Tu dors tête-bêche, pelotonné en toi, juste une barbe et un slip.
Et tu décales l'hôpital.
Tu as l'air paisible.
La peau de ton corps est celle d'un enfant, glabre et lisse.
Le contraste avec ton visage buriné est saisissant.
Je te rencontre, nu de partout, mieux que jamais auparavant.
Alors, je me découvre, par solidarité.
Je tends la main et te frole tout doucement l'épaule, le bras.
Tu ouvres lentement les yeux, innocents dans une gueule usée, en
brousaille.
Ton regard sourit en bulles et se répand partout.
Un bisou donné, un bisou reçu.
Tu caresses ma main, touches délicatement mon ventre.
Tu me redonnes vie.
Les paroles n'arrivent pas à nous.
Le contact de nos mains, de nos yeux, nous ancre dans cet instant, à
nous.
Plus de nausées, plus de tamtam dans la tête, seulement le soleil qui
se reflète dans la fenêtre d'une maison sur la colline.
Demain, tu seras dépossédé, donné en pature aux monstres.
Chimio. Rayons. Epuisement.
Aujourd'hui, la montagne est belle et ta peau est douce.
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