Juste une percée pour vous dire que rien ne change. Derrière le silence des murs l'immobilisme encore. Et mon corps se consolide dans son silence de gestes. Et je m'endurcis dans mon cynisme.
Je ne pleure plus vraiment et quand j'essaie on dirait que je joue dans RamDam. C'est dire.
Chaque mois que j'avance je me sens devenir plus sereine. Mais la sérénité n'a rien à voir avec l'accomplissement, seulement avec le lâcher prise. Avant face à l'échec je griffais, je gueulais, je tragédiais. Après je suis passée en mode plus soft. J'ai pleuré, sur moi-même, sur les cercles vicieux qui sévissent. Aujourd'hui je souris presque soulagée d'y avoir échappé.
Les hommes que je rencontre (et si ce n'était que moi encore...) ont tellement peur de l'engagement qu'ils déguerpissent après s'être assuré d'avoir bien souligné et signifié tout l'intérêt que vous représentiez, mais avant de faire un pas significatif. Et ils disent, ou ne disent pas mais laissent entendre «Je ne suis pas prêt pour ça...» Ça c'est la vie de couple genre. Entre les lignes ça veut dire «Je sens que tu es très amoureuse de moi, mais je ne suis pas prêt pour ça...» Et toi, bon, ça te fait sourire un peu, parce que bon hein, t'étais pas amoureuse vraiment toi. Tu répondais à la drague, tu dansais dans le jeu, et tu disais, ben pourquoi pas. Toi aussi t'étais morte de trouille, tu demandais si t'étais prête pour ça, si c'était le bon. Toi aussi t'étais torpillée par le doute. Mais bon, botte-toi le cul, prend le téléphone et fais-le parce que hein, qui ne risque rien n'a rien. Et puis quand t'appelle il est toujours content. Et il dit oui quand t'invite. Mais toi tu doutes un peu, beaucoup, mais tu te dis, bon, allez l'ado, un jour oui, ce sera ton tour. Et tu fais taire les fantômes qui disent que ça ne marche jamais. Et pour savoir faut aller voir. Et puis tu te dis que peut-être que dans un mois ça ne sera pas ça, et qu'il faudra avoir la force de reculer. Mais tu pourras pas, pas le temps de te rendre là, on t'a plaquée avant que t'arrive à la fin de la question. En fait on t'a pas plaquée, on s'est bien assuré de ne rien commencer. On a dragué, on a dit les mots gentils, suivi le petit guide du B-A-BA. On a répondu oui à tes pas à toi, mais jamais un pas autonome. Marcher vers l'autre c'est déjà trop demander.
Et voilà. Je m'encroûte. Montagne de cynisme. Et je n'ai toujours rien de plus ou rien de moins, comme vous voyez, à vous dire que ce que j'ai répété toutes ces années.
Ah mais faut pas croire que la vie est fixe. Les livres sont bons, le bureau roule, le printemps pleut, les bébés grandissent, les vacances approchent, la session est finie, la musique est bonne. Faut pas croire hein... Mais j'avais pas un blogue pour parler de ça, je commencerai pas aujourd'hui. J'avais un blogue pour le dedans.
Dedans. Quelque chose est mort. Ou se meurt. La conviction de valoir un petit détour, un geste difficile, faire un pas vers moi. Et l'espoir de voir fleurir quelque chose qui ressemblerait à la troisième personne du pluriel.
Pendaisons publiques prévues sous peu dans un quartier près de chez vous:
1- Le prochain que j'entend dire «C'est pas le bon timing...» ou tout autre dérivé de la même idée
2- Le prochain ami hétérosexuel qui partage tout avec moi dans un délire d'intimité qui va me dire «Je ne comprends pas que tu sois célibataire...» sans se rendre compte qu'il contribue à grossir la liste de ceux qui ont dit non
3- Le premier qui laisse un commentaire ici qui se décline en «Tu dois t'aimer d'abord...», «Tu te compliques trop la vie...», «C'était pas le bon numéro pour toi...» ou toute autre intense banalité du genre
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