Quand le soleil s'était levé ce matin là, les rêves qui avaient peuplé la tête du petit Théo disparurent avec les dernières étoiles. L'Enfant se réveilla avec calme. Ses nuits agitées étaient devenues une telle habitude qu'il n'y prêtait plus vraiment attention. Il alluma son globe puis, dans la demi-obscurité de la chambre, regarda le monde qui s'offrait à lui.
Avec le bout de ses doigts, il donna une impulsion à la sphère, et avec la vitesse, les continents se mélangèrent en une douce promesse. Fasciné par la rotation, l'Enfant se laissa bercer, redonnant de l'élan à la boule quand les frontières réapparaissaient. Au bout d'un certain temps, il leva l'index, ferma les yeux et pointa au hasard la surface du globe. Arrêtée dans la course folle, la mappemonde retrouva ses mers et ses continents.
Avec application, l'Enfant anonna le nom du continent ainsi désigné.
Qu'y avait-il là-bas, si loin de chez lui ? La vie était-elle plus douce sous cette latitude ? Quelles langues y parlait-on ?
L'Enfant répéta le nom, encore et encore, jusqu'à ce que la sonorité en devienne étrange. Il sut alors que le moment était venu.
Il sortit du lit, mit ses pantoufles et sortit du tiroir de son bureau ses aquarelles et ses pinceaux. Après avoir rempli son godet d'eau et préparé ses feuilles et ses couleurs, il se mit à l'ouvrage. Sur la page blanche apparaissaient les paysages tels qu'ils les imaginait : de grandes plages de sable éblouissant, une végétation dense et colorée, des animaux plus étranges les uns que les autres. Peu à peu, l'Enfant perdit toute notion du temps. Il était entré dans son dessin et découvrait avec délice les merveilles de cet au-delà. Au-delà du bruit et de la fureur paternelle. Un lieu où les pères ne seraient pas trop accaparés par leurs responsabilités, où les enfants pourraient grandir avec l'insouciance de leur âge.
Le petit Théo rêvait....
Mais tout les rêves ont une fin, même dans le monde de l'Enfant. Comme à son habitude, le Père entra à grand bruit dans la chambre de son fils : c'était l'heure des leçons et de l'apprentissage. Surpris dans son imagination, l'Enfant renversa maladroitement le godet d'eau sur son dessin.
Aussitôt, les couleurs se diluèrent : la végétation si luxuriante quelques instants auparavant déteignit, et les beaux rivages ne furent plus que tumultes.
- Théo ! Fais un peu attention! tonna le Père. Comment veux-tu un jour que je te cède ma place !
A des milliers de kilomètres de là, sur une petite planète, la mer s'était mise en colère, sans raison apparente.
Le carnet de l'auteure
Théo, "Dieu" en grec, est parfois un prénom bien lourd à porter...
Rédigé par : Laurence | 29/11/2005 à 02:15
Un tour des mots et des images qui se télescopent en quelques secondes, bravo!
Rédigé par : catz | 30/11/2005 à 10:44
Sacré Théo ! Il n'en fait qu'à sa tête. ;)
Rédigé par : Cali Rise | 01/12/2005 à 17:47
Très joli !!
J'aime beaucoup etre porté par ce genre d'imagination fertile et libre qui grandit avec le monde qu'elle créé.
Que Théo n'arrête jamais de dessiner et créer. Il nous comble de ses beautés qui prennent vie.
Rédigé par : Tubuai | 02/12/2005 à 13:23
Après le Tsunami si meurtrier, j'espère que Théo ne va pas faire un barbecue dans sa chambre, ou donner un grand coup de pied rageur dans le globe quand il va perdre sur sa game boy ;)
Y a t'il des globes dans les chambres de tes enfants?
Rédigé par : serge | 03/12/2005 à 13:29
Un globe oui, mais sûrement pas de gameboy.... Et puis le mien ne s'appelle pas Théo. ;)
Rédigé par : Laurence | 03/12/2005 à 15:45