Mon triste plan se mettant en marche, le petit en moi s’allongeant dans mon esprit, Yéhouda mettait sans cesse son oreille sur mon nombril. Il serait un père exécrable. Je savais qu’il était trop puéril pour s’occuper de qui que ce soit. Il n’avait d’ailleurs jamais réussi à bien prendre soin de moi : il me quittait à perpétuité, me jetait sans pitié. Puis il revenait si souvent que je me mettais à vomir dès que j’entendais sa voix après une millième absence. En y réfléchissant bien, faire des enfants morts était la meilleure façon de couper des liens. Avec Haïthem aussi, cela avait bien fonctionné. Mais Yéhouda, étrangement, me suppliait sans cesse de le garder en moi. Il était mignon, au fond.
Entre ses trois hommes – Père, le placier de sa vie Haïthem le fiancé disparu et Yéhouda, sa nouvelle convoitise -, Neffeli cherche un enfant qui sort constamment de sa vie. Que verra-t-elle par le judas de la chair, lorsque Yéhouda, le garçon hassidique, retirera son sthreimel et ses habits séculaires? Fans le duel qui s’engage entre eux s’installeront, comme une fièvre rémittente, les règles douloureuses d’un conte cruel.
Réf. : Judas, Tassia Trifiatis. Éditions Leméac, 2007, 141 pages, ISBN : 978-2-7609-3287-6.
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