Aussi dissemblables que possibles, elle arabe et moi espagnole d'origine lointaine et française plus avant, elle dense et ronde, moi effilée les pieds maigres, mat et blanche, les yeux grands ouverts-aveugle, la peur du noir immense où je me tiens paisiblement. En cette dissemblance parfaite, nous étions complètement faites pour nous entendre : elle habitait parfaitement le creux de mon bras, si parfaitement que ses hanches venaient se loger au dessus du petit creux de ma hanche, lovées ainsi côte à côte on aurait dit le coeur brisé reunit comme deux lèvres qui s'embrassent, en dormant, l'épaule sous sa tête. Comment finirent ces deux personnes si faites pour s'entendre ?
Connaissez vous la paralysie amoureuse ? L'amour hante le corps, le corps de l'amour est une sorte de fantôme puissant, un oiseau qui reste quand la cage a finit par se dissoudre, un amour digital qui me fait lever le bras en pleine nuit, un grand cri lancé vers le ciel poignardé, hurlant de douleur réelle le souvenir enfuit de quand elle était là, à dormir une partie du jour encore, sur mon bras. Cette douleur si physique qui fut jadis une joie, c'est l'absence. Le nerf pincé, le cours du sommeil étranglé, alors le corps qui ne parle pas mais exprime tout muettement sait que l'absence est trop pesante !
(merci à Mélie des "Enfants rouge" pour sa note sur la Paralysie d'amour et à B. pour "une passion dans le désert")
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