La nostalgie n'est pas l'affaire de tous, les pélerinages non plus! Mais c'est la mienne, mon affaire...
Pour une fois dans cette journée folle, j'avais un peu d'avance sur mon plan. Plutôt que de sauter dans le métro, j'ai bifurqué vers l'université. Alma mater.
L'idée première était de m'arrêter au département saluer le directeur, c'est en marchant dans les corridors inexorablement bruns que je me suis rappelée... que le directeur n'est plus le directeur!
Ce qui se voulait un petit "coucou" sans importance est devenu un chemin de croix. Et je n'ai pu que remarquer jusqu'à quel point dans cette maison qui fut la mienne pendant près de dix ans, j'ai accumulé plusieurs vies et plusieurs traces.
Quand j'emprunte le coude du corridor, je regarde toujours dans la même direction. Je cherche quelqu'un qui a quitté l'université depuis environ 7 ans dans le local d'une association qui n'existe plus depuis presque aussi longtemps. Mais je l'ai tellement cherché à une autre époque, mon corps le fait sans moi. Je passe là, je tourne la tête. C'est de l'ordre du rituel inconscient.
Dans chaque étage, dans presque chaque brique j'ai un souvenir. En comptant les années comme je marchais, sans but, une route que je connais par coeur, je réalisais que même les derniers étudiants auxquels j'ai enseigné ont maintenant quitté.
J'ai cru voir Mélanie derrière une fille aux cheveux roses. Avant de réaliser que Mélanie a quitté l'université depuis plusieurs années, que j'ai même contribué à l'en faire sortir. Non... Mélanie a encore les cheveux roses, mais ailleurs. Et il y a là encore des filles aux cheveux roses, mais elles sont autres.
En passant devant mon bureau je me suis rappelée que c'est là que j'avais donné le premier rendez-vous à Simon. Un rendez-vous que j'oubliais presque, tant que je ne m'étais ni coiffée, ni préparée, dépassée par une vie qui roulait vite. Une preuve de plus que l'amour, même factice, n'a pas toujours besoin de mise en scène.
Je suis ressortie après 10 minutes. C'était la première fois, depuis l'automne 1999, que j'entrais dans ce lieu sans y rencontrer personne.
Je me suis sentie comme ceux qui retournent visiter leur maison d'enfance perdue depuis longtemps.
Une seule conclusion possible, une banale conclusion sur le temps qui passe avec ou sans nous.
Ma maison n'est plus ma maison.
À la différence près que lorsque l'on visite notre maison d'enfance, on se sent gros à l'intérieur puisque tout nous parait plus petit.
Rédigé par : Venise | samedi 25 sep 2010 à 15:38