C'est un lieu qui ne ressemble à rien. Une plage grise et lumineuse pourtant, un sable humide d'automne. Un subtil crachin. C'est frais, c'est col roulé, c'est une peau douce cachée derrière la laine qui pique un peu. C'est une peau qui pique, cachée derrière des cotons soyeux. C'est un soleil qui se devine sur la nuque. C'est un vent, surtout, constant.
C'est une marche en silence avec le bruit éloigné d'une vague. Une marche en silence sur une plage sans mer. Une marche en silence dans un étrange univers.
C'est au fond pourtant, comme un vers d'oreille, un beat calypso ou un swing cajun. Une musique qu'on entend quelque part au loin. Un son en sourdine qui survit contre les murs vides et les planchers sans tapis. Des stigmates éloignés d'une fête à perpétuité où les hanches bougeaient encore au rythme ambigu qui confondent tambours, coeurs et abandon.
C'est une façade de laquelle on a enlevé l'affiche "Vacancy". On ne crie pas la permanence à la face du monde. On ne vend pas l'arrêt du temps. C'est un lieu où il n'y a plus de place vide parce que le vide a avalé la lumière. C'est un lieu incandescent où la conscience est vive, le doute toujours tranchant. C'est un lieu sans fatalité, un lieu assumé. C'est un anachronisme pourtant radicalement moderne si vous prenez le temps d'écouter. Radicalement marginal aussi. Un monde sans repère connu.
C'est un entre-deux, un décor hors-saison, un endroit sans surface, tout en profond.
C'est ici.
Chez moi.
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