Madeleine était une merveilleuse histoire qui se racontait en veillées lovées au coin de l’âtre. De sa beauté suave, elle enchantait toutes les chaumières et chacun, sur un parchemin serré contre soi, la conservait comme un précieux trésor. Madeleine était un rayon de soleil, une note d’allégresse qui éclairait toute vie humaine en sa détresse. Tant et si bien que l’Imaginaire en prit ombrage : il devint jaloux. Comme un trompette jazzy, il enfle ses joues rondes, soufflant sur la matière des mots, mille trous noirs qui engloutissent en poussant de gros blob, l’histoire de Madeleine.
Aujourd’hui, personne ne se souvient de Madeleine. Pourtant, il arrive que notre corps tressaille quelques fois, ému d’un effluve suave, comme une trace mnésique émergeant de la madeleine odorante, ce biscuit tendre que l’on croque avec délices, en savourant l’amer breuvage d’une tasse de bon moka. Il nous vient alors comme une langueur de l’être, sans trop savoir pourquoi…
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