Ma Sauterelle,
pour ces moments où on aurait pu se perdre, se rencontrant dans les champs où les grillons chantent trop forts, où les sèves parfument les gosiers, où les confidences se confrontent au poids de troubles qu'elles portent en leur sein, où les gestes tendres ne veulent rien dire, où l'amitié se développe parfois entre les herbes qui poussent pour l'étouffer. J'ai pris hier sous le soleil martelant, conscience de ce bonheur que j'ai à te savoir dans ma vie, sans trop te connaître, en prenant le temps de laisser les fausses impressions et les malentendus se disperser.
Pour ta générosité, ton rire et tes doutes. Pour cette cuvée 1980 qui tourne au quart de siècle, symbole parmi d'autres... Mais je fais partie de ces gens pour qui l'adjectif 'symbolique' ne rime pas avec insignifiant.
Je te souhaite de trouver ce que tu cherches pour cette nouvelle année. Le fil d'Arianne qui te tissera de passion, qui te posera au creux de la main les projets pour fleurir encore plus et pour que le bleu de tes yeux ne soit gris que pour plaire et de moins en moins pour douter de toi.
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Mon beau Pat,
j'ai cherché les premières traces de nos échanges, l'ordinateur les a bouffé. Presqu'un an déjà. Je me rappelle que j'ai vu ton regard sur cette photo en close-up et que j'ai flashé sur le fond de tes yeux qui disait bien peu de ton âme. Je me rappelle que j'ai failli décrocher parce que je te trouvais trop violent, trop amer, trop saoulon, trop ce que je n'étais pas et ne serait jamais (eh oui...) assise dans le vert de ma banlieue, dans le bleu béton de ma piscine chloro-aseptisée. Je me rappelle qu'à cause des yeux j'ai décidé de t'écrire. Je me rappelle qu'alors j'ai fermé l'autre blog et ouvert celui-ci. Je me rappelle que ton aplomb m'a convaincu que tout ce disait même signé par notre nom. Je me rappelle que tu étais le premier carnet québécois que je lisais. Je me rappelle que je suis partie de chez toi pour aller là et là, pour ensuite élargir vers là, et là, et là et pour aller bien plus loin encore. Je me rappelle que ma vie changeait un peu, que je marchais sur mes 25 ans.
Je me rappelle avoir écrit ceci et avoir écrit cela.
Je ne savais pas qu'on allait se rencontrer un jour. Je ne savais pas que j'irais virer à Baie-St-Paul boire une bouteille de vin et parler de tout et de rien. Je ne savais pas qu'un an plus tard on en serait là.
Je ne savais pas qu'à travers toi j'apprendrais des nouvelles définitions du mot violence et que je comprendrais toutes celles qui moisissent dans mon nombril.
Je ne savais rien de tout ça. Et dire que j'ai failli fermer le site et ne pas aller lire parce que c'était trop noir et plein d'images qui me plongeaient le coeur dans des vomis que je ne voulais pas sentir... Une chance que tu avais des beaux yeux, pour changer ma vie comme ça...
Pour ta franchise, pour ton inventivité, pour tes tours bandables [je voulais vraiment écrire pendables, mais je pense que c'est trop fort comme lapsus pour que je vous en prive!], pour ta compréhension intuitive du médium que tu maîtrises comme personne, pour ton côté brouillon, pour ton côté éclaté, pour ta recherche silencieuse d'un hécatombe de sens. Pour ton talent et pour ta solidité. Pour la façon dont tu nous uppercutes la vie en pleine face chaque fois qu'on s'assoit un peu trop confortablement sur notre merde.
Merci... d'avoir allumé l'étincelle qui tranquillement change ma vie. Me voilà prise pour t'être éternellement reconnaissante, ce qui ne sera pas de tout repos, je le sens...
Et bon anniversaire petit chat même pas vraiment gothique.
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