Elle est sortie de ma vie sans trop faire de bruit. On me chuchotait à l'oreille et je ne l'ai pas entendue partir. Trop faible déjà elle avait perdu le goût de claquer les portes. Elle me revient parfois et on s'observe par l'oeil aveugle de notre intimité. Je ne la laisserai plus rentrer avant qu'assez d'amour ait placardé ma vie pour qu'elle n'y soit qu'un agréable accessoire.
Réponse à Charles. En fait réponse à ce que la lecture du texte de Charles m'a inspiré.
Des hommes qui surfent sur toi comme sur les vagues des océans à tarir. Des hommes qui te bouffent comme s'ils t'auscultaient, vétérinaires de l'intime. Des hommes qui te prennent dans les cages d'escalier. Des hommes qui te prennent sur les bureaux des patrons absents. Des hommes qui te prennent sur les bureaux des patrons absents pendant que la conjointe préside une réunion dans la pièce d'à côté.
Des hommes qui ne bandent pas dans le fond des bouteilles. Souvenirs stroboscopiques, jeunesses éthyliques, un sexe dans ma bouche, un sexe mou sous les flashs du sommeil impossible. Des hommes qui ne viennent pas et qui te disent «Ne t'en fais pas!». Des hommes qui viennent comme des métronomes, préférablement dans tes cheveux. Des hommes qui ne te font pas jouir et tu dis «Ne t'en fais pas!». Des hommes qui ne se rendent pas compte que tu fais semblant. Des hommes qui ne se rendent pas compte que tu ne fais même plus semblant. Des hommes qui ne se rendent pas compte que sucer c'est épuisant au bout d'un moment. Des hommes qui pensent vraiment qu'un trip à trois c'était le meilleur cadeau d'anniversaire. Des femmes superbes avec qui tu voudrais soudain être seule. Des hommes encombrants.
Des hommes de vingt ans qui bandent cinq fois mais ne font que se masturber en toi. Des hommes plus vieux qui disent dans l'oreille «Il y a des années que je n'avais plus bandé comme ça... ». Des hommes qui lisent le désir dans tes yeux et savent quand embrayer. Des hommes qui comprennent rien aussi, ça j'en ai connu plein.
Des hommes qui disent «T'es belle!» en te tirant les cheveux juste avant de te traiter de pute. Des hommes qui te traitent de pute et qui oublient de marquer la fin du jeu. Des hommes qui disent «T'es belle quand même!». Des hommes qui disent «T'es la baise du siècle!» et qui attendent que tu dises «Merci!». Des hommes qui ne comprennent pas que t'as rien fait d'autre qu'ouvrir les jambes. Des hommes qui n'ont pas compris que ce qui fait du bien dans l'instant tue parfois dans l'avenir. Des hommes qui te prennent sans capote. Se faire mettre en pensant «T'es conne, t'es conne, t'es conne.» Des hommes qui se contentent des petites connes qui ont trop besoin d'amour pour exiger un minimum. Des hommes sans exigence. Des hommes qui voient pas que tu jouis tout croche, pas dans ton corps mais dans ta tête. Qui ne semblent pas voir que tu pourrais en crever.
Se retrouver en abstinence. Et soudain faire le ménage dans tous ces hommes à la fois un et multiple qui sont passés. Ceux qui t'ont laissée sur les trottoirs, dans les aéroports. Ceux qui auraient voulu rester mais que t'as chassés à grands coups de pied. Ceux qui t'ennuyais tellement que pour passer le temps tu les laissais te baiser, ceux que tu aimais tellement que tu t'es fermée à clé.
Découvrir des hommes nouveaux, se peupler de nouveaux fantasmes. Des hommes-ailleurs. Des hommes-regard. Des hommes-respect. Des hommes-fou rire. Des hommes-désir. Se perdre dans le vide et renaître. Des hommes qui me serrent dans leurs bras comme si j'étais un cadeau de la vie. Des hommes qui glissent les doigts sur les peaux indiscrètes. Des hommes qui rougissent quand leur regard se perdent dans mon décolleté. Des hommes que je fais rire. Des hommes qui sentent bon. Des hommes à qui je donne le droit de m'aimer.
Elle est sortie la violence, sans même claquer la porte. J'avais les yeux perdus dans les mers de mes nouveaux continents. Ils sont partis mes fantômes, avec eux la jouissance cérébrale, celle qui vient du miroir du mépris. Se faire cracher au visage c'est une autre façon se s'auto-flageller. Entre se faire prendre comme une pute, se mutiler ou sniffer une ligne, il y a peu de différence. Ce n'est que du mépris en comprimés. Le sexe peut être une arme très raffinée.
En septembre dernier, Zuda mon double, la blogueuse masquée écrivait: «L'homme qui sait faire jouir mon corps sans me traîner vers l'interdit de la violence... il est beaucoup trop puissant... Névrosée...»
Névrose éliminée. La violence est sortie. Je retrouve mon corps dans le détour d'un miroir de minuit. Je découvre l'envie de jouir vrai sans putasserie. J'aime comme jamais l'odeur de mes plaisirs célibataires. J'ai envie de jouir entre mes mains, entre les tiennes, contre ton coeur, sans nécessairement parler d'amour mais dans l'échange. J'ai trouvé l'Eden, quelque part entre mes rêves de princesse puérile et mon jeu de pute insensible.
Une femme libérée ça s'ouvre les jambes avec plaisir, sans pugnacité. Ça s'ouvre les jambes en riant, ça fait l'amour en partage, et ça arrête de tout conjuguer en 'se faire baiser'. Une femme libérée ça n'a pas besoin de se faire traiter de pute pour décoller. Une femme libérée ça sait accueillir vos caresses sans les transformer en arme de destruction massive. Une femme renaissance...
Pan ! toi.
Parce que tout ça me laisse pantois. J'ai vraiment déclenché quelque chose là-dedans, moi ? Ouffffff ! Sans doute simplement la petite once de courage que tu attendais pour le publier.. Sentant quand même ici des échos directs au texte que j'ai écrit, je désire préciser (inutilement peut-être) que mon JE tient des propos qui dépassent complètement ma juste mesure. Exploration plus qu'inventaire, je colorie en dépassant.
On sent le cathartique, la puissance de la conviction (du doute viré dans tous les sens?), j'aime ce que tu dis, et comment tu le dis, Catherine.
Les pendules sont à l'heure. Mon bazar fonctionne droit, subitement.
;o)
Rédigé par : chArlespArle | mai 20, 2005 à 12:12 AM
Bien sûr Charles, je me doutais que ton 'Je' était tout autre... tu as la force des vrais auteurs, une force de transcendance... sublime. Un talent immense.
Mais bon tu fais bien de le préciser quand même... pour ceux qui seraient tentés d'établir un lien directe entre nos deux textes. Ton texte a juste allumé l'étincelle, mis en corps ma prise de conscience.
Et donc déclenché ma propre écriture, qui a un Je bien plus narcissique que le tien ;o).
Rédigé par : Catherine | mai 20, 2005 à 12:18 AM
un Je bien plus narcissique que le sien, mais dans lequel beaucoup de femmes pourront malgré tout se reconnaitre.
;)
Rédigé par : laurence | mai 20, 2005 à 01:58 AM
Catherine, ce texte TUE!
Tu m'as cloué le bec.
Rédigé par : La Souris | mai 20, 2005 à 06:42 AM
Je suis sidéré. Vous avez écrit deux textes monumentaux. Les mots me manquent.
Envoyez-les, les deux, n'importe où, quelque part, dans un magazine littéraire, dans un journal?
Rédigé par : Robin | mai 20, 2005 à 10:02 AM
Ou à CISM ????????? Stie ça torche vraiment votre affaire !
Rédigé par : Patrick | mai 20, 2005 à 10:08 AM
J'étais certaine que tu me ferais ça Pat... en l'écrivant je me suis dit «Tiens, y'a quelqu'un qui va être content de voir le trash revenir...». C'est un long un peu non? (Je cherche des prétextes-là...) Écoute, je vais le retravailler, on en reparle...?
Rédigé par : Catherine | mai 20, 2005 à 10:17 AM
Catherine, il y a des longueurs qui sont courtes. Ce texte en est une. Magnifique, poignant, extraordinaire.
Rédigé par : Mamathilde | mai 20, 2005 à 01:03 PM
Touche à rien !
Rédigé par : Patrick | mai 20, 2005 à 02:42 PM
ok, ok, je touche à rien! (J'ai changé ici et là des mots qui se dédoublaient... mais pour l'essentiel, je pense que c'est un texte fini.). Et ma foi il est pas mal!
Rédigé par : Catherine | mai 20, 2005 à 02:50 PM
Touché!!
-Des hommes doux à jeter dehors pour se flatter d'indépendance.
Des salauds à préférer aux autres pour oublier dans la douleur que ce n'est pas ça qu'on cherche.
Des hommes à giffler, des hommes à mourir de rire, à s'écrouler sur soi, à s'enfermer dans sa solitude. Des hommes à rêver et à laisser se dissoudre dans l'aube.
Des masques d'hommes à enlever de sa face.
Des hommes à conserver, à prendre comme un secret, à loger précieusement en son ventre. À fuir à tout prix avec ce qu'ils ont de meilleur.
...
Des hommes qui ne sont même pas des hommes. Qui ne savent pas ce que c'est, en pensant qu'ils ne savent pas ce que c'est qu'une femme.
Des hommes. Un homme.
... ...
Merci Catherine...
Rédigé par : utopiaque | mai 20, 2005 à 03:22 PM
Un arrière goût de…. qui met mal à l’aise.
Ce n’est pas le sexe qui m’offusque, l’amour physique est généreux et agréable même si ce n’est qu’un bon repas gastronomique sans suite.
Ce qui me gène c’est le mépris pour le passé et les passades.
Il n’y a pas de renaissance, nous nous construisons avec les expériences.
Ce n'est pas une critique du texte juste mon sentiment sur le contenu
Rédigé par : Caféine | mai 20, 2005 à 04:12 PM
Que dire? sinon ouf.
Rédigé par : Daniel Rondeau | mai 20, 2005 à 04:20 PM
«Mépris pour le passé et les passades», non, pas du tout. Ce texte n'a rien de moral! Au contraire... Sauf que «l'amour physique» n'est pas toujours généreux et agréable. Le texte dit ça, justement. Je suis désolée que ça vous ait échappé. C'est écrit «Le sexe peut être une arme très raffinée.» Je ne vois pas en quoi je peux être plus clair. J'en ai marre de me faire dire que parce qu'il y a plaisir il n'y a pas de problème. Le sexe tu peux en jouir et en mourir dans le même mouvement, tant mieux pour ceux qui ne savent pas de quoi je parle.
Et oui des fois on renaît, puisque des fois on meurt. Et renaître ça ne veut pas dire renier son passé. S'il y a quelqu'un qui ne renie pas son passé c'est bien moi, sauf qu'apprendre à aimer, apprendre à s'aimer, c'est renaître.
Rédigé par : Catherine | mai 20, 2005 à 04:23 PM
Quel bel écho !
Ces deux textes séparément sont porteurs d'une charge monstrueuse, d'humanité, de dégoût de l'humanité, d'amour de l'humanité.
Et mis en parallèle... Ah !
Rédigé par : Melie | mai 20, 2005 à 04:29 PM
Et justement apprendre à s'aimer ça va avec 'apprendre à aimer son passé' même quand on a tout fait pour essayer de le polluer...
Rédigé par : Catherine | mai 20, 2005 à 04:29 PM
(et je fais ici la même demande que chez Charles, bien entendu)
Rédigé par : Melie | mai 20, 2005 à 04:29 PM
Pas de problème Mélie...
Rédigé par : Catherine | mai 20, 2005 à 04:37 PM
Bon ok, il peut y avoir des rattages de type mac do , ou des illusions et hop demi tour parceque ce n'est pas la bonne moitié d'orange :o)
Mais , il y a trop là et peut être parceque je n'ai pas mon ressentit comme toi
Bon en plaisantant il me manque quand même les photos des bonhommes associés .
Si j'arrivais à trouver des modèles je me ferais un plaisir de te photographier ça
Rédigé par : Caféine | mai 20, 2005 à 04:57 PM
ah, au juste, ton texte à une force, et c'est le pourquoi de ma réaction.
parceque chacun et chacune peut se sentir concerné.
Un texte qui ne laisse pas insensible c'est super
Rédigé par : Caféine | mai 20, 2005 à 05:10 PM
waou!
Tu as accouché d'un "beau" (je trouve pas le mot, alors je met beau) texte. Meme demande que Mélie et meme supplique que Robin!
Et s'il te plait, continue, tu es douée.
Rédigé par : seb | mai 21, 2005 à 11:26 AM
Merci Seb demande accordée... pour la supplique il semblerait que ça va se passer quelque part à CISM ;o).
Rédigé par : Catherine | mai 21, 2005 à 11:31 AM
Et bien... je dirai pas mieux que Mélie, bel écho... beau parallèle entre les deux textes...
Il va maintenant falloir que je visite le reste du site car tout cela m'interpelle...
J'M.
Rédigé par : Justine Miso. | mai 22, 2005 à 08:10 AM
Je suis venue jusqu'ici en suivant les traces de mélie, j'y reviendrai sans hésitation. Ce texte ne m'a pas tuée, il m'a fait revivre!
à bientôt
Rédigé par : Marie dorléan | mai 22, 2005 à 11:15 AM
Etrange combien j'ai entendu. Etrange combien j'ai compris. Il doit y avoir autant d'échos qu'il existe de femmes. Le mien résonne encore.
Rédigé par : Hémisphère M | mai 22, 2005 à 05:37 PM