Le projet Masse critique, tout nouveau au Québec, m'a permis de prendre connaissance d'un livre à la fois joli objet et puissant texte. En effet, le livre disque Soirs menteurs de Christine Germain est d'abord très beau avec sa page couverture à la fois douce et triste.
Lue d'abord, écoutée ensuite, la poésie de Christine Germain m'a atteinte dans le même point sensible:
Elle veut capturer ce moment précis
où une trahison a fait d'elle un perpétuel mensonge (p. 31)
Je dois admettre qu'à l'oral certaines images prennent soudain plus d'ampleur. Je n'avais pas bien "entendu" à la lecture, par exemple, des mots simples et forts comme "Elle n'a pas su comprendre/la prison d'être soi" (p. 15).
Je suis de celles qui lisent et relisent la poésie parce que c'est en répétition que le texte m'habite. L'oralité permet d'accélérer cette colonisation de mes sens. J'ai beaucoup aimé l'ambiance musicale de Martin Tétreault, discrète mais porteuse, qui devient presque douloureuse dans un certain moment du texte. Je pense particulièrement à la troisième section "L'avenir du passé" mais aussi à une fin saccadée de la deuxième section qui marquait, pour moi, l'écorchure.
Étrangement, c'est justement la partie de la troisième section qui me semblait si bien mise en musique dont le texte m'a le moins parlé. J'ai eu du mal à croire à ces figures, pourtant bien crédibles, qui marquent cette section (le boxeur italien, l'aviateur, le cocaïnomane...).
Le plus triste pour moi a été de ne pas sentir de colère dans cette douleur. C'est ce qui m'a tant touchée, une aura de résignation. (Mais là, je projette, je projette... Mais à quoi bon la poésie si on ne peut pas s'y projeter un peu?)
Je finirais en disant que la dernière page vaut, en elle-même, le détour. Je ne la citerai pas pour vous donner le plaisir de la rencontrer vous-même.
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