J'essaie d'écrire (surtout dans ma tête pour l'instant), dans cette volonté d'écrire la folie. J'y pensais depuis un temps. Comment on peut écrire l'obsession compulsion sans la décrire? Et sans le savoir je me tape Les saisons de la nuit de Colum McCann où le personnage principal est clairement obsessif compulsif (obsession de symétrie). Column McCann s'en sort bien, c'est subtil tout en étant excessivement présent. L'obsession de la symétrie est peut-être la plus simple à décrire... il touche d'une main, touche de l'autre main. Se blesse d'un côté, se fait une blessure de l'autre. Est dit aussi combien tout cela commence par un jeu pour se terminer en maladie. Pourquoi ce jeu...? Là est toute la question. Pourquoi des gens ressentent le besoin de ce jeu pour contrer l'angoisse?
Mais ce que je voudrais c'est de pouvoir l'écrire à la première personne. Je voudrais que cet étourdissement créé par la compulsion se sente dans l'écriture. Ce qui est complexe parce que la compulsion semble se vivre à un niveau mitoyen de conscience, comme en parallèle avec le reste. Une narration à la première personne se situe généralement dans le niveau le plus superficiel de conscience. Elle peut à la limite choisir un autre niveau, mais comment faire sentir se parallèle entre deux niveaux de conscience? La simultanéité? Si j'écris le jeu mental je ne suis pas en train d'écrire la pensée. Or les deux se vivent au même moment, ou plutôt dans un va-et-vient continuel, de plus en plus rapide...Mais écrire ça c'est plate! En fait la compulsion elle-même c'est quelque chose qui est profondément sans intérêt. Ce qui est intéressant, c'est son effet... Mais comment écrire l'effet sans raconter la compulsion?
Quand j'écris mes narrations sont généralement blasées (oh surprise!). Des narrations analytiques, très fines, très précises, douloureuses mais à un niveau ailleurs de la douleur. Chirurgicales. Or, ce qui explique cette capacité à se maintenir dans la pensée en acier, c'est le niveau mitoyen de conscience qui lui 'joue' pour contourner l'angoisse. Comment on écrit ça? Je ne sais pas encore, je ne sais pas...
Vous connaissez des livres qui parlent d'obsession compulsion ou des narrations qui jonglent avec la folie?
Romans ou littérature spécialisée ?
Je cherche et reviens te dire.
Rédigé par : Douja | dimanche 28 oct 2007 à 06:19
Roman, roman... Je cherche des 'tons' pour en parler. À moins que quelqu'un connaisse un essai sur la folie en littérature, ça ça m'intéresserait!
Rédigé par : Catherine | dimanche 28 oct 2007 à 08:51
Tu le connais sans doute déjà... mais c'est ce livre qui m'est tout de suite venu à l'esprit en lisant ta demande :
Les mots pour le dire
de Marie Cardinal
Rédigé par : Apinpelusafac | dimanche 28 oct 2007 à 13:07
Mon grain de sel.
Personnellement, je te recommande de relire Maupassant. Les nouvelles «Un fou?» et «Folle» (parus toutes deux dans le recueil «Le Horla») sont exemplaires, à mon avis.
La précision du style doit pouvoir mener à comprendre la folie. Autrement, une écriture folle pour décrire la folie, c'est du n'importe quoi, à mon avis.
Et la première personne pour décrire la folie maniaque, jumelé à un narrateur à la 3e, ça me semblerait un compl`ément idéal. Genre: un monomaniaque et sa femme qui décrit ce qu'elle voit.
Ce ne sont que des flashs!
Ciao
Rédigé par : Regard urbain | dimanche 28 oct 2007 à 19:26
Merci pour les suggestions. Je ne pense pas pour l'instant être en mesure d'écrire à la 3e personne, ça viendra peut-être. Si je le fais ce n'est que dépersonnalisé.
Pour une écriture qui évoque la folie, ma lecture du Passager de Gilbert Larocque m'a beaucoup marqué. À la 3e personne.
Mais le but n'est jamais de la décrire, la décrire s'est facile. Le but c'est de la faire sentir.
Et je dis la folie, c'est un bien grand mot. Disons les écueils de l'équilibre mental.
Rédigé par : Catherine | dimanche 28 oct 2007 à 19:29
Bonjour! Je fais en ce moment une recherche sur l'écriture de la folie chez Blandine Solange dans son récit: Inoculez-moi encore une fois le sida et je vous donne le nom de la rose. Très intéressant! Aussi les oeuvres de Valérie Valère, Marie Vaubourg, Emma Santos, etc. Bonne lecture!
Rédigé par : | mardi 25 nov 2008 à 23:15