Coïtus Impromptus (Version 1.0)

Vive la mariée! (Marco)

Sa tête maculée, le cramoisie sur la blancheur de son voile, ballottait à la moindre imperfection des voies urbaines devenues silencieuses. Ethan, plus blanc encore que la robe, lui tenant la main comme on s'agrippe à une parois escarpée. La sirène de l'ambulance retentissant à toutes les grandes artères lui fige les siennes. Astrud sous le masque d'oxygène, porte de nouvelles teintes, peu rassurantes, car le médecin s'active, seringue et défibrillateur.

Pourtant vingt minutes plus tôt, tout était beau, tout était joie. Ils avaient répondu de l'affirmative et marchait vers la sortie de l'église, d'un pas fier, sous le regard émerveillé des plus jeunes et complice de leurs aînés. Dans l'esprit de personne, le doute ne s'était installé, quand le prêtre demanda si quelqu'un s'opposait à cette union et que la seule réponse était venu du ciel assombri de cette journée trop chaude. Un éclatement tonnerre en simultané de vitraux cathodiquement stroboscopiques, ne faisant sursauter qu'avec de légers cris, matantes mâles ou femelles. Astrud et Ethan le prirent comme approbation.

L'orgue vrombissait pendant que les porte s'ouvraient, l'averse subite avait lustré le parvis et les marches. Nicky, la trop mignonne bouquetière de quatre ans à peine, trépignait d'enthousiasme, tellement qu'elle culbuta et s'entortilla dans la traîne trop longue qu'elle tenait avec tant de fierté. Au moment même où la mariée posait le pied au bord de l'escalier. La fine mule glissa, comme sa main de celle d'Ethan et sa nuque tirée vers l'arrière par le poids de sa nièce, heurta violemment chacune des sept marche. Ceux qui n'avaient aperçu la scène de loin et dont le rictus s'accentuait, eurent à retenir leurs rires quand les cris d'horreur s'élevèrent. Incantations, lamentations et "Oh! Mon Dieu!!!!"

La virginité souillée de sang et le marié impuissant. Même le docteur n'y peut plus rien, spectateur du départ impromptu d'Astrud, trop belle, le visage intact, bleu, la bouche entrouverte, témoin du dernier souffle...

Le carnet de l'auteur

Vive la mariée! (L'indécrottable)

Sur Bellechasse, enivré de liberté, je filais le vent en vélo. Du coin de l'œil j'entraperçus la blancheur scintillante d'une longue limousine. C'est lorsqu'elle me heurta que je sentis, sous la gueule, le chatouillement d'un pompon de dentelle qui ornait avec fracas le capot. La tête enfoncée dans le pare-brise, l'œil droit sorti de l'orbite et le gauche obstrué par le sang pissant de mon front, je vis tout de même en kaléidoscope cette fastueuse mariée blanche recouverte d'éclats de verre qui sanglotait que, par mon insouciance meurtrière, j'aie ruiné son jour de mariage. Elle était si belle – comme un ange en furie avec toutes ses voiles déployées – qu'avant de crever je lui criai : « Vive la mariée !»

Le carnet de l'auteur

Vive la mariée! (Catherine)

elle a marché vers la marée
la peur vaporeuse
des voiles de sel

s'étend dans la baie

elle a dit oui sans question
il a fui sa réponse
la couronne désespoir

scintille dans la lune en miroir

elle a lancé son bouquet
vers les blancs poissons
semant les nénuphars

qui pousseront sur son corps

Le carnet de l'auteure

Vive la mariée! (Brad-Pitt Deuchfalh)

Un mariage c'est beau. Surtout quand on est moi et maintenant. Je souris. Dedans je suis tellement content. Je ne suis pas le marié. C'est peut-être pour ça que je suis heureux.

Les uns serrés contre les autres sur ces bancs, on regarde tous dans la même direction : le curé avec sa tête de curé. Le marié avec sa tête de con. A côté de moi, ce doit être son père à lui. Là-bas c'est sa famille à elle. Ce que je suis heureux. Bon sang, je ne pensais pas que ça pourrait me faire cet effet-là ce mariage, je suis enthousiaste j’ai envie de dire.

Ça va aller très vite, bien sûr. Je sais. Concentration. Faut pas que je rate mon petit effet, c’est pas tous les jours qu’on se marie. Ce serait trop bête que je trébuche au mauvais moment ou que je bégaye. Ils m’en voudraient. Rire nerveux. Calme-toi bonhomme. C’est bientôt à moi. J’ai un peu le trac mais ça va aller, je crois. J’espère.

Tout le monde l'attend, c'est toujours comme ça, toujours tout le monde l'attend le beau moment où les mariés sortent sur le perron, elle blanche, lui souriant, et tous les amis ici réunis, famille et copains, tout le monde riant lançant du riz et des vive la mariée en veux-tu-en-voilà. Juste avant, le curé aura dit qu'il pouvait embrasser la mariée, mais ça m'aurait fait vomir de voir ça. Juste avant le curé aura dit pour le meilleur et tout le monde, moi le premier, aura pensé "mais surtout pour le pire".

Et juste avant ça, je me lèverai, sobre et fier dans mon superbe costume trois pièces spécialement loué pour l’occasion. Je me lèverai car ce sera mon tour, ma grande tirade, mon quart d’heure de gloire. Et ça y est, le grand moment c’est maintenant : le curé harangue « ou qu’il se taise à jamais », j’entre en scène.

Le carnet de l'auteur

Vive la mariée! (Basta)

L’enveloppe navigue en toutes occasions, contrainte d’une chaîne obligée. Témoignages d’affection hypocrite en bibelot kitch, les événements « vie privée » sont prétextes à quête dans l’entreprise.

En douce au coin du bureau, l’incontournable kraft.

Mal à réaliser, Il y a combien, 5, 7 ans,  15 ans aussi, pour le même motif, et la même personne notre participation sollicitée en liste de mariage : cocher, signer payer. En luxe déjà installée, cette fois ci, la lune de miel  divisée en bons cadeaux.

Nausée sur le racket organisé, la garce sait rentabiliser  mariages et divorces prendre le meilleur sans le pire.

En gestion intelligente du capital beauté, ses intérêts siliconés ont gonflés. Snob oxygénée, a les serres manucurées en dague.

Au premier « convolage », elle a pris  mi-temps, au deuxième elle est passée au tiers temps.

J’y vais d’un «  Vive la mariée » sur la carte jointe

Avec un peu de chance, ce coup ci la pimbêche démissionne.

Le carnet de l'auteure

Vive la mariée! (Wictoria)

J’étais dans un état second et j'entendais les félicitations, plus ou moins sincères, que famille et inconnus lançaient aux époux devant la mairie. Pour ne pas être de reste, je me mis à hurler à mon tour : "Vive la mariée !" alors que dans mon cœur, je pensais à ce que je "lui" avais écrit la veille :

Avec une autre

En attendant que tout soit dit
Regarde-moi une dernière fois
En attendant que tout s’arrange
Embrasse-moi encore une fois...

Les petits ports sur le large
Résonnent encore de nos jeux,
De nos secrets
Même si tu recommences
Avec une autre…

Les petites plages sur le large
Gardent nos empreintes de feu
Emmêlées
Même si tu les effaces
Avec une autre...

Ne dis pas non, ne dis pas oui,
Regarde-moi encore une fois
Ne dis rien car j’ai compris
Embrasse-moi une dernière fois.

J'étais finalement contente qu'il pleuve aujourd'hui.
Quand je m’étais mariée avec "lui", il faisait grand Soleil…

Au moins, on n’aura pas le même souvenir.

Le carnet de l'auteure

Vive la mariée! (Laurence)

OUI ! Je t’aime à l’infini….

Le carnet de l'auteure

[Veuillez noter qu'à la demande de l'auteure cette note est publiée à l'heure précise où elle dit oui... Du blog.réalité. On fait fort au Coïtus]

Vive la mariée! (Briscard)

Vive la Mariée, crient les invités
Vive la Marie, crie Joseph
Vive la Marée, crie le chalut
Vive la Mare, crie le canard
Vive Lama, crie le Sardou
Vive l’âme, crie le couteau
Vive l’a, crie le b.
Sinon ça va vous ?

Vive la mariée! (Sarah Calas)

Conception et physionomie du mariage :

il est de coutume de dire en France après l'enterrement du roi "vive le roi!", c'est la même chose avec la mariée, sauf qu'elle, elle s'enterre de son vivant !

Vive la mariée! (Sok)

Table qui s'est vidée deux par deux pour la valse, moi qui reste assis, les yeux posés sur la nappe, dans ma boîte de lunette, les chaussures ignorant les pas et toi qui manques à mes côtés, le rêve ferme mes paupières donc le monde ne me voit plus.

Jusqu'à ce qu'une amie m'invite à danser.