Journal intime
Madame Maguy, tenancière de bordel chilien...
( extrait )
… Qu’il est pénible de continuer à vivre, quand les illusions sont parties. Enfuies, les belles années, remplacées par les rides. D’abord au coin des yeux. Les hommes vous disent que ça fait partie de votre charme, les comptent en souriant, en caressant vos cheveux blonds, châtains ou noirs, mais pas encore blancs.
Puis les rides se diffusent comme le caillou jeté dans l’eau qui pousse l’onde détruisant l’équilibre tendu de la surface. Les rides remontent sur le front, avec le poids de nos années perdues, la vue qui décline et fait froncer ce qui, avant, se soulevait d’étonnement, les rides s’empilent sur les sourcils, sur les soucis ! On ne s’étonne plus de rien…
Elles glissent aussi, s’accrochant aux fossettes, les noyant dans un buisson de replis, comme des herbes folles, si difficiles pour s’y retrouver, quand on se regarde dans un miroir.
Jamais seules, les rides attirent les cheveux gris, puis blancs, en une nuit, une année, un chagrin d’amour, un être qui part, emportant vos couleurs.
D’abord on les arrache, les chasse. Puis, devant la multitude, on baisse les bras, au mieux on les colore. L’image qu’on a de nous, celle qu’on donne aux autres, s’effrite avec le plaisir, l’envie, le bonheur. Les plâtres se lézardent.
Certains appellent cela la ménopause. Pourquoi pas ?
- Encore une tequila, Maame Rosa ?
- Pourquoi pas…
- Tenez, j’ai rajouté un peu de sel…
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