« Armelle fixa le coin du drap… »
C’était le thème de la semaine pour Coïtus. Je n’ai rien soumis, car je n’étais pas satisfait des pistes qui s’ouvraient à chaque réflexion. Trop noir, pessimiste, négativement nombriliste…
J’écris ces lignes dans la salle inférieure d’un TGV qui me ramène à Paris en niant un paysage de collines à 300 km/h. Champs bois villages fermes isolées apparaissent un instant avant de s’évanouir dans le lointain. Parfois, juste la vision presque subliminale d’un décor suffit à mettre l’imagination en route, un corps de ferme blotti à l’abri d’une colline boisée , fantasme d’une vie au vert de réflexion et de création.
Et puis, bientôt, les chemins vicinaux se goudronnent et s’élargissent, les champs se piquent de plates-formes logistiques. Le train s’engouffre sous l’aéroport de Lyon-Satolas, pardon « Saint-Exupéry », avant de poursuivre sa route, indifférent à un reflet de la tour de contrôle comme un clin d’œil par-dessus une levée de terre.
Tout comme les passagers, dont tant récupèrent, qui des festivités du week-end, qui du décalage horaire, de la chaleur, dans ce château de la Belle au Bois Dormant, dans lequel seuls les utilisateurs de téléphones mobiles auraient été oubliés par le marchand de sable. Le lyonnais avalé, c’est de nouveau un paysage de collines, champs et bosquets, avec à l’occasion un château d’eau hérissé de relais cellulaires, et les panaches de vapeur des tours de refroidissement d’une centrale nucléaire.
Quant à Armelle, je ne saurai jamais ce qu’elle pouvait bien faire de ce drap. Le fixer du regard, souvenir d’une nuit d’amour voire de canicule solitaire ou dans l’attente du dévoilement d’une œuvre inédite, ou encore le fixer au mur pour une soirée diapo, le fixer dans un coin de jungle pour y capturer tout un échantillon de lépidoptères nocturnes ?
Commentaires