Le souvenir est vif comme ces midis de printemps qui l'ont vu naître. Dans la cour d'école de la polyvalente à Sainte-Agathe-des-Monts, sur le terre-plein qui séparait le stationnement et la rue, il y avait une grosse roche. Nous étions assises là, les filles. Marie-France avait ses longues tresses, quelque part entre Anne aux pignons verts et Fifi Brin d'acier. Suzie couvait une révolte qu'on ne pouvait pas expliquer. Jacinthe semblait n'avoir peur de rien. Et moi, moi... Moi j'avais déjà ce corps de femme trop mûre. Bien sûr... Et cette lucidité qui n'allait pas me quitter. Bien sûr...
Et nous chantions. Mot à mot, par coeur et de tout coeur. Nous avions treize ans et il nous semblait bien qu'il y avait quelque chose d'assez malsain à se sentir aussi seule. Voilà bien une chanson écrite pour les adolescentes de toute les époques!
En rentrant du boulot aujourd'hui, sous le soleil d'automne qui déclinait, mon IPod a choisi ça pour moi. Il y avait longtemps que je ne l'avais pas entendue. Je la connais encore par coeur et je m'en suis trouvée émue. Pas tant parce que j'ai pensé à l'adolescente que j'ai été...
Surtout parce que cette chanson, contrairement à tout le reste, me fait encore comme un gant.
Commentaires