On ne sait jamais pourquoi on fait les choses... maintenant, ici. Pourquoi j'ai changé d'ordinateur depuis plus d'une semaine et que c'est seulement aujourd'hui que j'ai plongé le nez dans mes archives courriels, plus convaincue d'y trouver de l'inutile inutilement conservé que ce que j'y ai réellement trouvé.
C'est fou comme à se raconter sa vie on finit par oublier le matériau premier de nos histoires. C'est débile de constater combien nos vies cyclent, obstinément... J'en ai eu des frissons et des maux de tête.
Des maux de tête de tout ce que j'ai conservé et que je suis toujours incapable de jeter, des lettres de bêtises, des colères incroyables où mes correspondants me rappellent mes torts, mon égoïsme, mes dramatiques sorties, mes comédies. J'ai relu tout ça culpabilisant avant de me rappeler les névroses de l'interlocuteur, avant de me rappeler que quand j'ai dérivé, j'étais rarement seule à m'y perdre... J'ai eu mal à la tête avant de constater que ça n'arrive plus ça, les colères qui s'étalent dans les trop faciles pixels du new age épistolaire.
Et puis j'ai revécu les amours qui n'en sont pas, tous les patterns qui se résument toujours dans la recherche d'une putain d'intimité. J'ai vu toutes mes confessions pour Loup, qui m'a semblé si loin soudain. Je me suis demandée comment quelqu'un peut nous faire tant de mal et tant de bien:
C'est dans ces moments-là que je vois tout ce que j'hais de moi. Cette conviction de n'être pas faite pour ça et mon obstination à ne chercher que ça, à ne vivre que par ça. Pas le sexe, le sexe on s'en fout. Ben on s'en fout pas, mais le sexe c'est facile. Non, le défi c'est la complicité, la personne qui sera là pour moi, avec moi, par moi. Entre autres.
C'est dans ces moments-là que je me trouve pathétique. Que je me rappelle pourquoi un jour, un long jour, j'ai voulu mourir. Même si tout cela n'existe plus pour moi. Je me rappelle pourquoi.
Et puis partout, depuis tout le temps les mêmes constats: est-ce que je me répète parce que je n'avance pas ou parce que j'ai été lucide trop tôt?
Mais j'ai tellement vu passer comme ça des gens célibataires qui surfent sur ma vie pour mieux se réinventer ailleurs. Tous pareils et uniques en même temps. Ça fait mon affaire je pense, moi les racines ça m'étouffe. Les attaches ça m'angoisse. J'aime mieux les relations touch & go qui laissent d'étranges souvenirs et de grands espaces de nostalgie.
Et je me suis relue à parler de l'absence de désir à des amis pleins d'ambiguïté, à m'emberlificoter dans des considérations dans lesquelles je m'emberlificotais encore il y a quelques semaines à peine pour expliquer ce que je ne comprends pas: mon besoin de fusion platonique. Comme si le motif de ma tapisserie ne pouvait que se répéter année après année.
Je ne crois pas, par contre, être en mesure de totalement évacuer la sexualité de mes rapports avec toi. Oh non, je n’avais pas vraiment l’intention de te forcer à mettre une emphase sexuelle dans cette relation si tu n’en veux pas. Mais je ne pense pas pouvoir évacuer la sexualité… de moi. Je me dois peut-être de m’excuser… pour fausse publicité. Pour des raisons conjoncturelles, et aussi parce que tu as rapidement gagné un certain ascendant sur moi, j’ai été avec toi cette petite chose un peu timide, asexuée, un peu plante verte qui décore une vie. Mais ce n’est pas moi… et si je laisse cette plante verte poussée entre nous, cette relation me rendra malheureuse.
Et puis j'ai retrouvé les traces de ce désir naissant, de cet amour naissant qui n'aura jamais été. Je les ai retrouvées avec plus d'ampleur que je me les imaginais, avec des frissons et des points de suspension qui frappent. J'ai encore ce courriel qu'il avait envoyé - celui qu'il ne fallait pas envoyé - le courriel après notre premier baiser. Il ne faut jamais écrire après un baiser illégitime, sauf peut-être pour dire que c'était une erreur. Mais non, j'avais zappé ça, mais il avait écrit un peu pour minauder. Et j'ai encore le courriel où il dit non. Et je l'ai relu, me revoyant dans mon ancien chez moi, avec cette douleur au ventre.
Si un jour je pars vivre ailleurs, ce sera parce que j'aurai surmonté ma peur de l'oubli. Juste en ayant déménagé j'ai le sentiment d'avoir laissé mes anciens amours, mes anciennes chicanes dans la maison de la rivière. En changeant de pays on perd certains repères. En changeant souvent on doit finir par pouvoir s'étourdir.
J'ai relu tout ça, fascinée, et j'ai constaté que si au fond de moi j'ai le sentiment que rien n'a changé, il y a au moins un truc qui bascule: avant j'écrivais au moins une lettre par mois, de colère, de désir ou de séduction, qui me semblait méritée d'être archivée...
Aujourd'hui, ça n'arrive plus jamais... ou alors une fois par six mois...
En te lisant, j'ai l'impression fulgurante et déstabilisante de relire certains passages de mon journal. Questionnements similaires, frustrations, désillusions... qui avaient aussi, à une certaine époque, résulté en une envie de mourir.
C'est maintenant loin, mais c'est bien inscrit dans ma mémoire affective.
Mais je ne peux m'empêcher de voir dans ce dont tu parles ici un terreau riche pour l'inspiration d'un roman!
Écrire est une belle façon d'exorciser nos démons intérieurs... Ou de réutiliser des moments de notre vie qui nous ont fait souffrir. Une réhabilitation, quoi!
Rédigé par : Danaée | mardi 22 juil 2008 à 14:03
Danaé: dans mon entrevue de demain avec Mélanie Gélinas nous parlons de rédemption... c'est un de mes sujets préférés ;o)
Rédigé par : Catherine | mardi 22 juil 2008 à 14:06
En remettant de l'ordre dans mon tout premier blog (qui était sur ublog) et en essayant de remettre de l'ordre dans les liens, je suis tombée sur toi et sur les bons souvenirs. Je n'ai pas encore lu. Mais j'espère que tu vas bien :-)
Rédigé par : Akynou | mercredi 23 juil 2008 à 18:21
Hey bien ma chère, non seulement je vais bien mais je me demandais ce que vous deveniez. Je m'en viens à Paris en novembre!!!
Rédigé par : Catherine | mercredi 23 juil 2008 à 20:21
Ben on va pas très fort. Et dans quelques jours je quitte Paris pour Tours. Mais quand tu seras à Paris, on pourra toujours faire un saut pour te voir :-)
Rédigé par : Akynou | vendredi 25 juil 2008 à 03:00