Je ne me rappelle pas qu'une main, aussi professionnelle soit-elle, ait mis aussi clairement la main, le doigt, la paume, sur ce qui fait mal dans mon dos. En me levant après 90 minutes de pétrissures, je n'ai eu qu'une chose à dire... c'était comme si elle m'avait pétri le coeur.
Et depuis, je suis nouvelle.
FLASH 1
Le chat en peluche était élimé. Élimé et rayé. Strappé après le sac-à-dos d'une femme. Ses membres étirés, il avait l'air confortable et confiant. Aucune chance qu'il s'échappe ou qu'on l'oublie. À deux pas de la femme, trottait en robe mignonne, la propriétaire manifeste de ce chat. À l'oeil (horloge biologique en sus), je dirais trois ans et demi.
Touchée au coeur par la beauté de ce qu'impliquait cette image. L'amour que cette mère a mis a strappé ce chat qui s'étire de l'amour de sa fille. L'amour.
FLASH 2
Le soleil de ce jour de beau temps. Le bleu du ciel d'ici. Un mariage d'oiseaux. Le centre-ville perforé des trous d'un futur quartier à fréquenter. Des spectacles dit-on. Des clôtures cage à poule perforées de fleurs en papier.
La beauté d'être d'ici. Ici.
FLASH 3
Le petit beat d'une chanson trop connue. Peut-on trop connaître quelque chose d'aussi beau? Une intro et déjà l'émotion.
Ground control to major Tom
Commencing countdown, engines on
Check ignition and god loves may be with you
Et j'ai pleuré.
FLASH 4
Ue voix trop connue. Peut-on trop connaître quelque chose d'aussi beau? Et la phrase qu'on connaît par coeur et qu'on paraphrase pourtant.
I understand you prefer beautiful women
but for me could you make an exception?*
Et j'ai pleuré.
*You told me again you preferred handsome men but for me you would make an exception. (Leonard Cohen, Chelsea Hotel no.2)
FLASH 5
Le bleu brisé de ses yeux bleus quand j'ai cassé le mystère avec mes coups de pics à glace. Le blanc cassé de ses yeux bleus quand j'ai forcé des mots sur ses non-dits. Le rouge de ses joues et ma perte de cette zone de mystère sans avenir certes, mais où au moins, je me sentais belle.
Je n'ai pas pleuré quand il est sorti. Mais j'aurais dû. Vraiment.
FLASH 6
Un souvenir sorti de nowhere. La première fois qu'un homme m'a pris par la taille. Ça n'avait rien d'érotique, mais ça avait quelque chose d'adulte. Je le vois encore, lui, parfois. Ce soir-là il m'a pris par la taille. J'avais 15 ans.
Pour la première fois, j'ai compris qu'elle était un peu épaisse certes, mais que c'était une taille de femme et que sous elle il y avait une machine manifeste qui savait y faire.
FLASH 7
La beauté des femmes au printemps. Je vois plus la beauté des femmes que des hommes. Je les vois en photo, en lumière, en feux d'artifice. Les femmes sont plus belles, peut-être que les hommes?
Mais le désir. Le désir, lui, est tellement homme. Dans tes yeux que je vois pour la première fois. Qui me regardent vraiment. Dans cette main que tu poses sur moi, comme un oiseau, un aimant, un poids. Dans cette façon dont tu portes ton corps vers moi, pour me montrer je ne sais plus quoi.
Ce désir, vraiment. J'avais oublié, que ça vous dévorait les tripes du dedans.
LA QUESTION
Est-ce qu'il suffisait vraiment qu'on me masse l'omoplate, qu'on me pétrisse la coquille une fois, pour que mon coeur redevienne vecteur? que mon corps se branche sur le 420? Pour que la beauté me traverse de part en part, me fasse pleurer d'être seulement? D'être! D'être au milieu de vous, au milieu de cette ville, de ces gens, de la musique, de toi et des autres? Il ne suffisait que de ça, vraiment?
Et je ne sais même pas si je m'en réjouis...
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