Parmi mes madeleines de Proust, comme ça, je ne retrouve pas le goût du métal.
Depuis une semaine je léche quelques pièces de monnaie, même des vieilles pièces frappées de Marianne , d’Elisabeth Regina, des pièces trouées australiennes, un vieux Pfennig de la DDR, un Token de l’Underground NYkais millésime 1972 , j’essaie boutons de manchettes, pinces à cravate, épingles de sûreté, clefs, porte-clefs, trousse à outils, quelques plats et cadres pour photos, boutons de jeans, tous labels confondus, je vais même jusqu’à ouvrir l’armoire à chaussure, oeuilléres de bottes, chaussures de ski, chausse-pied, poignets de portes, matériel de sanitaire.
Aucun goût, je passe à la cuisine, léchant casseroles et poëlles, boites, couvercles, support de cartes postales, non aucun goût.
J’essaie quelques cadres de tableaux, désespéré, je cherche mes valises, les clous et serrures de mes valises dures, de mes valises molles, même les fermetures éclairs des sacs de voyage, tout à coup, illumination, je cherche clefs de valises et cadenas, toutes les marques y passent, je léche les produits manufacturés par les familles Dumas et Pinaud, aucun goût !
Mon PC, mes horloges, mes montres, leurs fermoirs, mes stylos Mont-Blanc, aucun goût !
Peut-être dans cet appartement datant de 1948, les serrures et clefs de porte ?
Non !
Il est tard, je descends les quatre étages, l’ascenseur, enfin les quelques pièces de métal sont passés en revue, toujours rien ! Ma voiture ? Les jantes de roues peut-être ?
Je n’ose ouvrir le capot du moteur, allons-y, non aucun goût.
Perdu, déçu, frustré, horripilé, je passe en revue, de retour dans mes murs, tellement de choses sont en plastiques de nos jours, j’essaie à nouveau les quelques meubles d’époque, serrures, décoration de serrure, clous de fauteuils, non, je ne sens rien, mon armoire à chaussure peut-être, ce meuble d’un designer de métal galvanisé, non !
En dernier recours, je décroche les tableaux du mur, je suis collectionneur, je passe clous et vis en revue, non toujours rien.
Je me remets à mon clavier, je n’ai aucune mémoire de goût du métal.
Quand comme un éclair métallique dans un ciel nocturne de nuit d’automne, me revient le goût du métal, oui, tout à fait, mais cela n’a jamais généré de madeleine de Proust, j’ai dans la bouche le goût du métal, le goût d’une autre bouche, ages ago, ma langue glacée par une langue froide ! Une langue froide et glacée : Le goût du métal…
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