J'étais au OffTA ce soir pour voir un programme double: Sourire forcé et Passages, deux pièces qui explorent la fragile frontière entre le rire et l'émotion. Dans la deuxième entre autres, une femme de mon âge, qui à sa façon me ressemble tellement.
Bien qu'on puisse rire ou sourire de tout, je ne suis pas bien certaine de pouvoir, ce soir, rire des manques affectifs, ces failles humaines. Il n'y a rien de plus fragile, peut-être, qu'un jour qui se réveille sur un cauchemar.
Une grande résidence et des trombes d'eau (je viens de lire Le goût des abricots secs). Face à la grande porte-fenêtre de ma chambre, la mer déchaînée et des gens en uniformes. J'ouvre la porte pour les entendre me dire qu'il faudra évacuer. Je referme la porte, verrouillée, comme si cela pouvait être utile contre la marée et je vais dans le corridor pour alerter. Et je crie, je crie comme je peux, d'une voix enrouée, rouillée. Je crie comme quelqu'un qui s'érige en responsable, quelqu'un de bien informé, quelqu'un qui détient la vérité. Et tout le monde me regarde, halluciné, avant que je remarque une femme en uniforme, au centre du corridor, qui a donné l'alerte et qui oriente les évacués. Une femme qui a pour vrai de l'autorité, qui fait son métier. Une femme à qui j'ai tenté maladroitement de me substituer.
Et devant moi, une autre femme que je connais et j'admire, malgré moi, malgré tout, dit à sa voisine sur un ton entendu: «Quelle conne!» Un ton sans surprise, un ton du constat. Prenant acte de ma mégarde, honteuse, je retourne dans ma chambre et verrouille la porte de l'intérieur. Et je m'écroule dans un coin où personne ne pourra me voir, où on m'oubliera. Et j'attends l'orage, l'inondation ou que sais-je? J'attends l'annihilation! Le coeur en miettes, le souffle coupé.
Et pendant qu'une partie de moi lutte pour le réveil, pour la sortie du rêve; une autre lutte pour y rester. Une forte partie, coriace, veut de ce sommeil, veut de cette douleur qui court à sa perte. Comme s'il était beau le rêve, comme si je rêvais d'amour. Une forte partie de moi, soulagée.
Être radicale, c'est croire qu'il vaudrait mieux ne pas être que de ne pas être parfaite.
Ce qui fait mal c'est de constater que malgré tout le chemin parcouru, il s'entête encore au fond de moi, ce monstre-là.
C'est un très beau rêve Catherine. N'oublie surtout pas de le raconter le plus possible et de le refaire au complet en pensant que chaque personne et chaque élément c'est toi, même l'eau...
Élisabeth
Rédigé par : Élisabeth | lundi 01 juin 2009 à 07:10