En cette rentrée 2010, les éditions Alto publie dans leur collection Coda (poche) La fin de l'alphabet de CS Richardson paru d'abord en 2007.
Commençons par un petit mot pour l'éditeur qui offre, dans sa collection Coda, des ouvrages qui respectent les mêmes standards de qualité graphique et matérielle que ceux auxquels il nous a habitué dans la collection régulière. L'ouvrage est beau, le papier de qualité, la mise en page limpide. Le tout pour moins de 15$!
Alors vous entrerez dans un univers où la douleur se fait pourtant légère. Vous vous perdrez dans un jeu bien connu, un jeu d'alphabet, pour tenter d'oublier que la vie est parfois une salope. Vous rencontrerez des amoureux doux et tendres qui marchent pourtant vers la fin de ce "nous" si important.
Ambroise Zéphyr apprend qu'il est condamné à mourir dans moins de trente jours. Il décide de partir pour un dernier périple avec Zip, la femme de sa vie. Un périple en ordre alphabétique.
Si le jeu peut sembler un prétexte, il m'est apparu plus grand que cela. Sans doute image des rêves d'enfants que nous remettons toujours au lendemain, je l'ai aussi vu comme un rituel de passage, une tentative désespérée d'ordonner ce qui n'aura plus jamais d'ordonnancement: une vie qui, s'en crier gare, fout le camp.
Ce qui est particulier dans ce livre c'est que les émotions, à peine évoquées, sont toujours prises de biais et pourtant très efficaces. Par exemple cette phrase tirée de la scène où Zip prend un bain à Paris: "La vue de son corps, à elle, lui fit penser à ses mains, à lui." Efficace et douloureux, mais pourtant si sobre.
Habile au coeur de cette sobriété, l'auteur et sa traductrice (Sophie Voillot) nous poussent même à espérer un miracle. C'est qu'on se dit qu'on ne peut pas nous avoir raconté une si jolie histoire, nous avoir convié à un si charmant jeu, nous avoir trimballé dans cette sobre écriture ludique, pour nous laisser froid et raide au seuil de la mort.
Je vous laisser aller y voir...
Art is much less important than life, but what a poor life without it ! (Robert Motherwell, American painter)
Rédigé par : Coach Factory Store | samedi 15 jan 2011 à 03:00