Je ne sais pas si la vie est une salope. Mais la mort, elle, l'est sans aucun doute. La maladie aussi. Putain de maladie de merde qui vient faucher les gens qu'aiment ceux que j'aime. Cette peine-là que je voyais grandir dans ses yeux, dans sa fatigue. C'est la peine de perdre la personne avec qui tu as partagé ta vie.
(Parenthèse juste pour dire comme ça qu'évidemment ça me fait un peu chier chaque fois que la vie elle s'applique comme ça à me rappeler que rien est éternel. On a la peur de l'éphémère, ou on ne l'a pas. Moi je suis tombée dedans quand j'étais petite.)
Cette peine-là donc, de la maladie, de l'irrémédiable. Chaque fois, ça te rentre dedans même quand tu ne connais pas la personne malade. Il faut dire que je l'aime bien l'homme qui vient de perdre sa moitié. Donc ça rentre dedans. Empathie.
Et bien sûr, je le savais qu'il y avait les enfants dans le portrait. Et puis j'avais de la peine pour eux, même sans les connaître. Parce que perdre une maman quand même, à n'importe quel âge, ça brûle par en-dedans. Mais je me disais qu'ils étaient pas mal grands quand même. Capable de comprendre.
Et puis aujourd'hui j'ai vu. Et j'ai compris. Qu'il n'y a rien à comprendre. Ni pour un adulte, encore moins pour une enfant de 14 ans quand une putain de saloperie de maladie de merde a tué ta mère à petits feux. Et puis même quand t'es plus grande et que tu portes le prénom des femmes fortes. Tu veux y comprendre quoi? Et même pas pour un beau grand garçon devenant un adulte doucement. Qu'est-ce que tu veux comprendre à ça, anyway? En quelques mois ta mère a vieilli, a perdu petit à petit son moral, ses facultés, tout ce qui faisait d'elle ta mère quoi, et puis là, comme ça, un jour c'est fini. Et on pourra jamais rejouer ces scènes-là.
Et pendant la cérémonie religieuse - bien respectueuse je dois le dire et pas du tout déplacée - je réalisais combien la religion permet(tait) ça: comprendre l'incompréhensible. Nous demander de bénir la mort, de l'accepter. Au profit d'un dessin plus grand. Ça peut avoir quelque chose de rassurant. Je suis trop athée, pour moi, ça a quelque chose de révoltant.
Je ne pensais qu'à cette chanson des Cowboys Fringants en regardant les petites qui n'ont plus de maman. Je ne pensais qu'à ça au lieu de penser aux prières. C'était peut-être ma façon à moi...
Pourquoi sitôt elle est partie
Laissant un chagrin trop gros
Dans tes yeux
Rien à faire du Bon Dieu
Quand on trouve pas les mots
Pour expliquer...
Et dire que toute la semaine j'ai eu envie de m'arrêter ici pour vous parler d'automne et de désir. Nous y reviendrons, puisque bien entendu, la vie continue.
Mais pour aujourd'hui, je donne des coups de pied symboliques dans cette putain de saloperie. La fin de la vie.
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