J'avais tout noté pour mon arrivée à Berlin sauf le nom de la colocataire de C. Fallait me voir devant la porte de l'immeuble à 9h00 du matin, et sous la pluie, à lire et relire les noms des appartements en espérant que ma mémoire s'y retrouve. Rien à faire. Heureusement, une heure plus tard, j'ai découvert l'Internet disponible sur les bornes de rue.
Je n'ai pas parlé à la jeune allemande qui dormait près de moi dans le train de nuit Berlin-Basel. J'aurais dû, elle avait l'air sympa. Mais encore plus timide que moi.
Je me suis fait vertement engueulée dans le train Basel-Genève parce que je m'étais assise par inadvertance dans le wagon 1ère classe. Je n'ai toujours pas la force de caractère nécessaire pour supporter ce genre de bévue - pourtant sans conséquence - sans une souffrance inutile et disproportionnée.
Dans le train Lyon-Avignon j'étais assise à côté du pire des dégueulasses; genre militaire en permission, saoul mort, qui sentait la tonne et dormait en ronflant et en s'étendant sur moi. C'était horrible mais plus supportable que lorsqu'il ne dormait pas et m'entretenait sur les «saloperies de syndicat», les «saloperies d'Arabes» et autres saloperies encore. Une véritable horreur donc. Étrangement je supporte mieux ça que de me faire engueuler par un contrôleur.
À Avignon, un jour de pluie, j'ai bercé une grande petite fille de 4 ans qui avait la grippe et n'en pouvait plus. Ça, ça te travaille l'horloge.
Je me suis trompée de gare en voulant quitter Avignon; 15 minutes pour changer, c'est chaud comme on dit par là-bas. Sur la dizaine de trains que j'ai emprunté, c'est ma seule erreur. Ajoutons à ça que je n'ai rien oublié nulle part, on croirait que je suis devenue une adulte... Et j'ai rien senti!
Dans le train Avignon-Montpellier qui était bondé, la fille assise de l'autre côté de l'allée a laissé son sac à dos occupé le siège à son côté jusqu'à ce qu'un contrôleur vienne lui dire de l'enlever. (Y'a des gens qui ont moins peur que d'autres de se faire engueuler.)
J'ai manqué mon transfert à Toulouse entre Montpellier et Biarritz. Faut dire que 7 minutes, c'était short un peu. C'est à se demander pourquoi on te vend un billet si mal goupillé. Cela dit, il faut être Français pour gueuler contre la SNCF, parce que quand t'es Québécois tu trouves qu'ils se débrouillent bien côté transport interurbain (parole de fille qui a passé un mois dans le train...)
À Biarritz, un jour où la mer était déchaînée, nous avons vu un père qui jouait avec ses deux fils à fuir l'explosion de la vague sur les rochers. Ils avaient l'air de bien s'amuser. Ça, ça te travaille l'horloge.
Il y a, en Europe, une variété et une diversité de vêtements, de bijoux et de souliers (j'ai d'ailleurs trouvé à Rennes les bottes que j'ai cherché trois ans à Montréal). Un jour j'y viendrai avec des valises vides dans le seul but de dépenser. Oui, oui...
Ma seule cuite du voyage je l'ai prise à Rennes. Au retour à l'appartement, dans un état assez second, j'ai écrit à mon patron pour lui parler d'une conversation que j'avais eue dans la journée et qui pouvait l'intéresser. Je n'ai pas relu le courriel et l'histoire ne dit pas si j'ai encore une job à l'heure qu'il est.
Je m'en suis prise à un serveur dans un resto parisien qui voulait que nous changions de table parce qu'A. était en retard et que nous occupions une table à 4 en étant 2. C'est fou comme je ne fais plus attention à mon accent quand je m'emporte. Il a rencontré la mauvaise humeur québécoise. (Soupe au lait? Moi?)
Je me suis beaucoup demandé pourquoi j'aplatissais mon accent dès que j'arrive en France. Or, si je parle en vrai québécois, personne n'écoute ce que je dis, mais comment je le dis.
Après la bouffe dégueulasse à l'aller, l'heure de mon vol de retour a changé et quand j'ai demandé à quelle heure nous arriverions à Montréal, on m'a répondu autour de 12h30 ou 13h00. Merci Air Transat pour la précision.
Depuis quelques jours le Québec me manquait. Une fois à l'aéroport, la femme dans la file derrière moi a dit que l'avion serait «pleine» et dans le duty free une autre à qui une amie demandait si elle avait trouvé des cadeaux lui a répondu - que dis-je, hurlé - «Ben, y'ont des bobettes écrits Paris dessus». Ça aide à se sentir chez soi.
Je décollais de Paris au moment où j'ai lu de Philippe Delerm: «On ne tient Paris qu'au moment de sortir des puits. Juste avant.»
Les nuages étaient très beaux en atterrissant à Montréal. Je trouve ça un peu dommage que les Calinours n'existent pas.
Bilan:
25 jours
10 lectures
8 villes
13 trains (presque 50 heures)
Des dizaines de pages écrites ou corrigées
530 photos
Coups de coeur:
Partout les amis
Berlin: le design en général et le Mémorial de l'Holocauste et son musée
Genève: la fondue au fromage et le ciel sur le lac Leman
Avignon: le ciel d'orage sur le Palais des papes
Montpellier: la place de Peyrou, la librairie Sauramps et les boutiques chouettes partout
Biarritz: l'océan et les petites maisons basques
Rennes: la bouffe et la bibliothèque
Tours: les bords de la Loire
Paris: les librairies
suis si jaloux.
J.
Rédigé par : julius | jeudi 27 nov 2008 à 07:56
J'aime beaucoup tes anecdotes... et je suis teeellement d'accord quand tu parles de la réaction quand on parle avec l'accent au départ!!! ;) Ca m'a fait rire tout le long de mon voyage!
Rédigé par : Karine :) | jeudi 27 nov 2008 à 17:37