Le dimanche 09 septembre 2007
Dans le ring avec Simon Girard
Valérie Gaudreau
Le Soleil
Collaboration spéciale
Québec
Chaque rentrée littéraire est faite des mêmes attentes : celle du retour de valeurs sûres et d’espoir de découvertes. Cette année, la découverte est arrivée comme un coup de poing et ça s’appelle Dawson Kid, de Simon Girard. Inconnu jusqu’ici, ce Montréalais de 28 ans marque des points dès le premier round avec ce premier roman qui nous présente Rose Bourassa, 20 ans, une danseuse nue qui largue tout pour voir aller voir ailleurs si elle y est. Mais elle ne va pas très loin : le métro, son appartement, la lecture et la solitude comme seuls refuges. Traînant les blessures d’une enfant battue et abusée dès l’âge de sept ans, Rose est déjà vieille.
Elle est maganée, la jeune Rose, et au moment où se produit la tuerie du Collège Dawson, à laquelle le titre du roman fait allusion, elle se dit qu’elle aurait peut-être bien pu, elle aussi, être un « petit garçon mal grandi » qui a fini par crier sa rage au bout d’un fusil. Le suicide ? Rose y a pensé, mais en attendant, elle laisse une chance au destin et son envie de frapper un grand coup, elle l’exprimera au sens propre, en devenant boxeuse. Mieux, « cogneuse », c’est encore plus fort. Et violent. Aidée d’un coach aussi énigmatique que bienveillant « qui lui enfonce ses gants comme une mère met sa tuque à un enfant », Rose criera toute sa souffrance avec ses poings, son cœur et ses larmes. Ses poings, et son cœur, Simon Girard les a visiblement sortis aussi pour écrire ce roman intense, touchant et vif qui démontre une formidable capacité à décrire les émotions de cette jeune femme déboussolée. Malgré le nom du personnage, rien n’est très rose dans Dawson Kid, mais en sortant du ring, un peu sonné, on se dit que le combat en aura valu la peine. On a déjà hâte au deuxième round.
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