Les marées lumières

Moi'si, moi'si...

Après avoir lu mon collègue Daniel qui reprend la tradition, je vous partage moi'si le collier de perles que j'ai compilé il y a déjà quelques semaines mais que je ne vous avais pas partagé, encore en pause de blogue.

Numéro 15 (ou le cours d’histoire) :

Quand on se réfère à l’histoire on apprend que la naissance du commerce intercontinentale existe depuis le temps de la Grèce.

Numéro 14 (ou l’introduction-doit-inclure-une-présentation-des-parties-du-travail) : 

Pour ce, je vais, premièrement, analyser le premier texte, deuxièmement, le deuxième.

Numéro 13 (ou la cuvée électorale) :

Est-ce que les idées nouvelles proposent de la nouveauté?

Numéro 12 (ou le cours de FPS) :

Les causes du VIH deviennent de plus en plus graves.

Numéro 11 (ou la langue qui fourche) :

L’État traditionnellement avait le monopole légitime de l’exercision de violence.

Numéro 10 (ou le film d’horreur) : 

De nos jours, il est important de pouvoir trouver des solutions qui viennent hanter le phénomène de la sécurité internationale.

Numéro 9 (ou le lapsus classique) :

Jamais nous ne pouvions penser qu’une pandémie pourrait être à la souche d’un problème.

Numéro 8 (ou la langue de bois) :

Les penseurs constructivistes affirment que l’identité change avec le temps mais également que ces changements dépendent de l’ouverture au changement que l’identité déjà en place laisse au changement.

Numéro 7 (ou le questionnement sur demain) :

La réponse est d’autant plus imprécise que le siècle de l’avenir peut être éloigné de nous.

Numéro 6 (ou le questionnement sur le sens de la vie) :

Comment ferions-nous pour survivre sans le pétrole du Moyen-Orient, la cuisine italienne, les voitures allemandes, les auteurs français, la musique américaine, l’alcool d’Amérique centrale ?

Numéro 5 (ou la critique contre l’impérialisme) :

Il est largement probable que MacDonald fasse plus de morts que AlQaida.

Numéro 4 (ou la poussée de ferveur religieuse) :

Le vingtième siècle semblait bien s’achever, mais avec la mort du pape ainsi que les attentats du 11 septembre 2001, c’est un nouveau siècle qui s’entame sur une bien mauvaise note.

Numéro 3 (ou l’émotion politique) :

Avant de s’épencher sur les liens entre le terrorisme et les États…

Numéro 2 (ou la leçon de géographie) :

L’Irak devient un atout important aux Etats-Unis de par ses ressources naturelles, notamment le pétrole, et son pied à terre en sol européen.

Numéro 1 (ou tout est relatif) :

Ce texte explique vraiment le pour et le contre de la pandémie de sida.

Trace d'enfance

Décor d'enfants

N comme dans Non-dits

Si je savais parler, tant de choses que je devrais dire.
Heureusement que je sais écrire.

«...je t’aime étaient véritablement pour lui une sorte de formule sacrée, des mots aussi imprononçables que le YHVH des kabbalistes, des sons qu’il ne pouvait se résoudre à proférer, peut-être par crainte de mentir, ou encore de ne pas posséder en lui les fonds suffisants pour honorer cette espèce de chèque tiré sur les sentiments et les désarrois du cœur…»
Gilbert La Rocque, Le passager, Typo, p. 89.

(Jean-Pierre Ferland - Écoute pas ça)
Tant que nous y sommes Jean-Pierre, merci d'exister!

514/450

Suite à un message paru chez Pascale j'ai fait un commentaire qui se voulait assez posé, mais je me permettrai d'en rajouter.

Dans tout le débat Montréal vs régions, encore plus dans le débat Montréal vs banlieues, nous assistons à de graves glissements qui correspondent assez bien à l'état général du débat social dans les démocraties occidentales par les temps qui courent: nous personnalisons les enjeux. Mon exemple classique est toujours le même. Quand j'enseigne la théorie féministe, fréquemment des étudiants bien intentionnés me répondent «Moi je l'aime ma blonde...» Bien qu'il s'agisse là d'un commentaire tout à fait émouvant, je me dois de répondre que ce n'est pas tout à fait ça la question.

Écrire - Fragment 4

Je vous explique. Il y a plus de deux ans, ici même, je publiais par moment de courts textes baptisés «Extrait fiction» faute de mieux. Il s'agissait en fait de fragments d'un quelque chose qui aurait bien voulu s'appeler roman un jour. Et parce qu'écrire c'est difficile, ça a finit par s'essoufler dans un dossier quelconque de mon quelconque disque dur.

Et ce week-end j'ai ressorti le tout. Pour l'instant je travaille chacun des fragments dans le but d'en faire de chacun le meilleur de moi. Après on verra. Allez, tirez la langue, je vous fais goûter.

Turquoise et rouge

V comme dans Voisinage

Redécouvrant les joies de l'été urbain je comprends tout le sens de la ruelle. C'est vraiment derrière un appartement que se tisse le voisinage, non pas devant.

Le matin je suis réveillée par un enfant des alentours, souvent la petite demoiselle d'à côté, qui discute discrètement avec sa cousine qui vit au rez-de-chaussée. Je serais bien mal placée pour me plaindre d'une voix d'enfant...

Quelques minutes plus tard je sors sur le balcon pour savourer le thé et écrire quelques mots pour me souvenir de cette chouette vie faite de petits pas de rien. J'adore être assise là et écoutez les voix d'à côté. Ça semble tellement vrai et tellement simple, un quotidien avec une demoiselle blonde qui pleure, qui chigne quand on lui dit non, qui crie quand on lui dit «chut», qui rit trop fort quand son père blague et qui vieillit doucement. Et je capte des bribes de leurs conversations de banalités et tout ça coule doucement. Ça me réveille en me rappelant que c'est ce dont je rêve. Comme me le soulignait quelqu'un cette semaine, c'est un peu plate quand même, parce que je ne suis pas très exigeante en fait de fantasmes de vie.

Et je ne vous parle pas de celle du haut qui marche à peine et qui a des cheveux de soie, comme une chinoise blonde. Et du bébé gêné du dessous qui des fois lève ses grands yeux noirs vers moi qui lui marche sur la tête.

Et que dire de du grand qui vit au deuxième de l'autre côté de la ruelle. Mais ça c'est une autre histoire...

(Thomas Hellman - L'admirateur secret)

A comme dans Âge

Retourner sur ses propres traces est toujours une expérience étonnante. Tandis que nous sillonnions le vert laurentien, j'étais un peu étonnée de ne pas reconnaître mes repères. Le développement touristique fait ce qu'il peut et pas toujours pour le mieux. L'autoroute 15 n'est plus tout à fait celle que j'ai tellement parcouru. Mais les teintes du printemps, elles, n'ont pas changé. Et l'air... Sortie du smog urbain je me suis rappelée avoir été élevée dans ce qui est ni la campagne, ni les montagnes. Ce lieu-là, de vallons et de collines. Et d'air donc.

Je savais qu'il serait là. À peine avais-je poussé la porte que son oeil rencontrait le mien. Il a eu l'air à la fois surpris et heureux mais n'a pas détourné la conversation qu'il tenait. Pour ma part, il m'a surtout semblé qu'il n'avait pas changé, pas vieilli. Qu'il était plus élégant, plus beau, plus attirant que dans mes souvenirs. Tellement bien dans sa peau.

À l'époque, il y a onze ou douze ans, je l'aimais beaucoup mais ce n'était pas vers lui que se portait mon dévolu. Je craquais immanquablement pour mes profs, mais lui était trop vieux. Ceux qui avaient 28 ou 30 ans me faisaient un de ces effets... Et je m'évertuais à répéter que si entre 16 et 28 ans la différence semble énorme, elle ne serait plus grand chose dans quelques temps.

J'étais hier au milieu de tous ces gens, entourée de nouveaux adolescents, et je le regardais lui avec mes yeux de femme à me demander quel âge il peut bien avoir. Comment était-ce possible qu'à l'époque il me semblait trop vieux et que soudain... comme s'il avait rajeuni. Et je réalisais que mon intuition d'adolescente avait eu raison: en vieillissant la différence d'âge s'amenuise, se résorbe, jusqu'à n'être plus qu'un détail. Un détail avec son importance, mais un détail tout de même, une virgule.

J'ai l'impression que les adultes n'ont pas vieilli et qu'il n'y a que moi qui aie couru derrière pour les rattraper. Quelques autres repères en moins... mais le développement touristique n'y est pour rien.

(Jeanne Moreau et Yves Duteil - L'adolescente)

Pour le meilleur...

Parfois le meilleur ne fait pas assez parler de lui. Le dernier album de Daran est... magnifique. Les textes, la musique, la voix, le tempo, les chansons qui se fondent les unes dans les autres, les photos de la pochette. Tout est beau. Succulent.

Pour résumer je dirais que l'album pose une question fondamentale: comment rester intègre quand finalement la vie est assez généreuse et que du coup on se retrouve du côté des gagnants? Cet album est à la fois cinglant et mélancolique. Une belle suite, en continuité, avec Pêcheur de pierres. Je ne saurais trop vous encourager à vous-savez-quoi...

Et pour vous appâter, après maintes hésitations...