Les marées lumières

Extrait fiction - Évidence

Pour une grande proportion de gens -menteurs!- il ne peut pas y avoir de désir sans amour. Mais moi je persiste et signe: il ne peut pas y avoir d’amour s’il y a un désir de cet ordre.

Extrait fiction (mais oui, groupies en délir, ça avance...)

Ma vulgarité s'inscrit dans l'écho du vide, du néant, le cou perlé, la lèvre digne et cette envie de pleurer. Cette envie de drainer l'agenda de toutes ces plages, celles de la lubricité. Je ne suis jamais prête à tolérer le vide de ma main, de mon œil, de mon sexe? Je baise mathématique, codifiée jusque dans mon plus intime. J'aime encore mieux le bruit du plaisir gratuit que celui des amours ratés.

Érablière

Coït éthylique

Des synapses se sont touchés quelque part au détour d'un scotch orgasmique. Une phrase sans grande portée qui fait perdre pied. Une petite descente dans les interstices des divans analytiques. Faire des liens. J'avais la mâchoire gelée et je sentais l'interdit dans la partie arrière de ma langue. J'avais les neurones qui dansent et cette impression de toucher du vrai entre les courbes des phrases.

On élève les enfants dans la peur. Et irrémédiablement on les jette dans les bras de nos pires cauchemars, ceux qui ne se verbaliseront jamais. Et les non-dits sont toujours le terreau des grandes déceptions, des grandes cicatrices, des éternels recommencements.

Hier au détour d'un orgasme éthylique j'ai perdu pied et senti mes synapses se coller. J'ai lu dans le blanc des lignes des réponses longtemps attendues. Mais il y avait un genou en résille et quelque part une main qui se pose sur la mienne. Les plus grandes dérives font moins peur devant l'inébranlable respect des compagnons d'équipage.

Libérée

Seule une parole modelée dans l’argile au plus lointain de cette terre rouge me libérera du rite mortuaire.
Jean-Claude Izzo, Loin de tous les rivages

Amour

De mots en clés

Il y a trop de mots, voilà, beaucoup trop. 4478 mots. Je vais décapiter chaque vers des mots laids mais utiles et je ne vais garder que la poésie des lettres. Que des mots nus, beaux, porteurs. D'ailleurs je pourrais faire un dictionnaire au lieu d'un recueil, ça me ressemblerait bien plus. À quel moment je suis devenue blasée, à quel moment j'ai fermé le bunker, distribué les clés avec parcimonie et rationalité paranoïaque?

Une clé pour toi, restreinte, accès privilégié à la Zuda des moments magiques. À utiliser à volonté, sans restriction médicale, la tête derrière une étrange ceinture de chasteté, le coeur cadenassé. Une clé pour toi, plus précieuse, plus sincère. Je m'abandonne dans chaque caresse comme une enfant contre la peau de ses parents. J'ai les yeux qui parlent de vérité, de rires, de douleurs, de rêves, de bonheur, d'amour en fait. Mais c'est une clé qui me met à côté de mes pompes. J'ai 7 ans et je me laisse aimer, pleine de réserve, de retenue, de chlorophylle en contemplation végétative.

Défi de la vie. Rencontrer désir et confiance et offrir tout le trousseau à la même main.

Carré dans le rouge

Suffit qu'une fille prononce le mot «seins» pour qu'on se mette à se demander de quoi ils ont l'air. C'est involontaire, comme la dilatation des pupilles, il faudra leur expliquer un jour. (Chercher le vent, Guillaume Vigneault)

C'est rentré direct, presque aussi direct que le repas de cabane à sucre devenu emblème de résurrection (normal d'avoir l'impression chaque fois qu'on va y laisser le foie?). Moi je parle jamais de seins d'abord, je fais mieux que ça, je suis en grève.

Depuis trois semaines j'arbore le carré rouge sur mon manteau. Solidarité. Il y a une semaine j'en ai pris un deuxième pour l'habit de corps, histoire d'être solidaire pas juste en hiver. J'ai appris aujourd'hui qu'on peut le mettre n'importe où le vilain feutre (casquette, sac, col de chemise), moi il me semblait logique de me l'épingler sur le coeur. Vous saviez déjà que je révolutionnais sans demi-mesure de la tête aux fesses, ça ne devrait pas vous surprendre. J'avais oublié au détour que sur mon coeur, il y a un sein. En fait entre mon coeur et le feutre rouge, il y a un sein. (Certains diraient 'boule' mais je ne les nommerai pas histoire de protéger des réputations.)

Pas une seconde je n'ai pensé que les gars que je côtoie en feraient un plat. Je connais bien des filles qui se sentent objet sexuel à tort et à travers, j'ai plutôt tendance à me percevoir comme plante verte... à tort et à travers.

Et là j'ai tout entendu en une semaine, même qu'on y prend goût. Inconsciemment je me suis peut-être épinglé le sein solidaire dans ce but, appel à la collectivité mâle 'Parlez-moi de moi'. Non, non, c'était un geste spontané... Entre le rouge et mon coeur, cachez ce sein que je ne voudrais pas vous imposer. Et fallait que ce soit Guillaume Vigneault qui ouvre mes lumières.

Vous parlez du carré pour me mater les seins bande de pervers? Moi qui ai toujours cru que vous me dressiez un autel dans la liste des créatures les moins sexuées de l'univers quelque part derrière Youppi et Soeur Angèle.

Appelons ça un réveil pascal!

Ying-Yang

Attente