(Un conte de ma mère l'Archet pour tous les enfants sages de Coïtus Impromptus.)
Il y a de cela nombre d’années vivait dans une sombre forêt une horrible et méchante sorcière nommée Cunégonde qui avait l’horrible et méchante habitude d’enlever les jeunes filles des villages avoisinants pour en faire ses esclaves domestiques. Ces malheureuses devaient ainsi, loin de leur famille, frotter et récurer du matin au soir, blanchir et nourrir la méchante et horrible sorcière pour qu’elle puisse ainsi avoir tout le loisir de planifier ses vilenies dirigées contre les paysans de la contrée.
Or, vint un jour où l’horrible et méchante sorcière perdit inexplicablement goût à la magie noire. Sans comprendre pourquoi, le nouage d’aiguillette et la dévastation des récoltes par des sauterelles cessaient de lui procurer du plaisir, ce qui la rendit chagrine et mélancolique. Même la transformation du bourgmestre en verrat couillu ne la fit que soupirer davantage. Prise d’une étrange langueur, elle pouvait rester des heures à contempler le fond de sa marmite, laissant même parfois la bave de crapaud coller au fond. Elle se mettait alors à pleurer sans raison, jusqu’à ce que ses larmes se mettent à slalomer entre les verrues poilues de son visage.
Évidemment, ses activités maléfiques en pâtirent rapidement. Elle cessa bientôt de surveiller systématiquement les agissements de ses captives soubrettes qui en profitèrent toutes pour jouer les filles de l’air l’une après l’autre. Après quelques jours, il ne resta dans l’antre de l’horrible et méchante mais chagrine sorcière Cunégonde que Blandine, la moins futée de ses boniches, qui attendait bêtement la permission de sa patronne pour se faire la malle. Mais pis encore, Cunégonde n’avait plus la force de perpétrer ses forfaits, si bien qu’il n’y eut finalement plus rien à manger. Un matin, elle ordonna donc à sa dernière servante :
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