J'ai voulu cesser depuis quelques temps d'étaler mes états d'âme sur Facebook, c'est que la chose est devenue aussi un outil de réseautage professionnel... Le problème c'est que lorsque je cherche à moins me raconter sur une plateforme, je m'étale sur une autre. Comme une foule trop importante qui, lorsque la porte de droite est bloquée, se dirige spontanément vers celle de gauche.
C'est quoi ce besoin, ce besoin de se raconter au quotidien? Se raconter même dans le banal?
J'ai eu très envie plus tôt ce soir d'écrire sur Facebook ou sur Twitter "Qui est en train de monter une bibliothèque toute seule à 11h30 du soir? Qui à votre avis?". J'ai eu très très envie vraiment! Une pulsion que j'ai freiné en essuyant une petite écume de frustration.
Je reviens de voir Howl, le film qui trace le portrait des premières années de carrière d'Allen Ginsberg. Poursuivi pour obscénité, l'éditeur de Howl gagnera son procès. Le juge, pourtant conservateur, sera clair: on ne peut pas imposer à un auteur une vision du monde standardisée, la liberté de parole et de presse est à ce prix.
Le film m'oblige à faire un lien avec deux débats de l'actualité culturelle. D'une part, la sempiternelle question de la qualité du français dans nos médias s'en prend maintenant à... Xavier Dolan. Ce qui est plutôt rigolo considérant que ça doit bien être la première fois de sa vie que plutôt que de se faire traiter de snob, Xavier Dolan se fait dire qu'il participe à la déliquescence du français! Bien entendu, ce n'est pas moi qui va réduire l'importance de la survie du français... Mais il me semble qu'il y a une distinction à faire entre la qualité du français qui se parle ou s'écrit par les communicateurs professionnels... et celle qui se parle dans une oeuvre artistique.
Non seulement je crois qu'un artiste fait ce qu'il veut de la langue, mais je crois qu'il est carrément impropre d'imposer à des artistes des combats sociopolitiques. Là où les artistes se gourent parfois, c'est quand ils se réclament d'une individualité créatrice qui ne serait pas en lien avec la société. Combien de fois on entend "Je ne défends pas de point de vue sur la société", "Mon propos n'est pas politique", "Je ne parle que pour moi-même", etc. Parler AU NOM de soi, d'accord, mais si vous ne voulez parler qu'à vous-mêmes, épargnez-vous (et nous!) la parole publique. La première chose qu'on apprend en science politique... c'est que tout est politique. À plus forte raison une parole créatrice portée par une diffusion publique. Vous ne vous intéressez peut-être pas à la société, mais elle est en vous, elle vous conditionne et vous la conditionner aussi.
Le paradoxe de l'artiste c'est d'être à la fois le miroir de la société (les hipsters de Xavier Dolan parle la langue des hipsters de Montréal)... mais aussi performateur, créateur, sculpteur de société. C'est une question de cohérence. Une nécessité de s'assumer. (Je ne doute pas que Xavier Dolan s'assume dans ces choix artistiques! De toute façon, il est mieux de s'y faire, je gage qu'il gagnera aussi un prix Cendrier des ayatollahs de la non-fumée!)
L'autre sujet de l'heure, c'est évidemment le débat soulevé par le dernier gala de l'ADISQ dont ont déjà bien parlé certains chroniqueurs (dont Marc Cassivi et David Desjardins). Je fais le lien avec Howl parce que lors de sa plaidoirie, le procureur, à bout d'arguments, finit par admettre qu'il y a peut-être un intérêt littéraire pour les spécialistes dans le texte de Ginsberg... mais que vaut cette validation si le commun des mortels, le peuple, la masse, n'y comprend rien! Le procureur, pour illustrer son propos, se donne lui-même en exemple: il n'a pas vraiment compris. Pour lui, c'est le regard du citoyen moyen qui devrait évaluer la pertinence d'une oeuvre.
Il y a dans cet argument ce que j'ai longtemps appelé du snobisme inversé: si je n'ai pas compris, moi qui parle au nom du peuple, c'est qu'il n'y a rien à comprendre. Il y a dans cet argument la matrice autour de laquelle s'organise tout ce débat autour de l'ADISQ, cette polarisation entre la masse et les snobs, le vrai monde et nous autres.
Ce qui est sous-entendu par les "experts" appelés à la barre dans le film c'est un argument simple, un argument qui fonde l'art: "Non, monsieur le procureur, moi non plus je n'ai pas tout compris. Mais ça ne m'a pas empêché d'être bouleversé."
Ce que les méprisants qui se posent en porte-parole des masses (pour mieux mépriser à leur tour) n'ont pas compris c'est qu'on ne fait pas semblant de comprendre la musique savante, la danse contemporaine, l'art abstrait, la poésie moderne, juste pour faire cool. Non! On ne fait pas semblant: on se contente de ne pas tout comprendre.
La parole artistique n'a pas à se fondre dans le moule d'un ayatollah, ni non plus dans celui d'un confort de masse. Elle est libre.
Et quand on choisit de l'entendre, chaque jour, chaque putain de jour, elle change nos vies. L'art ne peut, ne doit être qu'à ce prix.
Quand le dernier Pierre Lapointe est sorti, je l'ai eu plusieurs jours avant tout le monde. C'est que je me suis arrêtée chez mon disquaire pour faire le plein et en arrivant à la caisse j'ai demandé quand le disque sortirait. Mon disquaire m'a avoué qu'il y en avait pour 4 ou 5 jours encore, mais en échange de mon silence il est allé me chercher une copie à l'arrière.
Je me rappelle aussi que quand je devais étudier des textes de Jean-Pierre Ferland, je n'arrivais pas à mettre la main sur le disque Les Vierges du Québec. Quand j'en ai parlé à mon disquaire, il n'a rien pu y faire... jusqu'à ce que son regard s'illumine. "Tu sais quoi, je pense que je l'ai en vinyle." 10$ et aujourd'hui j'ai une copie vinyle de cette pochette blanche et bleue inoubliable. On disque qui ne m'aura servi à rien d'autres qu'apprendre le texte de "Simone est aux hommes" par coeur (c'est déjà pas mal).
Mon disquaire, c'est un peu comme mon libraire. J'apprends à le connaître. Je le laisse me parler à la caisse, parce qu'il me parle vrai. J'ose des questions et des commentaires. Il me parle de ce qu'il connaît, de ce que nous voulons partager.
Nous savons que ces commerces sont en danger et pourtant... Comme pour d'autres dangers, nous laissons la facilité nous gagner. Nous n'allons pas dans la petite librairie de peur de ne pas trouver ce que l'on cherche, reléguant aux oubliettes l'idée même de commander. Nous préférons les grandes chaînes pour sauver 2 ou 3 $ et nous préférons que la suggestions soit un collant sur un livre qu'une conversation. Et puis pour être honnête, souvent nous préférons une chanson à tout un disque. Parce que quand on entend une bonne chanson d'un artiste inconnu, on a plus envie de s'en sculpter un vers d'oreille que d'entendre l'ensemble de l'oeuvre.
Les commerces à taille humaine vont mourir et nous en serons les premiers responsables. Par paresse, par aveuglement, par désintérêt. Depuis quatre ans maintenant, j'ai fait de cette cause mon combat à moi. Pour sauver des espaces d'échanges, des espaces publics de culture.
Le 1er septembre, L'Avant-Gardisque va mourir. J'aurai des souvenirs de ce magasin un peu bric-à-brac mais chaleureux. Des souvenirs personnalisés. L'Avant-Gardisque va mourir et ce ne sera pas ma faute. Parce que même rendue à Ottawa j'attendais de passer à Montréal pour m'y arrêter faire le plein de musique.
Nous sommes finalement très possessifs avec nos morts. Charognards.
Page un. Première phrase d'un manuscrit qui dort là depuis longtemps. Il ne dort pas, il est en gestation.
C'est la première phrase depuis longtemps. L'an deux peut-être de cette grossesse qui aura pris plus de cinq ans.
Je pense à cette phrase sans arrêt depuis le début de l'année. La catastrophe haïtienne la ravive. Je nous vois aller, moi la première, à chercher à mettre des visages sur notre désarroi. À nous trouver une bonne, une vraie raison de souffrir.
Chaque Haïtien de Montréal qui est interrogé dans les médias est appelé à nous déballer la liste de ceux qu'il a perdu. Comme si on gagnait son accès à la douleur en nombre de morts. Je me rappelle du même réflexe au 11 septembre: les micros qui sillonnent les rues à la recherche de ceux qui souffrent pour de vrai-vrai. Pas juste pour de faux.
Lorsqu’une catastrophe nous frappe, il est assez satisfaisant d’avoir connu quelqu’un qui n’en est pas revenu. Quand le drame passe sans nous écorcher, on sait très bien se tricoter une filiation, se le réinventer. Comme si la proximité donnait un droit étendu à la douleur. Comme si l’exutoire exigeait une passe VIP, un deuil sélect. Une porte d’entrée pour la culpabilité.
C'est horriblement cynique quand je me relis. Cynique, vraiment? Ou freudien peut-être. Je ne blâme personne, je nous constate seulement, je nous épie à vouloir, malgré nous, peser le poids des souffrances.
Quand Stanley Péan se surprend d'une lettre ouverte qui veut le faire taire, je hausse les épaules. Parce que j'attendais ce moment inévitable, ce moment où des Ayatollahs se donneraient le droit de nous dire, de leur hauteur, qui connaît Haïti, qui aime assez Haïti, qui a le droit de parler.
Bah moi vous voyez je ne suis jamais allée à Haïti (j'y ai tout juste envoyé une colombe en carton), et puis je suis blanche comme un hiver, et puis je ne parle pas créole même si je trouve que c'est la plus belle langue du monde. Et puis je ne connais personne qui est mort en Haïti. J'ai eu chaud deux heures pour la rousse Chantal, j'ai eu chaud deux jours pour une femme que je ne connais ni d'Ève ni d'Adam, mais de ses mots si beaux.
Et puis j'ai mal tout de même. J'ai mal dans ma chaire blanche neige. Et puis je suis citoyenne, alors j'ai des opinions de citoyenne sur ce que mon pays doit faire dans tout ça. Et je suis politologue, alors j'ai des opinions de politologue sur certaines changements dont je rêve. Et puis je suis féministe, et j'ai des inquiétudes toutes particulières pour les femmes de là-bas. Et je suis une grande lectrice, et j'ai eu peur, vraiment, au fond de mon ventre, que Lyonel Trouillot n'en revienne pas. Vraiment.
Il y a toujours, quelque part, des charognards qui inventent des règles à la douleur, des poids et des mesures pour mettre la mort en pot. Pour nous en calculer les accès et nous contrôler à la porte.
J'ai été longue à réagir. Au sens stricte d'abord. Sans télé, sans accès radio, dans ma vie de transition qui ressemble à du camping de riche, je suis déconnectée des médias traditionnels. C'est Facebook qui m'apprend les choses.
Et puis cette vie me brasse entre des extrêmes émotifs ces jours-ci. De grandes joies, de belles complicités, un rythme d'enfer... et un moment de suspension...
Port-au-Prince s'effondre. Le port du créole, la plus belle langue du monde. Qui s'effondre. Ce peuple qui n'en peut plus d'en plus pouvoir... s'effondre encore.
*****
(Quand j'étais enfant, je connaissais un médecin qui travaillait dans un dispensaire haïtien. Un jour je lui ai découpé une colombe pour qu'il la colle sur la mur de son dispensaire. Je me suis souvent demandé si ma colombe s'était rendue. En tout cas, chose sûre, elle ne semblait pas trop aider. Et j'ai su que le médecin avait quitté son dispensaire pour une pratique privée. Et j'ai arrêté de croire aux oiseaux.)
*****
Port-au-Prince s'effondre, et je m'inquiète, donc, comme tout le monde. Pour tous et pour ceux qui ont des visages.
Inquiète pour Chantal Guy. Saine et sauve. Ensuite inquiète pour mes vedettes. Dany Laferrière va bien, Lyonel Trouillot aussi.
Inquiète surtout pour Sophie Boutaud de la Combe. Première chose que je sais, la Minustah s'est effondrée. Où pouvait-elle être ailleurs qu'à la Minustah, elle qui en est la porte-parole?
Et de me demander: mais pourquoi m'en faire autant pour une femme que je ne connais pas?
Parce que cette femme a écrit! Est-ce une réponse suffisante?
Parce qu'elle a écrit ceci:
"De mes années de danse j’ai gardé
que la technique ne vaut que lorsque, au bout d’elle-même, elle se fait
oublier. Si je penche, Monsieur, c’est du côté de la beauté."
Et cela encore:
"Ce qu’on reçoit n’est pas tant
dans ce que l’on nous donne que dans ce que l’on en fait. Et quand bien même.
On ne donne que ce que l’on est."
Et aussi parce qu'elle m'a écrit à moi. Il y a un an. Deux courriels, brefs mais efficaces.
On la dit miraculée. Ça m'a donné envie de pleurer. De soulagement.
La littérature ne sauve pas toujours des vies bien entendu. Mais étendue sur mon lit, à soupirer de soulagement, je me suis dit qu'elle construit des ponts.
Et c'est qu'ils en auront besoin aussi. Des ponts.
Alors amis, puisque nous sommes désespérément en vie, de cette vie qui se constate si forte devant les catastrophes. Alors amis: à vos crayons!
J'ai de très bons souvenirs des enseignants de mon école secondaire. Ils furent, pour plusieurs, des modèles, des moteurs et des bouées. Pourtant, il m'est arrivée récemment de m'interroger.
Je lisais beaucoup. Toutes jeunes. Je lisais ce qu'on lisait à la maison, ce qu'on m'offrait. D'abord La courte échelle, évidemment, ensuite le populaire, surtout québécois: Arlette Cousture et autres. J'étais touchée, emportée, passionnée par les sagas et les histoires à l'eau de rose. Et je lisais.
Je me suis donc interrogée: pourquoi aucun de mes profs n'a vu ça en moi, quitte à tendre la main pour m'amener ailleurs. Pour me faire lire autre chose, n'importe quoi: Gabrielle Roy, Baudelaire, ou autre chose. Pour juste me faire sortir un peu de la culture populaire contemporaine dans laquelle je pataugeais? Il serait trop facile d'en conclure que mes enseignants n'en avaient pas les moyens intellectuels. Non, je crois qu'ils les avaient.
Ma première piste, c'est que dans ce système d'éducation qui fait de bien belles choses certes (et on ne le dit pas assez), il y a tant à faire, justement, pour raccrocher ceux qui décrochent, pour couver ceux qui périclitent, qu'on n'a bien peu de temps à accorder à ceux qui s'en sortent bien. Donc si tu n'as pas les parents qui aiment ce que tu aimes et qui peuvent t'aider à défricher (et les miens sont super, loin d'être des cancres, juste pas des littéraires!)... hey ben tant pis. Tu défricheras tout seul. Et dans mon cas, ce fut tard!
Ma deuxième piste, c'est que ce système d'éducation était à l'époque - et je dirais qu'il l'est de plus en plus - très préoccupé par l'art comme moyen d'expression plus que par l'art comme rapport au monde. Comprendre qu'on s'intéresse plus au loisir culturel qu'à la fréquentation de l'art professionnel. Une fois de plus, je n'ai rien contre le loisir culturel, mais que devient-il s'il ne rencontre jamais les professionnels qui deviennent comme un miroir, un autre regard sur l'art, une main tendue vers ailleurs? Je pensais à ça parce que je ne me rappelle pas qu'aucun enseignant m'ait suggéré une lecture, mais ils m'ont tous encouragée à écrire. Et à jouer. Et à prendre la parole.
Bien sûr, quand on travaille avec des adolescents, il y a une importance capitale à mettre sur l'Être. Ils doivent aussi apprendre cela: à être. Mais tendre un livre, c'est un geste assez simple finalement et qui ne coûte rien...
Dimanche j'ai regardé Bon cop, Bad cop. J'étais assez positive à l'idée, dans le sens: il était temps. Et je suis un bon public pour la comédie policière.
Mais j'ai trouvé ça tellement mauvais! Quoi que bien joué... mais mal écrit, un scénario qui s'effiloche et qui tient pas la route. Ça sentait le marketing à plein nez et le petit trip de gens de provinces qui peuvent enfin faire une poursuite en char et une série d'explosions. Ça m'a déprimée.
Et ces stéréotypes sur les anglos et les francos... Bien sûr, je m'y attendais, le film repose là-dessus. Mais sérieusement, au bout du compte, c'est le Québécois qui gagne, qui corrompt l'Ontarien à coup de «Je m'en côlisse!» Je m'en côlisse des règles, de la déontologie, du savoir-vivre, c'est que moi je suis un esprit libre. DEVIL! Je suis tellement rebelle que je suis un adolescent attardé et même si je suis dans la police je me fais justice moi-même quitte à faire exploser le coupable présumé d'une enquête. Anyway, je m'en côlisse!
Ce qui me tue c'est leur manque de recul sur ce qu'ils sont. Les médias, je parle.
Parlons des JO puisqu'il est difficile de faire autrement. J'étais contente pour Émilie Heymans, surtout pour qu'ils ravalent tous, toutes les fois où je les ai entendu dire qu'elle était psychologiquement faible et qu'elle ne supportait pas la pression. J'aurais voulu qu'on laisse van Koeverden brailler en paix.
Et au moment où je vous écris ça je voudrais qu'on foute la paix à Marie-Hélène Prémont. Elle soulignait récemment qu'elle trouvait la pression un peu forte. Ben oui hein... En effet! On le trouverait à moins.
On ne sait toujours pas, à l'heure où je vous écris, pourquoi elle a abandonné sa course. Mais croyez-moi que nous le saurons parce que les commentateurs ont réussi à nous décrire à maintes reprises comment on l'avait vu crier, sans trop comprendre ce qui s'est passé: peut-être un accident devant elle? peut-être un bris mécanique? elle a du sang sur le bras... ah non c'est un tatouage du drapeau du Canada!
Come on!
En tout cas sachez qu'elle connaissait une saison fabuleuse, qu'elle aurait dû gagner l'or, que c'est triste pour tout le monde et que ça doit être crève coeur pour elle. Et qu'on a pas fini de lui demander ce qui a bien pu se passer pour qu'elle nous prive ainsi de l'or...
(Ajout: le commentateur vient de souligner qu'on ne sait pas, donc qui ne donnerait rien d'en parler pendant 10 minutes... c'est pourquoi nous en parlons depuis 15! Merci!)
Je n'ai jamais été une spécialiste de la Chine, je ne m'y suis pas beaucoup intéressée à l'époque où j'étudiais les Relations internationales, en tout cas pas plus que d'autres puissances montantes.
Il n'est pas toujours évident de faire la part des choses entre culture et politique, surtout que le quotidien du monde a tendance à donner de chaque pays des images uniformes.
Je peux dire avoir été profondément choquée par des commentaires particulièrement mesquins entendus à Macadam Tribus sur la médecine chinoise. Voilà un bon exemple où on peut dire que l'Occident se prend vraiment pour le nombril du monde, convaincu de sa supériorité, interprétant tout autre vocabulaire ou tout autre approche comme ésotérique et charlatane. Ça faisait du bien d'entendre parler de la même question hier à Découverte avec un certain respect.
Par moment, la frontière vers le racisme est très mince. L'article de Gil Courtemanche dans Le Devoir du week-end me semblait problématique. Il n'était jamais très clair dans son argumentaire ce qui pour lui reposait sur le gouvernement et ce qui reposait sur la culture chinoise: après tout, il faisait un lien direct entre la Chine impériale et la Chine moderne, ce qui laisse sous-entendre que la Chine est intrinsèquement dictatoriale.
De plus, Courtemanche semblait particulièrement choqué de savoir que les athlètes chinois allaient se défoncer pour le prestige de la Chine et pas pour eux-mêmes. Quand j'entends les athlètes de la relève dans les pubs de Pétro-Canada dire que le rêve c'est d'aller gagner une médaille pour le Canada (tous des athlètes québécois ), je me dis que vraiment, on a aucune leçon à donner à ce chapitre. Les JO c'est un cirque et un cirque patriotique.
Cela dit, j'en suis dans ma vie à croire à certaines valeurs et à espérer leur défense internationale. On dit souvent que la dictature c'est ferme ta gueule, la démocratie c'est cause toujours. C'est probablement vrai. Mais ça fait une différence majeure qui s'appelle la liberté. Bien entendu, les voix dissonantes dans notre super société ont parfois bien du mal à se faire entendre, mais elles ne croupissent pas en prison pour autant. Jusqu'avant les Jeux, les sites des grands réseaux médias internationaux étaient encore censurés en Chine, c'est quand même franchement problématique.
Je n'ai jamais cru au boycott. D'abord parce que ça n'aurait rien changé. Ensuite parce que les militants chinois nous demandaient clairement d'y aller en Chine, d'être là, d'aller voir.
J'ose espérer que la bande de journalistes sérieux qui feront À l'heure de la Chine dès ce soir nous ferons voir des choses intéressantes. Le mot d'ordre a clairement été donné aux journalistes sportifs de se tenir à l'extérieur des polémiques. À part l'addition de commentaires douteux d'Alain Goldberg lors de la cérémonie d'ouverture, le reste est habituel bien que toujours aussi colon: un paradis du lapsus, des commentaires vides qui parlent du mental et autres, et cette année, une innovation, la Zone est à Pékin. Alors on se crêpe le chignon sur les dos des olympiens. Misère!
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