Coïtus Impromptus (Version 1.0)

L'Être et le néant (Daniel)

— Alors?
— Alors quoi?
— Tu crois qu’il va sauter?
— Il m’a l’air décidé. La corde est solidement nouée autour de son cou.
— Mais ça fait trois fois qu’il monte sur cette chaise.
— C’est qu’il en faut du cran, quand même.
— Je me demande bien pourquoi il veut en finir…
— D’après le rapport, il a tout perdu au casino. Il est complètement lavé, le monsieur.
— Tu penses qu’il va demander pardon à sa famille?
— T’as qu’à jeter un œil sur la lettre qu’il a laissée sur la table de cuisine.
— J’ose pas.
— T’as des principes maintenant?
— C’est que je voudrais pas manquer son suicide.
— Il est pas encore prêt. Cours voir, et reviens avec la lettre. Je suis un peu curieux, moi aussi.

La fascination du pire (Daniel)

Je sais que ça sent mauvais, mais j’y peux rien. C’est les chiottes! L’enculé de proprio est pas pressé de faire réparer la tuyauterie, alors, forcément, les trucs s’accumulent, et ça déborde. Mais qu’est-ce que tu veux que j’y fasse moi? Je suis pas plombier. Faut pas croire que je me plais dans ça, par exemple. Non monsieur! Sauf que vivre dans un merdier pareil, c’est un peu se rapprocher de ses racines, pas vrai? Heureusement pour toi qu’y fait pas trop froid et que je peux encore ouvrir les fenêtres parce que sinon, tu dégueulerais ce que t’as dans le ventre pis tu dévalerais les escaliers trois pas trois en criant qu’y a un cinglé au quatrième.