Il posa son doigt sur l’interrupteur, l’en retira tout aussitôt et, en se déplaçant légèrement vers sa gauche, renouvela le geste sur l’interrupteur suivant. Il était au tiers du chemin le menant du premier au dernier des innombrables boîtiers à mettre en position active. Un véritable chemin de croix. Parfois il s’interrompait, un peu las, poussait un grand soupir avant de reprendre. Ses collègues grecs, égyptiens, arabes, chinois, indiens, mayas, se moquaient souvent de lui. Ils lui disaient de prendre un peu de repos, de ne pas être si consciencieux, si persévérant. Allez, arrête-toi un peu lui disaient-ils, le monde ne s’arrêtera pas de tourner ! Or justement, lui pensait que s’il prenait une pause trop longue, un grand malheur arriverait, il était persuadé de l’importance capitale de sa tâche et ne faiblissait pas devant la tentation de rejoindre ses amis dans leurs amusements qu’il jugeait bien futiles. Avait-il raison ? Nous ne le saurons sans doute jamais puisque cela fait si longtemps qu’il enclenche ces interrupteurs, si longtemps qu’il en a même oublié la raison. Oui, Dieu avait oublié pourquoi il continuait à faire marcher le monde.
Même lui ne sait pas pourquoi il continue !
Rédigé par : Claire | 11/11/2005 à 18:11