Une jeune femme blonde.
- Salut moi c'est C.
Elle monte.
Chaque semaine je covoiture ainsi. Ils sont souvent trois. Parfois seul, comme ce soir-là.
Elle ressemble un peu à quelqu'un que je connais. Il fait noir sur la 417. Nous écoutons Tout le monde en parle à la radio. On discute un peu. Et puis arrive ce moment où la discussion l'emporte sur la radio. Elle me parle des décisions qu'il faut prendre dans la vie. De la difficulté de se brancher. De lui. De Gatineau. De Montréal. De sociologie et de projets de vie. Elle en avait gros sur le coeur. Rien de glauque, rien de vital, rien de viscéral. De la petite vie de tous les jours mais qui finit par peser lourd.
Coin Nicholas et Laurier, on approche de la destination. Il est passé 22h00 et un feu rouge. Je me retourne et la regarde.
C'est une jeune femme blonde. Mais elle ne ressemble à personne que je connais. C'est la première fois que je la regarde vraiment. J'écoute une femme que je n'avais pas regardé encore depuis deux heures.
Je pense à toutes ces voix écoutées sans réel visage. Tous ces gens que je ne saurais reconnaître. Toutes ces histoires, surtout, que j'ai écoutées. Entendues. Ces histoires de pôles en pôles - Montréal/Gatineau. Des familles éclatées pour le travail, des amoureux déracinés, des étudiants exilés de la campagne en ville ou de la gran'ville en campagne.
Des histoires. Un huit-clos. Deux heures d'autoroute.
Des relations sans avenir. Des relations sans début réel.
Parenthèses d'intimité. Confessionnal.
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