Il y avait les mots superbes de Claire Rochon, les bancs inconfortables de la place du Musée des Beaux-Arts du Canada. Et il y avait moi qui me cherchais une dégaine naturel, l'air de ne pas y toucher.
Il y avait l'ombre, immense, de la mère-araignée de Louise Bourgeois, une lumière sublime de fin de journée et une photographe amateur sans sa caméra. Qui attend autre chose, mais trouve ce moment.
Il y avait moi, habillée en noir. Je ne portais le deuil de rien, mais inconsciemment j'ai dû croire que ça amincissait. Pour les blasées de mon espèce il est toujours réconfortant de constater que certaines circonstances exceptionnelles nous poussent encore à poser des gestes irrationnels pour vouloir plaire.
Il y avait Claire Rochon, il y avait le ciel, il y avait moi.
Et il y a eu nous.
***
C'est qu'un jour j'écrirai un livre sur ces visages. Ces visages incontournables qui auront marqué ma vie. Ils sont plusieurs.
Mais aujourd'hui, il y a lui. De longues parenthèses d'années, de longs silences. Et pourtant. À 19 ans j'étais subjuguée par la facilité de cette rencontre. J'écrivais qu'il s'était logé dans mon intimité. Et je ne parle même pas d'intimité sexuelle qui, quoi qu'on en dise, est bien plus facile à habiter que l'autre. L'autre intimité, celle du dedans. Je dirai Âme faute de mieux.
Déjà à 19 ans j'étais bouleversée par la vitesse à laquelle nous étions devenus Nous. Imbriqués l'un dans l'autre, en résonnance. À l'époque j'avais le sentiment qu'il m'apportait beaucoup sans que je puisse rendre la pareille. J'ai bien grandi. Et je vois ce qu'il y a de réciproque dans toute cette tendresse. Quasi-insupportable tendresse.
Un jour j'écrirai sur ces visages incontournables qui ont forgé ma vie. J'écrirai sur lui le plus long de tous ces textes. C'est qu'il faudra dire l'importance des silences. Il faudra dire comme toute relation est une construction, bien que certaines apparaissent davantage comme des révélations. Il faudra dire la profondeur, ce gouffre immense où il vit, où il ne pleure plus trop... bien que la mélancolie...
J'ai voulu, dans ma vie, être un port plutôt qu'une maison. Non par facilité mais parce que ça m'apparaissait être ce que je savais le mieux faire. Je n'ai pas choisi les racines, j'ai choisi la mer. Celle qui se repose. J'ai choisi d'être l'accueil, le ressourcement et le nouveau départ.
Hier, en m'endormant après un repas relativement mauvais mais une soirée merveilleuse, je me suis dit que dans cette image du port, j'avais toujours oublié un mouvement.
Un mouvement important.
Un essentiel mouvement.
Le retour...
Comme c'est beau...
Rédigé par : Pascale | jeudi 19 août 2010 à 00:19
Je seconde Pascale. :-)
Rédigé par : Maxime Jobin | mercredi 22 sep 2010 à 07:24
Quel texte. Vous dites bien mieux que moi. Un peu pour moi, et d'autres aussi. Ça libère un peu. Ça touche beaucoup.
Merci.
Rédigé par : 911ts911 | lundi 27 juin 2011 à 22:37