Coïtus Impromptus (Version 1.0)

Plaisirs surpris (Cindybi)

C'était la première fois que nous sortions de notre joli petit coin de pays, ensemble, en amoureuses, elle et moi.  Chloé avait mit un peu d'argent de côté, et maintenant, c'est pour nous organiser cette petite sortie à Montréal qu'elle pigea dans son avoir.  Notre première vraie sortie de couple.  En fait, pas beaucoup de gens étaient au courant de notre relation et comme tout ceci était nouveau pour elle, je ne voulais pas brusquer les événements.  Nous ne montrions pas notre désir l'une pour l'autre, ni en public, ni devant nos connaissances, ami(e)s, collègues de travail, famille.  Chloé avait fait un pas de géant en s'abandonnant dans mes bras, dans mon lit.  Même après ces premières nuits ensemble, elle demeurait incertaine sur cet amour naissant entre nous.  C'est que, même si elle était un coup de foudre pour moi, moi, je n'étais encore pour elle qu'une première expérience avec une femme.

Nous avons donc loué cette petite chambre dans un hôtel du quartier gay de Montréal et nous y sommes cloîtrées pour le reste de la journée et de la nuit.  Nous y avons vécu, que des moments de pures tendresses, s'aimant comme des gamines devant une première bicyclette rouge, comme un oisillon qui s'aperçoit qu'il peut voler.  Nous étions heureuses … amoureuses.

Au petit matin, alors que le soleil venait à peine de se lever et qu'il n'y avait encore personne dans les rues, elle me demanda pour prendre une marche, se sentant libre de marcher à mes côtés, sur la rue, main dans la main, me disant des mots d'amours, son amour si gay, que pour moi.  J'étais une reine devant toutes ses délicatesses, ce désir au travers de ses yeux d'écolière.  J'étais entourée d'amour, sa main et son cœur chauds sur moi, ses lèvres qui me prenaient sur le coin des rues, sa joie contagieuse.  Elle se foutait soudainement, devant ses gens gay du village, du regard des autres, elle n'en avait que pour moi, et moi, j'étais bouleversée et … surprise de ces plaisirs au grand jour, plaisirs surpris.

Plaisirs surpris (Mélie)

Serrer ton corps contre mon corps. Encore, comme toujours à travers les dizaines de siècles, les dizaines de chuchotements anonymes, comme pour toujours à travers les rires et les larmes, comme à jamais dans les cris et les supplications, les regards et la séduction.

Un léger frôlement d’un épiderme contre l’autre, deux poitrines entrant en douce collision, les bras qui entourent pour dire quoi ? Je t’aime, je te veux, je veux que tu m’aimes, je te protège, protèges-moi, je veux rompre la solitude en une fraction de temps pour une seule fraction de vie. L’unique inénarrable, l’unique frôlement, les tissus s’affinent encore entre les corps, les bras collés, les jambes tendues, le cœur au bord du précipice. Serre-moi encore. Surprends-moi encore.

Plaisirs surpris (Grenouille)

- Plus Haut
- Plus bas...
- Non là...
- Plus à droite
- Ca y est tu as la main dessus !
- Pousse fort, avec l'index !
- Oui comme ca !

http://www.nationalgallery.org.uk/cgi-bin/WebObjects.dll/CollectionPublisher.woa/wa/largeImage?workNumber=L926&collectionPublisherSection=work

- A ton avis, pourquoi cherche-t-il à fermer le verrou alors que le peintre est déjà dans la chambre ?

Plaisirs surpris (Sarah Calas)

Premier poil blanc
Dans le triangle noir

Plaisirs surpris (Wictoria)

Toute la difficulté était là : j'avais peu de temps devant moi pour organiser ma journée. Un SMS reçu dans la nuit me tenait informée de notre lieu de rendez-vous, de l'heure. Maintenant, il me fallait réorganiser ma journée, j'avais pas mal de rendez-vous, chez mon coiffeur, mon éditeur, mon masseur…une journée bien remplie.

Tout en m'habillant, je repensais à la dernière fois qu'on s'était vu : sur le quai de la gare. Je le raccompagnais toujours. Je n'aimais pas cet instant où mon cœur se serrait tandis que mes lèvres souriaient, cet instant où mes yeux le regardaient comme si c'était la dernière fois. Aujourd'hui, j'allais enfin le revoir. Il aurait encore changé c'est sûr, il en est toujours ainsi.

Les cheveux plus longs ou plus courts, dans lesquels je passerai inévitablement la main.

S'il fait beau, on ira s'étendre côte à côte dans un jardin. S'il pleut, on ira prendre un verre. Trop peu de temps pour se retrouver, mais suffisamment pour être un peu plus heureux, l'un et l'autre. Quelques heures de plaisirs surpris au cours habituel de nos vies. Des milliers de secondes enroulées dans la spirale de cette nouvelle journée pas comme les autres. Tourbillon d'une ivresse inimaginable, vertige indescriptible sur le manège des jours.

Aujourd'hui, j'allais enfin le revoir. Mon fils.

Le carnet de l'auteure

Plaisirs surpris (Laurence)

Madeleine a aujourd’hui six mois. Six mois de découvertes émerveillées, de gazouillis et babillages effrénés. Ses yeux vous parlent d’un monde que vous n’aviez jamais perçus : une ombre projetée par un parapluie, le vent qui souffle à travers le rideau, le bruit de ses doigts sur le plastique de son hochet.

Son sourire annonce tous les possible et les peut-être d’un futur qu’elle seule entrevoit.

Madeleine n’a pas encore l’âge d’écouter ces contes emplis d’ogres, de dragons et de sorcières chagrines. Ses mots ne sont connus et compris que d’elle, nous ne pouvons donc qu’imaginer les histoires qu’elle se raconte. Mais son visage rieur laisse transparaître la beauté de son univers intérieur.

Bientôt elle grandira, elle apprendra nos mots et quittera de ce fait ce monde insondable que sont les premiers mois d’existence. En attendant, je savoure, hypnotisée par sa fraîcheur, le plaisir de la voir découvrir ses mains et ses pieds, et mon quotidien doucement se dissout dans cet instant de grâce.

« - Chérie ! Tu viens t’occuper du repas ! Pour l’eau des pâtes, j’ai rajouté un peu de sel ! »

Le carnet de l'auteure

Plaisirs surpris (Marco)

L’ombre se fragilise sous la morsure de son sommeil, s’étiole.  Mars converge, rose.  Le ventilo souffle sur les octets mémorisés, main tombe, roule en bas du lit.  L’image floue entre mes cils, son épaule montagne tournée et son odeur forte dans mes fosses.  J’ai tracé le contour de son corps dans ma sueur et l’écran qui s’éteint dans un craquement de brindilles électriques.  Elle sursaute et presse son flan retourné sur ma peau moite, je n’ai pas sommeil, j’ai encore faim.  Je sais… son odomètre journalier a dépassé la limite permise mais, tout son derme sur moi, je ne peux m’empêcher de la pointer de désir.  Dans un engluement de pulpe lèvre sur mon cou, elle me chuchote un " je t’aime ".  Le vent de ses narines fait frémir la pilosité de mon poitrail.

            Je contemple l’animal, la jolie bête, sous le fluet filet du réverbère traçant frontière sur le mur bleu de ma chambre.  Cette chambre qui m’était hostile, meublant mes insomnies de songes loufoques et incongrus.

Ses boucles dorées dans ma bouche, mes rêves sont éveil, je repense à toutes les étoiles de ses yeux, à son sourire mordant sa langue, à sa danse, sa cadence.  Je me redessine ses iris, les pétales de ses paroles, son orchidée ouverte, comme un bouquet qu’on m’a offert.  Elle m’embaume dans ma mort solitaire et me ressuscite en amant.  Chacun de mes capillaires palpite, l’ange le devine et détourne son regard sur mon état contemplatif.  Éclat d’ivoire mutuel et soupir complice en étreinte.  Ses doigts tournent en rond sur mon ventre, s’aventurent à s’amuser avec ce qui persiste.  Souplesse et douceur du mouvement, elle me grignote l’oreille de petits mots tendres ou cochons, qui réussissent à extraire ma dernière volonté du moment.  Je m’enlise satisfait dans sa nécessité de dormir.

            Je me réveille seul, le frais de son absence m’a transi.  J’entends le froissement des rideaux sous l’eau de la douche.  Je me faufile en titubant dans ma brume et annonce rauquement mon approche.  Charline m’invite au récurage.  Sa peau brune et la blancheur de sa culotte d’épiderme illuminent cette veille d’orage.  Dans l’ambiance verte de cette matinée, nos longs baisers se gorgeront d’eau fraîche, jusqu’à ce qu’un éclat simultané d’un claquement d’air nous figent.  Essuyage sommaire et enfilade de t-shirts et shorts pour un escapade à l’extérieur dans les escaliers.  Je me sens comme un ado, nous vivons l’orchestre céleste et nos lèvres refont contact sous les yeux béants de la voisine d’en face empressée de détendre ses camisoles sur la corde raide.  Les nuages déversent leurs saouls et leurs sceaux, nous rions.  Je la prends dans mes bras, l’amène à l’abri car la grêle commençait à se faire piquante, pressante.  Le vent tourbillonne, comme notre valse.

            Je suis en retard au boulot, Charline l’est à l’érable.  Elle avait fait des tartines, des sandwichs et des miracles avant la douche.  Maintenant secs et habillés, elle me reconduit à l’écho de sa petite voiture à mon travail et prends un soin particulier de sortir de sa voiture pour m’offrir une généreuse embrassade avant de m’abandonner.  J’eu droit à un char de commentaires positifs découlant du spectacle que nous venions d’offrir en plein stationnement.  Je ne pense pas être efficace au travail aujourd’hui.  Je suis amoureux…

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Millions de petits poissons blancs prisonniers d’un filet sans trou jonchant le cylindre ivoire.

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Incroyable, j’ai un billet doux d’elle dans mon ordi-boulot.

Le carnet de l'auteur

Plaisirs surpris (Gilda)

De cette histoire, seule Laurence est au courant. Je ne l’ai racontée qu’une fois, lors d’une soirée entre amis où elle prenait part.

La conversation était venue sur l’impossibilité d’un amour durable, surtout s’il est parti d’un coup de foudre.

Mon mari, très sûr de son fait et tout énamouré par le La Lagune que nous avions servi plus que par le sentiment lui-même qu’il a solide uniquement aux heures où son travail ne le soucie pas, affirmait que le nôtre était de ce bois-là.

Je ne l’avais pas contredit. Il est vrai que quand nous parvenons à nous extraire un peu du pesant de tous les jours, nous nous entendons à merveille, et depuis fort longtemps. Mais nous passons de longues heures quand ce ne sont pas des journées entières, l’un loin de l’autre et n’avons même plus matériellement le temps de nous fâcher.

Alors comme plus ou moins chacun son tour était sollicité à donner son avis et prendre la parole, quand mon tour est venu, j’avais raconté un peu de moi. Ne souhaitant pas peiner mon homme en lui rappelant que j’en avais connu d’autres avant lui, j’avais présenté l’histoire comme venant d’une autre et parlé en avançant masquée.

Il s’agissait de mon premier amour, qui datait de fort loin et qu’aucun des convives tous rencontrés plus tard, ne pouvait soupçonner. Un homme plus âgé, déjà pourvu de famille et que je ne souhaitais pas arracher aux siens, pas plus que nous ne pouvions nous passer l’un de l’autre. Il fut à l’origine de mon choix d’études, en m’en donnant le goût alors que je me sentais plutôt dépourvue en terme de vocation.

Plaisirs surpris (Claire)

Il y a un peu plus de dix ans, ma fille et moi fréquentions assidûment le centre hippique où nous avons appris toutes deux à monter à cheval.

            Ma fille avait alors 12 ans environ et je ne voulais pas qu’elle parle grossièrement ou jure d’une façon qui me choque.

            Aussi avions-nous fait un compromis. A la maison et avec la famille, elle surveillait son langage et avec les copines, elle pouvait parler comme elle l’entendait.

            Un samedi que je devisais avec mes amies autour d’un café dans le bâtiment qui nous tenait lieu de club house, j’eus la surprise d’entendre ma douce progéniture éructer des mots surprenants. Elle se trouvait dans la même pièce, me tournant le dos, et jouait aux cartes avec la joyeuse bande de jeunes qui se reformait à chaque jour de congés scolaires. Les gamines se trouvant face à moi me jetaient des regards affolés voire anxieux et mon adorable bambine qui ne se doutait de rien continua pendant un certain temps, son jeu ne lui procurant manifestement pas le plaisir qu’elle en attendait.

            Je respectais notre accord. Elle se trouvait avec ses amies, ne sachant pas que j’étais là, donc en droit de parler comme elle l’entendait.

            Je me retournais vers mon cercle avec un sourire mi-figue, mi-raisin et reprit la conversation interrompue momentanément.

            Beaucoup plus tard, lorsqu’elle fût adulte, je lui racontais cette anecdote et je ris encore de la stupéfaction qui s’afficha sur son visage.

Lancement de la semaine 27

Le thème de la prochaine semaine:

Plaisirs surpris

Date de tombée: 4 septembre, minuit (Heure de Montréal)

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