Madeleine, je l’imagine en murène, dissimulée derrière une grosse écharpe de laine. Je la veux dans une scène où, buvant une verveine, s’enchaînent dans sa boîte crânienne les pensées les plus vaines, une vague rengaine. J’aurais aimé naître reine, s’assène-t-elle. J’aurais aimé savoir mener une vie saine, j’aurais voulu ne pas connaître la haine et l’obscène. Mais Madeleine elle est comme ça, elle promène sa vie comme marchant à pas lents dans une vaste plaine. Dans la grande arène de la vie, elle se sent lâcher trop souvent les rênes, elle sent que les secondes s’égrènent, elle n’est plus le capitaine de son navire. Elle a la sensation d’être la graine oubliée sur un coin de table, elle attend toujours que quelqu’un la prenne pour la replacer en pleine terre. Un maillon aurait-il disparu dans la chaîne ? Sa mère Hélène, qui la faisait rebondir sur sa bedaine ne lui aurait-elle que conté calembredaines ?
Madeleine la murène, Madeleine l’insatisfaite humaine veut qu’on lui apprenne. Veut que son existence naine sorte de sa gaine trop étroite, que la couenne qui lui tombe sur les yeux s’efface en emportant ses peines. Loin de la vilaine gangrène qui lui ronge le cœur plus sûrement que le chouchen lui grignote son Eugène. Souveraine de sa destinée souterraine, lointaine, elle dégaine ses amen en sirotant sa verveine.
ça vous tient en... haleine ;-)
Rédigé par : werewolf | 18/08/2005 à 09:25