« Folle, vieille folle ! »
Vautrée sur le futon, impudique, nue, Maud se fustigeait mentalement ; pas de mots assez durs pour se mortifier !Moins d’une heure après s’être fait lever comme une poule elle gisait là, dans une chambre trop claire, trop nette, meublée de ces seuls tatamis posés sur le sol. Les bruits de la rue envahissaient la pièce où elle se sentait exposée, vulnérable et moche ; une araignée dans un bol de lait, répugnante, les fesses ridées ,les seins vides et pendants, le ventre fatigué et le sexe déplumée , honteuse comme une gamine qui vient de mouiller sa culotte et que tout le monde regarde. « Une vielle cochonne, voilà ce que tu es ! »
Beau Gosse s’ébrouait sous la douche, radieux ; il lui semblait avoir fait l’amour pour la première fois avec une femme…femme, celle qu’on regarde entrer au restaurant, qu’on suit du regard, admiratif, qu’on désire sans oser l’aborder. Il se sentait Homme, Amant…
Maud se secoua ;assez de jérémiades !toute honte bue, que c’était bon ! doué le petit , attentionné, attendrissant ;un plaisir oublié depuis….l’avait emportée comme fétu de paille, lui redonnant souplesse et vigueur ;elle avait fait l’amour comme une « mort de faim »,sans retenue, sans ménagement ,avec rage après une trop longue abstinence
La dureté du couchage la ramena à de tristes réalités :Maud, cinquante trois ans, veuve respectable écartelée comme une catin, nue sur le plancher ou peu s’en faut d’une chambre inconnue ;Maud moulue, courbatue, à qui chaque mouvement arrachait une grimace ;Maud qui maintenant devait se relever de ce…lit( ?) si bas, si dur !
Beau Gosse émergea de la douche, serviette autour des reins ; Maud, superbe, haut perchée sur ses talons, stricte tailleur dévoilant quelques dentelles l’attendait. Un baiser léger sur la bouche du jeune homme, elle partait.
…Se revoir (Folia ! Folia !)
…Pourquoi pas… chez moi
Chez moi, les lumières tamisées gomment les rides ;chez moi……. IL Y A UN LIT !
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