Paul frotte son poignet ankylosé par des heures ininterrompues de saisie. Pas de doute, c’est la meilleure histoire qu’il ait jamais écrite. Bon, enfin, une des meilleures. Lui qui ne croyait pas à l’inspiration, seulement aux vertus du travail acharné, le voilà démenti par sa propre expérience. Il s’est assis ce matin à son bureau, il n’a eu qu’à poser les doigts sur le clavier de l’ordinateur, et tout lui a été donné comme par magie.
Il reste un instant, rêveur, devant son écran, puis déclenche l’impression, recueille les feuilles du giron de l’imprimante qui ronronne docilement. Il contemple les pages où s’alignent ses mots bien ordonnés, sans la moindre rature : bonheur pur de l’informatique. Il en fait un petit paquet bien net qu’il pose sur son bureau. Puis il fait une copie de son texte et commence, laborieusement, à créer un brouillon saturé de corrections, de reprises et de phrases déplacées. Il faut bien garder une trace. On ne sait jamais.
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