Coïtus Impromptus (Version 1.0)

... j'ai rajouté un peu de sel (Oncle Dan)

− Ma soeur n’est jamais allée dans ce pays , Inspecteur. Elle estimait que l’on y mangeait beaucoup trop de viande alors qu’elle ne se nourrissait pratiquement que de légumes.

Armelle voulut informer l’inspecteur de l’objet de sa visite avant d’être à nouveau interrompue par un Coïtus Impromptus.

− Je servais à ma sœur un minestrone de ma composition, commença-t-elle, lorsqu’elle a ouvert un billet anonyme,  reçu le matin même. En le lisant, elle faillit s’étrangler en avalant la première gorgée de potage. Mais c’est infect ! a-t-elle hurlée...

− Alors, qu’avez-vous fait ? Questionna Marfau, heureux de voir son enquête enfin progresser.

− J’ai rajouté un peu de sel.

Le carnet de l'auteur

Vive la mariée! (Oncle Dan)

− Je vous incite donc à la plus grande prudence. Mademoiselle. Nous allons mettre votre appartement sous surveillance avant que Le Boucher ne vous inscrive sur son tableau de chasse.

Armelle était sur le point de parler à l’inspecteur de la lettre anonyme reçue par sa sœur peu avant le drame mais fut à nouveau interrompue par des bruits de klaxons et des acclamations dans la rue. Vive la mariée !, Vive la mariée !

L’air soucieux, l’inspecteur Marfau ferma la fenêtre. Il avait le sentiment étrange que des événements bizarres et incohérents, comme télécommandés, contrariaient le cours de son enquête.

− Votre sœur Alice s’est-elle rendue récemment aux Etats-Unis ? Nous avons trouvé des dollars dans son porte-monnaie.

Le carnet de l'auteur

Alice au pays des miroirs (Oncle Dan)

− Naturellement, inspecteur, je suis végétarienne comme ma sœur l’était. J’ai toujours eu les mêmes envies au même moment puisque Alice était ma soeur jumelle. Elle était ma copie conforme, mon double, mon reflet. Nous la taquinions souvent en l’appelant « Alice au pays des miroirs ».

Regrets et remords (Oncle Dan)

Elle rentra de la morgue, rongée de remords. Elle s’en voulait de n’avoir pas suffisamment prêté attention à la lettre anonyme reçue par sa sœur.

La fin de sa journée se passa dans les incertitudes et les regrets.

Sa nuit fut agitée de cauchemars peuplés de bouchers sanguinaires, de sorcières élaborant des préparations magiques à base de ciguë ou de jusquiame, et de démons plongeant des suppliciés dans des pot-au-feu bouillonnants.

Lorsqu’elle pénétra, le lendemain, dans le bureau de l’inspecteur Marfau, celui-ci crut voir une revenante, tant sa ressemblance avec sa sœur était flagrante. Le même corps d’asperge et les mêmes pois chiches à la place des yeux.

− Etes-vous végétarienne ? lança-t-il avant qu’elle n’ait prononcé un mot.

Le carnet de l’auteur

Armelle fixa le coin... (Oncle Dan)

Armelle fixa le coin du drap que l’agent de la morgue venait de rabattre sur le visage de sa sœur.

Un sentiment de révolte, mêlé de dégoût, l’étreignait.

Elle avait immédiatement accouru lorsque l’inspecteur de police lui avait annoncé l’affreuse nouvelle. Sa sœur, sa petite sœur chérie. Tuée en pleine foule alors qu’elle faisait son marché ! Comment cela avait-il pu être possible ?

Elle frissonna en se souvenant subitement de la lettre anonyme que sa sœur lui avait montrée récemment. Elle était faite de collages avec des mots découpés dans des journaux. « Je t’éplucherai, te découperai en rondelles avant de te jeter dans mon pot au feu. Signé le Boucher ». Elles avaient ri de bon cœur, étant persuadées qu’il s’agissait d’une blague des potaches qu’elles avaient rencontrées un mercredi midi à la taverne du coin. Sa sœur avait jeté la lettre.

Il faudrait qu’elle en parle à l’inspecteur.

Trois dollars et quelques sous (Oncle Dan)

-OK, chef, mercredi midi à la taverne du coin … nous y serons.

L’attention de l’inspecteur Marfau fut alors attirée par un objet vert au fonds du cabas à provisions que la victime tenait serré contre elle. Il s’agissait d’un minuscule porte-monnaie en forme de haricot vert dont il tira délicatement le scoubidou accroché à la fermeture éclair.

− Trois, quatre, quatre euros cinquante, quatre euros cinquante cinq chef, et … tiens, c’est étrange, il y a également trois dollars et quelques sous !

Le sourcil en accent circonflexe, le commissaire s’approcha de l’inspecteur.

− Des dollars dites-vous ? En êtes-vous sur ?

Marfau brandit les billets verts sous le nez de son patron.

La vue de l’oncle Sam plongea le commissaire Brachol dans un abîme de perplexité.

− C’est bon, Marfau, faites emmener le corps à la morgue pour une autopsie.

Le carnet de l'auteur

Un mercredi midi... (Oncle Dan)

Le commissaire Brachol enrageait. Son visage congestionné passa d’un beau rouge écarlate à d’autres nuances plus soutenues où se mêlaient le vermillon incandescent et le cramoisi enflammé.

Le Boucher, encore et toujours lui, avait embroché cette malheureuse végétarienne.

− Il y a autre chose sur le « bout de papier » …

− On peut dire, Marfau, que vous faites durer le plaisir. Vous distillez vos informations au compte-gouttes ! éructa le commissaire. Et peut-on savoir quoi … si ce n’est trop vous demander ?

− « Mercredi midi à la taverne du coin. »

− Bon, alors, Marfau, mercredi midi, vous êtes à la taverne du coin avec votre équipe et vous observez. Mais … de la discrétion, Marfau, de la discrétion !

Le carnet de l'auteur

Un petit bout de papier... (Oncle Dan)

Vous avez vu commissaire ? Il y a un petit bout de papier chiffonné dans la poche arrière de son jean.

L’inspecteur Marfau se pencha sur la victime qui baignait dans son sang, sans avoir seulement pris la peine d’ôter ses vêtements.

Elle regardait fixement l’inspecteur avec une insistance malsaine. Son regard figé semblait dire : « Il me semble vous avoir déjà vu quelque part, mais je ne saurais dire où exactement ».

Beaucoup trop galant pour dire d’une femme qu’elle est laide ou même peu gracieuse, je me contenterai d’affirmer que cette victime-là était purement et simplement ignoble avec son corps d’asperge, une pomme de terre à la place du nez et des oreilles en forme de choux fleur.

L’inspecteur extirpa délicatement le papier froissé de la poche du jean. L’atmosphère était tendue comme la main d’un mendiant à la sortie de la grand messe. Le temps se démultipliait. Chaque seconde pesait une tonne.

− Alors, qu’y a-t-il d’écrit ? s’impatienta le commissaire.

− C’est mal écrit ! Gémit Marfau,… Une botte de poireaux, deux kilos de carottes, 2 navets, 3 concombres et une laitue » ânonna-t-il.

− C’est signé, hurla le commissaire. Le Boucher a encore frappé. On peut inscrire une végétarienne de plus dans la liste de ses victimes. Je l’aurai, un jour. Je l’aurai.

Le carnet de l'auteur

Photo (Oncle Dan)

Je suis pigiste dans une petite bourgade très tranquille où il ne se passe jamais rien.

Ma spécialité au journal, c’est les faits divers. Un nid de frelons part-il en excursion ? Une mamie se fait-elle cambrioler ses économies ? J’accours. Je prends une photo et j’écris trois lignes pour mes lecteurs toujours friands de ce genre d’événements.

C’est un bon début et je me suis déjà fait un nom au canard. On m’appelle « La chèvre » ! Mais j’ai d’autres ambitions. J’aimerais devenir grand reporter.

J’ai écrit un article sur l’importation des machines à coudre chinoises, des bijoux de miniaturisation (voir la photo). Un article très intéressant sur le plan scientifique. Il a été publié fin décembre mais n’a pas eu le succès mérité pour cause de tsunami.

Il doit paraître à nouveau lundi.

J’espère qu’il passera moins inaperçu car j’avoue que pour le moment, ma carrière piétine.

Le carnet de l'auteur

Gate number J10 (Oncle Dan)

Pourquoi « Gate number J10 » est tatoué sur mon bras ?

Mais parce que cette porte m’a sauvé la vie p’tit gars.

Je m’en souviens comme si c’était hier. Enfin, c’était en 2526. On rev’nait d’une excursion dans les anneaux de Saturne quand cette putain de rétrofusée a merdé.

Après quelques mois, on n’avait plus rien à bouffer et ce con de Jo qui me regardait comme si j’étais une dinde aux marrons !

Il était sur le point de m’occire quand « Gate number J10 » s’est mis à clignoter sur les panneaux de contrôle.

Y a une fuite sur la porte J10 que j’y dis. Va voir.

Cet imbécile y est allé et la porte a cédé. A l’heure qu’il est, y doit encore tourner au bord de la galaxie.

En se détachant du module, « Gate number J10 » a frappé la rétrofusée qui s’est remise à fonctionner.

Et m’voilà p’tit mousse.

Le carnet de l'auteur