L’ombre se fragilise sous la morsure de son sommeil, s’étiole. Mars converge, rose. Le ventilo souffle sur les octets mémorisés, main tombe, roule en bas du lit. L’image floue entre mes cils, son épaule montagne tournée et son odeur forte dans mes fosses. J’ai tracé le contour de son corps dans ma sueur et l’écran qui s’éteint dans un craquement de brindilles électriques. Elle sursaute et presse son flan retourné sur ma peau moite, je n’ai pas sommeil, j’ai encore faim. Je sais… son odomètre journalier a dépassé la limite permise mais, tout son derme sur moi, je ne peux m’empêcher de la pointer de désir. Dans un engluement de pulpe lèvre sur mon cou, elle me chuchote un " je t’aime ". Le vent de ses narines fait frémir la pilosité de mon poitrail.
Je contemple l’animal, la jolie bête, sous le fluet filet du réverbère traçant frontière sur le mur bleu de ma chambre. Cette chambre qui m’était hostile, meublant mes insomnies de songes loufoques et incongrus.
Ses boucles dorées dans ma bouche, mes rêves sont éveil, je repense à toutes les étoiles de ses yeux, à son sourire mordant sa langue, à sa danse, sa cadence. Je me redessine ses iris, les pétales de ses paroles, son orchidée ouverte, comme un bouquet qu’on m’a offert. Elle m’embaume dans ma mort solitaire et me ressuscite en amant. Chacun de mes capillaires palpite, l’ange le devine et détourne son regard sur mon état contemplatif. Éclat d’ivoire mutuel et soupir complice en étreinte. Ses doigts tournent en rond sur mon ventre, s’aventurent à s’amuser avec ce qui persiste. Souplesse et douceur du mouvement, elle me grignote l’oreille de petits mots tendres ou cochons, qui réussissent à extraire ma dernière volonté du moment. Je m’enlise satisfait dans sa nécessité de dormir.
Je me réveille seul, le frais de son absence m’a transi. J’entends le froissement des rideaux sous l’eau de la douche. Je me faufile en titubant dans ma brume et annonce rauquement mon approche. Charline m’invite au récurage. Sa peau brune et la blancheur de sa culotte d’épiderme illuminent cette veille d’orage. Dans l’ambiance verte de cette matinée, nos longs baisers se gorgeront d’eau fraîche, jusqu’à ce qu’un éclat simultané d’un claquement d’air nous figent. Essuyage sommaire et enfilade de t-shirts et shorts pour un escapade à l’extérieur dans les escaliers. Je me sens comme un ado, nous vivons l’orchestre céleste et nos lèvres refont contact sous les yeux béants de la voisine d’en face empressée de détendre ses camisoles sur la corde raide. Les nuages déversent leurs saouls et leurs sceaux, nous rions. Je la prends dans mes bras, l’amène à l’abri car la grêle commençait à se faire piquante, pressante. Le vent tourbillonne, comme notre valse.
Je suis en retard au boulot, Charline l’est à l’érable. Elle avait fait des tartines, des sandwichs et des miracles avant la douche. Maintenant secs et habillés, elle me reconduit à l’écho de sa petite voiture à mon travail et prends un soin particulier de sortir de sa voiture pour m’offrir une généreuse embrassade avant de m’abandonner. J’eu droit à un char de commentaires positifs découlant du spectacle que nous venions d’offrir en plein stationnement. Je ne pense pas être efficace au travail aujourd’hui. Je suis amoureux…
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Millions de petits poissons blancs prisonniers d’un filet sans trou jonchant le cylindre ivoire.
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Incroyable, j’ai un billet doux d’elle dans mon ordi-boulot.
Le carnet de l'auteur
Nous serions nombreuses je crois à vouloir recevoir de telles déclarations de sensualité et d'amour...
Rédigé par : laurence | 30/08/2005 à 03:47
On m'a déjà reproché le caractère trop sexué de mes accidents de mots, je suis un litchi, rébarbatif et laid à l'externe mais, incroyablement doux et suave à l'interne. Merci d'y croire.
Rédigé par : L'homme du néant | 01/09/2005 à 23:48
Très beau.
Rédigé par : Nortine | 11/09/2005 à 07:16