Je peux être d'une telle méchanceté.
Quand ça me saute au visage, ça fait un peu l'effet d'une bombe parce que j'entretiens un discours autoconvictionnel qui me présente comme quelqu'un de particulièrement ouvert d'esprit, posé et tourné vers les autres.
Mais je suis quelqu'un de tellement méchant par moment. Et d'aigrie. De plus en plus.
Évidemment c'est la méchanceté des gens blessés. Je suis méchante quand je me sens prise au piège, au piège de mes convictions, au piège de mes valeurs, au piège de mes pires névroses.
Le problème c'est justement que l'espace d'air se réduit ces derniers temps, alors je suis méchante de plus en plus souvent. Je suis prise au piège de plus en plus tout le temps.
L'autre jour en marchant sur Fairmount j'ai vu dans la vitrine d'un restaurant une jolie fille amoureuse qui tenait dans sa main celle de son homme. Je ne sais plus si elle frottait sa joue, ou son nez, ou ses lèvres contre cette main, mais c'était d'une telle douceur, d'une telle sensualité, ça m'a bluffée. Aujourd'hui chez Dairy Queen il y avait deux très beaux jeunes gens. Elle se pendait à son bras, et plongeait son nez dans son cou. C'était à la fois d'une élégance et d'une simplicité folle.
Je ne me rappelle pas comment on fait quelque chose comme ça. De follement doux et de follement beau. Peut-être en fait que je m'en rappelle pas parce que je n'ai jamais fait ça. Je me visualise très mal en train de faire quoi que ce soit de follement doux et de follement beau. Ça demande un abandon et une confiance en l'autre que je n'ai jamais eu. Que j'ai de moins en moins.
Parce que je suis parfois si méchante. Et aigrie. Je sais au fond de moi que je ne voulais pas devenir ce que je deviens, et pourtant je ne sais pas comment faire autrement. Reculer ce serait revenir à un ailleurs encore moins tolérable que celui-ci. Il ne faut pas reculer, il faudrait comme... s'élever. Mais je n'ai pas bien compris comment y arriver.
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