Je me sens comme le temps. Grise, terne, un peu échevelée, sans boussole et sans continuité. Pas malheureuse, pas mélancolique, pas triste. Un peu colérique. Et en manque de balises. J'ai la vie en perpétuel changement climatique. Il me faut absolument faire le ménage des restes qui me moisissent l'existence. Régler les dossiers qui, béants, s'éternisent dans mon quotidien et m'empêchent de définir un horizon. Un horizon dont j'aurais tant besoin. Un fil que je pourrais suivre, en équilibre, avec des projets parfois utopiques, mais des projets au moins.
Au moment où les premières questions se sont mises en place, je m'interrogeais: Vais-je rester à Montréal? La poser avait un sens. Je me sentais prise ici par une maison que j'aime et par des engagements que j'aime plus ou moins, dépend des jours et du sens du vent, mais que je ne sais pas quitter. Même si l'envie de partir, toujours présente depuis des années, cette envie de partir, d'aller voir ailleurs si j'y suis, me taraudait encore. S'exiler. Tout recommencer.
Aujourd'hui j'ai moins que jamais envie de m'envoler. La question pour l'instant n'a plus de sens. Dans les dernières années, les derniers mois, j'ai découvert le sens de l'amitié. J'ai du temps à rattraper, et un sens de la perte aiguisé. J'ai compris ce qu'était un pays, je n'ai pas trop envie de ce genre d'exil.
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