C'est par une de ses collègues, croisée fortuitement chez le fromager, que j'eus enfin des nouvelles de Laurence. Considérant le silence de Jean-Denis comme une rupture pure et simple quoiqu'un peu lâche et inélégante, ce qui de sa part n'allait pas sans m'étonner, et vivant au calme vacancier de l'absence de travail et d'enfants, je pensais beaucoup à elle, devenue si étrangement injoignable.
C'est dans ces moments-là qu'on se rend compte que qui vit seul est seul, qu'une absence pour voyage ou pour tout autre cause engendre un vide absolu, et qu'à moins de connaître quelqu'un de sa famille ou un proche parfait, on ne peut plus rien savoir de sa survie ou sa santé.
J'appris ainsi, entre un brie onctueux et une boule de scamorza, par une vague connaissance de travail, que mon amie était à l'hôpital, que c'était un peu sérieux, quoi que pas incurable, du moins le pensait-on.
Elle n'allait pas bien.
Elle ne serait plus la même en rentrant.
Et moi par négligence, j'avais perdu 6 mois pendant lesquels nous aurions eu tant à partager dans l'insouciance encore. Occupée par l'amour, débordée de boulot, embarquée par le succès de mes recherches normandes, je n'avais rien vu venir, remis notre amitié à plus tard ; et totalement oublié que le temps qui passait pouvait être fatal.
La mauvaise nouvelle et le remord solide me laissèrent dans la bouche comme le goût du métal et dans le coeur comme un essoufflement.
Je pressentis qu'ils ne partiraient pas vite. Il me faudrait attendre que nous soyons elle et moi à nouveau ensemble en commun d'un morceau d'avenir enfin retrouvé.
A chacun de tes textes où je retrouve Laurence, j'ai le coeur qui se serre un peu plus. Perdre ses amis n'est-ce pas se perdre soi-même ?
Rédigé par : Claire | 21/10/2005 à 18:07
euh ... je veux pas que personne ait le coeur qui se serre, moi.
Je sais pas, on va voir selon les prochains thèmes (et le temps de libre que j'aurais) s'ils ne veulent pas enfin faire un petit effort ...
Rédigé par : gilda | 22/10/2005 à 18:17
Et moi, je ne veux pas te culpabiliser ! Et, en ce qui concerne ton entourage, c'est à toi de leur faire comprendre de te lâcher les baskets au lieu d'attendre d'eux qu'ils le comprennent eux-mêmes.
Rédigé par : Claire | 23/10/2005 à 06:23
pardon je me suis mal expliquée quand je disais "ils" je pensais aux personnages.
Cela dit mon entourage me reproche aussi de consacrer trop de temps à l'écriture, mais c'est une tout autre histoire ;
j'en manque aussi (et surtout) à cause de mon travail salarié et des contraintes matérielles inévitables d'une vie quotidienne familiale.
Rédigé par : gilda | 23/10/2005 à 08:31
Ah ! Excuse !
Rédigé par : Claire | 23/10/2005 à 16:39