Il est là, il se pose contre un mur ou une colonne. Il s'enligne. Il vise, l'oeil qui se perd dans les surimpressions de verre. Il cherche la lumière. Les doigts habiles s'ajustent à l'aveugle contre l'outil de son désir de sens. La Vue. Grand V.
Il est là, organique, l'oeil surexposé, l'âme à l'affût du petit plus qui embellit notre regard quotidien. Il croque de l'autre le sourire ou la mimique, sensible, il écoute avec ses yeux. Il écoute les détails, la musique des mouvements, les éclats du soleil, les ombres qui déchirent l'espace.
Il n'aime pas les conditions idéales. La belle photo est celle qui émane du danger. Téméraire créatif, il cherche et creuse l'air pour en sortir un joyau.
Il a les muscles tendus, son corps comme meilleur trépied, les biceps qui cherchent stabilité. Il croque la vie. De jour comme de nuit.
L'art de photographier implique de se poser face aux mondes, concentré dans une parcelle de temps et de lumière. L'art de photographier implique de prendre à bras le corps la chair du monde dans un mouvement subtil et invisible pour les non-initiés.
Un beau photographe, c'est aussi organique qu'un beau guitariste. C'est vachement sexy la photographie. Rockstar, voleur d'âme et snappeur d'esprits...
Étant aussi un aficionado de la photographie, ton texte réveille en moi d'agréables sensations souvent vécues. Cette phrase «[le photographe] écoute avec les yeux» offre une synthèse parfaite de cette activité.
Pour ceux et celles qui pratiquent la photographie argentique, on pourrait ajouter dans cette description jouissive tout le plaisir (et l'angoisse aussi) ressenti dans la chambre noire lorsque l'on voit apparaître, sous la lumière inactinique, l'image.
Rédigé par : l'Indécrottable | lundi 08 août 2005 à 09:04