la femme au cours des âges, la dichotomie un peu simpliste entre la campagne et la ville), tout comme le fait d’intégrer au passé de Blanche des « rencontres » avec Gabrielle Roy, Jean-Paul Lemieux ou Philippe Noiret. Les références littéraires restent néanmoins touchantes. J’ai par exemple apprécié la présence du plan de Paris sur les murs de la vieille dame, qui lui permet de suivre les périples des personnages de ses romans préférés.
Le style est parfois légèrement ampoulé, tantôt fort joliment travaillé. J’ai ainsi lu avec un plaisir entier les passages consacrés à la voisine de Blanche, la femme aux pinceaux (double de l’auteure, elle-même artiste-peintre). Les images suscitées fortes, les descriptions du geste créateur précises et l’émotion qui transparaissait de ces pages saisissantes m’ont remuée de façon bien plus profonde que le reste de l’ouvrage. J’aurais simplement souhaité que tout le roman fût de la même eau.
Rédigé à 09:13 | Lien permanent | Commentaires (3)
Par Julie Gravel-Richard
Blanche fait ses boîtes. Elle les empile, ici et là, dans sa maison vide. Elle jette ses vêtements au lieu de les laver. Elle jette ses tasses sales. Blanche, c’est une vieille femme qui s’apprête à quitter la vie. À prendre son dernier train. Samarcande, c’est la destination qu’elle a choisie. Le lieu n’a pas d’importance. C’est la mort, en définitive.
Le nom du personnage, Blanche, n’est pas dû au hasard. Blanche c’est l’absence, ce qu’on ne voit pas. Qu’on ne voit plus. Car vieillir, voir partir autour de soi les gens qu’on a aimés, n’est-ce pas une façon d’être effacé de la réalité, peu à peu?
Ce roman, un peu long, c’est vrai, emporte le lecteur dans les réflexions d’une femme aux yeux ouverts, aimante. Qui fait le bilan de sa vie, de ses deuils, en parlant à son mari décédé. Ce procédé narratif m’a quelque peu agacée au départ, mais j’ai vite fait de m’y habituer, de me laisser bercer. Plusieurs passages sont particulièrement émouvants et je me suis surprise plus d’une fois à essuyer une larme.
Rédigé à 08:00 dans Commentaires de lecture - Les Recrues | Lien permanent | Commentaires (4)
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