LA HONTE
Il posa son doigt sur l'interrupteur. La lumière émergea et nous fûmes découvertes. Le monde venait de s'écrouler. Nous étions là, ma Chloé et moi, enlacées, ma main sous son chandail et les siennes autour de mon cou. Dans ce regard, j'y vis le dégoût, la déception et la mort. Et dans celui de ma belle, j'y vis la peur et la honte.
J'eus le goût de crier ma haine pour ce monde con, mais je n'eus qu'une larme, une seule, qui se perdit sur ma joue. J'avais soudainement tout perdu, sans défense et le cœur en mille morceaux. Chloé se leva sans dire un mot, ramassa sa veste et son sac et passa timidement, humiliée, devant mon père qui avait détourné la tête pour ne pas la regarder. Et moi, pauvre conne, malgré mon besoin d'elle, de son parfum, de ses yeux doux, je n'eus même pas la force de lui crier de rester. Et de lui crier, à lui, que je l'aime ma Chloé. Non! Nous étions trois naufragés. Lui, qui fit naufrage de ses illusions à mon égard. Elle, pour qui j'étais ce bateau qui venait de l'abandonner sur cette île déserte. Moi, dont les forces m'avaient laissé tomber, qui n'avais su la défendre, la protéger, pour être tout simplement … moi.
Et moi, à ce moment même, je le haïe, je lui en voulu tellement de m 'avoir lâchement réduite à une honteuse perverse, sans forme aucune à la défense. Un jugement où seul le juge avait des droits, où je fus mise en prison avant même d'avoir été accusé.
Ce jour là, on m'a réduit en miettes, puis, je me suis haï d'avoir refusé de m'affirmer. Mais ce jour là, aussi, je décidai qu'il n'en serait plus jamais ainsi et je suis devenu cette femme respectable qui ne fraudera plus avec ce qu'elle est et qui ne se cachera plus derrière un faux déshonneur et un remords de peccadille.
Non plus jamais. Vous pouvez maintenant garder les lumières bien allumées.
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