Parler au ‘tu’ pour miser sur le fait que tu m’entends. Ou simplement pour réitérer ce dialogue sans égal qui s’est construit entre nous avec le temps.
On répète souvent que sa famille on ne la choisit pas, je pense qu’il en est des membres que l’on choisit. Comme si on se rencontrait une deuxième fois. Toi et moi on s’était choisi.
Tu es partie doucement, un envol lent, à petits coups, de peurs et d’amertume parfois. Mais aussi de profondeur, de recherche, d’échanges inégalés. Les heures qui ont suivi ton départ, mon souvenir de toi n’avait que la teinte des dix derniers mois, la marche difficile vers une dernière heure incontournable. Et ta fierté d’acier, ton orgueil, ton humour encore présent quand tu ne te perdais pas dans le découragement.
C’est plus tard que je me suis rappelée qu’il fut un avant la maladie, des après-midi à jaser, des fous rires, une complicité, ton franc-parler, mon respect et notre amour inconditionnel. Et qu’il fut un plus avant encore, mon regard d’enfant étonnée vers cette grand-mère fascinée par la technologie, au verbe aiguisé et à l’âme artiste.
Tu avais des envies de poésie et de beauté, d’art et de découverte, de communication et de reconnaissance. Une soif de savoir insatiable et une envie de partager aussi. À la fois entêtée et digne, gracieuse et élégante, résolument moderne. Un caractère inimitable. Une force inoubliable. Le chemin n’aura pas toujours été facile, à la longue tu auras développée une carapace qui pouvait faire peur. Mais tout ce tendre au coeur.
Tu as été beaucoup, pour moi et pour d’autres, et ce sera avec un plaisir évident que je partagerai tes mots et ton héritage avec les générations qui suivront. Je leur dirai tout ce que tu as été, pour moi et pour d’autres, de beau, de grand, de fière et de fort.
Aux enfants des autres et aux miens quand ce sera mon temps.
Je ne crois pas devoir te le répéter
Pour l’avoir assez dit tant qu’il était encore temps
Tant que j’avais ma main dans la tienne
Et ma main sur ton front
Et ta main dans mon dos
Mais je le dirai une dernière fois
Pas dans ton oreille mais à haute voix
Pour que tous ceux qui m’écoutent soient conscients de l’ampleur de ce que tu étais, pour moi et pour d’autres
Et de ce que nous étions, nous deux, dans notre relation
Je t’aime grand-maman, sincèrement, au présent et indéfiniment
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